L'influence du milieu criminogène sur la personnalité du délinquant: L'exemple de la ville de Dschang( Télécharger le fichier original )par Edmond Rostand Nsheuko Université de Dschang - Maitrise en droit et carrières judiciaires 1998 |
Section 2 : Les manifestations de l'action du milieu criminogène sur la constitution de la personnalité du délinquant.La personnalité selon OLOF KIMBERG étant la somme algébrique des tendances réactionnelles du sujet14(*), elle forme avec le milieu une totalité fonctionnelle et lorsqu'un des éléments change, le total fonctionnel change aussi15(*). Le caractère dynamique du milieu fait en sorte que son action sur les individus s'étale tout au long de la formation de leur personnalité. De là, nous verrons d'abord l'action générale du milieu sur la formation de la personnalité de l'individu (paragraphe 1) et ensuite le passage à l'acte criminel sous la pression des facteurs du milieu (paragraphe 2). Paragraphe 1 :L'action générale du milieu criminogène sur la personnalité de l'individu.La personnalité de l'individu qui se forme jusqu'à l'âge de 25 ans environ16(*) est la résultante d'un long et lent processus qu'est la socialisation dont l'action normale devrait aboutir à l'adaptation des membres du groupe aux valeurs du groupe. Il s'avère alors nécessaire de voir ici quel est le processus de socialisation (A) et ensuite l'émergence de la personnalité délinquantielle (B) qui marque un échec du processus. A- Le processus de socialisation.La socialisation dans son sens traditionnel, désigne les expériences de l'apprentissage social à travers lesquelles, l'enfant franchit progressivement les divers étapes de son évolution en apprenant à s'intégrer à l'univers familial, à intérioriser les premières données de la morale et de la culture, à connaître les normes et les valeurs . Les processus de socialisation peuvent apparaître sous trois dimensions. D'abord l'intégration sociale qui découle de l'orientation des conduites résultant de l'apprentissage des rôles, des attitudes et des sentiments que les parents et la société suscitent chez l'enfant ou lui imposent. Ensuite, l'identification à travers laquelle l'individu intériorise des traits d'autrui qui lui servent de modèle et à partir de quoi il tiendra à s'adapter socialement. Enfin, la construction d'une image sociale de soit, façonnée par les valeurs qui sont l'objet d'une adhésion particulière selon la culture dans laquelle se trouvent les individus. La résultante de ce processus étant en principe le conformisme, l'on pourrait se demander comment s'opère la structuration de la personnalité dans un sens délinquant. B- L'émergence de la personnalité délinquantielle.Tous les hommes vivant dans un milieu, subissent l'influence de ce dernier mais tous ne deviennent pas des délinquants. Il a été démontré qu'il existe certains « freins moraux » chez les non délinquants qui sont absents ou diminués chez les délinquants, et qui empêche de délinquer. Il peut s'agir de la crainte du châtiment, de la déconsidération, de la perte de l'emploi...et leur efficacité, caractéristique de la personnalité spécifique empêche la chute de certains. La participation du milieu dans la constitution d'une personnalité criminelle s'effectue d'une double façon. D'abord par le phénomène des imitations car un enfant sera plus porté à imiter ce que font les membres de son entourage, leur manière de penser et de réagir face aux difficultés. Ensuite par ce que MERTON appelle l'anomie à travers sa théorie de l'anomie17(*) qui explique la délinquance par l'existence d'un trop grand décalage et une tension trop forte entre les buts proposés et les moyens légitimement accessibles pour certaines catégories sociales. Ces catégories défavorisées recourront alors à des moyens illégitimes, pour satisfaire les buts que leur propose la culture ambiante. * 14 J. PINATEL, op. cit, p.63. * 15 J. PINATEL, op. cit, p. 65. * 16 R. GASSIN, op. cit, p.411. * 17 R. GASSIN, op. cit, p.174. |
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