Il. Élaboration de la méthodologie
d'évaluation des risques sanitaires (ERS) - Etude d'un scénario
fréquemment rencontré dans les PED
ILI. Présentation de la problématique
générale de la gestion des effluents hospitaliers dans les
PED
Dans les pays en développement (PED), à
l'exception parfois des radioéléments, les hôpitaux
utilisent presque toutes les substances généralement
identifiées dans les hôpitaux des pays industrialisés. Pour
des raisons liés aux difficultés économiques de ces pays,
les effluents hospitaliers sont le plus souvent rejetés soit vers les
canaux de drainage, soit vers des fosses septiques munies de puits
d'infiltration. La figure 18 illustre la problématique des effluents
hospitaliers déversés dans le milieu naturel après un
simple traitement primaire par les fosses septiques.
Par ailleurs, TESSIER (1992) note que l'espace urbain
crée un milieu épidémiologique spécifique,
particulièrement dans les pays du Tiers-monde où s'accumulent
pauvreté et « tropicalité»; la circulation des
germes pathogènes au sein de la population transite en effet par des
intermédiaires, parmi lesquels l'eau joue un rôle majeur. Dans ce
contexte, il semble que dans les PED, les dangers pour la santé humaine
sont beaucoup plus d'ordre microbiologique que chimique.
Effluents des activités de soins et de
recherches médicales (radioéléments,
désinfectants, détergents, résidus de
médicaments, ...)
Rejets domestiques & industriels de
l'hôpital
|
Réseau d'assainissement de
l'hôpital \(antagonismes et/ou synergies entre les
polluants)/
|
|
|
|
Système de traitement primaire de
l'hôpital \ (antagonismes et/ou synergies entre les
polluants) /
Sol
..,Eaux
souterraines
----------, Eau du robinet <,
Forage d'eau destinée à la
consommation humaine
Figure 18 : Problématique des EH
déversés directement dans le milieu naturel
Chapitre III Elaboration de méthodologies pour
l'évaluation des risques sanitaires et écotoxicologiques des
effluents hospitaliers
11.2. Présentation des différentes
étapes de l'ERS et de la méthodologie proposée pour le cas
étudié
L'évaluation des risques sanitaires est
l'activité consistant à évaluer les
propriétés toxiques d'un produit chimique et les conditions de
l'exposition humaine à ce produit, en vue de constater la
réalité d'une exposition humaine et de caractériser la
nature des effets qui peuvent en résulter (NCR, 1983).
La démarche générale de
l'évaluation du risque sanitaire telle que définie par
l'Académie des Sciences des Etats-Unis (NRC, 1983), et reprise en France
dans le guide pour l'analyse du volet sanitaire des études d'impact
(INVS, 2002), s'articule en quatre étapes: l'identification du
danger, l'étude de la relation dose-réponse, l'estimation de
l'exposition, la caractérisation des risques.
Dans les paragraphes ci-après, nous présentons
la démarche spécifique (mais respectant les quatre étapes
fondamentales ci-dessus) qui a été élaborée pour
les effluents hospitaliers pour un mode de gestion fréquemment
rencontré dans les pays en voie de développement; à savoir
le rejet direct des effluents dans le sol périphérique de
l'hôpital par l'intermédiaire de puits d'infiltration. Pour ce
faire, un site d'étude a été sélectionné en
Haïti et a fait l'objet d'un certain nombre de mesures et de
caractérisations nécessaires à l'élaboration de la
méthodologie.
11.3. Identification du danger
Cette étape, essentiellement qualitative, consiste dans
un premier temps à identifier et à recenser l'ensemble des
substances potentiellement nocives présentes sur le site. Elle conduit
dans un second temps à sélectionner et à justifier les
substances qui seront réellement étudiées
(sélection des polluants « traceurs ») ainsi qu'à
rassembler l'ensemble des connaissances acquises sur leurs effets toxiques.
Dans le cadre de cette thèse, nous avons ajouté
une étape supplémentaire à ces études de base.
Cette étape dite « d'évaluation du danger », vise
à éviter de poursuivre l'étude si aucun danger n'est
avéré suite à l'analyse des traceurs.
11.3.1. Etude du site et identification des polluants
potentiels
Le site sélectionné en Haïti est un
hôpital d'urgence qui dispose actuellement d'une capacité de 63
lits. C'est un hôpital de classe 3 (AHA, 1986). Des travaux
d'agrandissement de l'hôpital sont en cours. L'objectif de ces
administrateurs est qu'il devienne un centre hospitalier universitaire.
Pour la désinfection des équipements
médicaux, l'hôpital utilise le Cidex®. Ce produit est
composé de 2,4% de glutaraldéhyde et 97.6% de substances
(matières) inertes. Les surfaces et les autres équipements sont
désinfectés au chlore (hypochlorite de sodium). Les rejets
liquides des
Chapitre III Elaboration de méthodologies pour
l'évaluation des risques sanitaires et écotoxicologiques des
effluents hospitaliers
différents services sont déversés dans le
réseau d'assainissement de l'hôpital. Les eaux pluviales ne sont
pas desservies par ce réseau. Les effluents recueillis sont
répartis dans trois fosses septiques où ils subissent un
traitement primaire qui consiste en une séparation des grosses
matières solides des eaux. Les effluents de ces fosses sont
rejetés directement dans des puits d'infiltration encastrés dans
une matrice constituée d'une zone non saturée et d'une zone
saturée. Les ressources en eau de la nappe phréatique sont
utilisées à des fins d'AEP.
Une description synthétique de ce scénario est
présentée dans la Figure 19. Les traits pleins ( ) indiquent les
transports et transferts des polluants qui sont pris en compte dans
l'évaluation,
alors que les traits en pointillés ( ) indiquent ceux qui
ne sont pas pris en compte.
Puits d'infiltration
Forage d'eau destinée à la consommation humaine
e Château
d'eau
Réseau d'assainissement de l'hôpital
Air
Habitats humains
·frlappes (Zone saturée)
Figure 19 : Représentation graphique du
scénario étudié
Le scénario met en évidence l'existence d'un
réseau privé d'approvisionnement en eau potable et d'un
système d'assainissement individuel. Il reproduit le mode d'AEP et de
gestion des eaux usées de plus de 15% de la population de la
région métropolitaine de Port-au-Prince (RMPP). En effet,
l'alimentation en eau potable de la RMPP est assurée par la Centrale
Autonome Métropolitaine d'Eau Potable (CAMEP). La production
journalière de cette entreprise publique est de 120 000 m3
d'eau provenant de 12 forages dans la nappe la plaine du Cul-de-sac totalisant
600 L/s, et de 18 sources du massif de la Selle (2680m d'altitude) totalisant
un débit de 923 Lis (CAMEP, 1996). Les besoins en approvisionnement en
eau potable sont couverts à 54% et ceux de la collecte des
déchets solides à 38% (OPS/OMS, 2001). La différence pour
l'AEP est assurée par des entreprises privées ou par des
Chapitre III Elaboration de méthodologies pour
l'évaluation des risques sanitaires et écotoxicologiques des
effluents hospitaliers
réseaux privés. Le périmètre dans
lequel s'inscrit la RMPP est de 10 000 ha environ et a une densité
moyenne de 200 hab/ha (LHERISSON, 1999).
A Port-au-Prince, l'absence d'un réseau de drainage
sanitaire des effluents classiques urbains et de station d'épuration
fait que tous les eaux usées générées par les
activités humaines soient évacuées vers le réseau
d'assainissement pluvial (en grande partie à ciel ouvert) et/ou
rejetées directement dans les milieux naturels sans traitement
préalable. Des concentrations importantes en plomb (1,67 mg/L) et en
mercure (0,105 mg/L) ont été mesurées dans les effluents
de certaines usines (CARRE, 1997). Par ailleurs, une
importante circulation d'oocystes de Cryptosporidium sp. a
été identifiée dans les eaux de surface et dans les eaux
de distribution destinée à la consommation humaine dans certains
quartiers de Port-au-Prince (BRASSEUR et al., 2002). Dans ce contexte
géographique où, dans les milieux aquatiques, la
température agit favorablement sur la croissance des germes
pathogènes, les groupes cibles les plus sensibles aux différentes
infections liés à l'eau des nappes sont les femmes enceintes, les
personnes âgées, les nouveaux nés et les
immunodéprimés. Pour ces différents groupes de la
population sensible, il y a non seulement un risque élevé de
morbidité et de mortalité liés aux agents
pathogènes, mais également la possibilité d'apparition
d'effets sévères liés aux agents dits opportunistes (HAAs
et al., 1999).
Le scénario, tel que présenté dans la
figure 19, met en perspective deux niveaux de danger pour la santé
humaine, un premier qui pourrait résulter de l'inhalation des polluants
contenus dans les effluents, et un autre plus important encore résultant
de l'ingestion de l'eau partiellement on non traitée provenant des
nappes. Dans ce contexte, le rejet de ces effluents dans le sol et
l'éventuelle exploitation de la nappe à des fins d'AEP peuvent
contribuer, entre autres à l'existence de maladies infectieuses dans la
zone d'étude.
11.3.2. Sélection des polluants « traceurs
» et connaissances disponibles sur leurs effets toxiques
Sélection des polluants « traceurs »
Les principaux critères de choix des polluants «
traceurs » généralement retenus (INVS, 2000 ;
PERRODIN et al., 2001) sont les suivants :
- le niveau de concentration des polluants dans les
émissions,
- le niveau de toxicité des polluants,
- la volonté de couvrir une gamme diversifiée de
polluants (organiques et minéraux, cancérogènes ou non,
chimiques et biologiques,...),
- la nécessité de sélectionner des
polluants agissants par le biais des différentes voies d'exposition
présentes dans le scénario.
Chapitre III Elaboration de méthodologies pour
l'évaluation des risques sanitaires et écotoxicologiques des
effluents hospitaliers
Sur cette base, et compte-tenu des données
d'émissions disponibles au moment du lancement de la thèse
(données bibliographiques et premières données du terrain
sur les concentrations dans les effluents hospitaliers, données
toxicologiques disponibles dans la littérature et les bases de
données internationales,...), nous avons retenu les polluants «
traceurs » qui figurent au tableau 17:
Tableau 17 : Traceurs retenus pour l'étude
sanitaire des effluents hospitaliers
Traceurs retenus
|
Voies d'exposition
|
Bactériologie
|
|
Coliformes fécaux
|
Orale
|
Polluants organiques
|
|
Glutaraldéhyde
|
Cutanée, Orale
|
Chloroforme
|
Orale
|
1,1-Diclhorométhanme
|
Orale
|
Trichloroéthylène
|
Orale
|
Perchloroéthylène
|
Orale
|
Métaux
|
|
Arsenic
|
Orale
|
Cadmium
|
Orale
|
Chrome
|
Orale
|
Cuivre
|
Orale
|
Nickel
|
Orale
|
Plomb
|
Orale
|
|
Connaissances disponibles sur les polluants « traceurs
»
Certains éléments en trace, comme le cuivre, le
zinc, le sélénium, sont essentiels à l'ensemble des
organismes vivants. D'autres auraient, des fonctions plus ou moins importantes
comme le nickel pour l'uréase, mais aussi l'arsenic et le chrome dans
certains constituants. Enfin, certains n'ont pas de fonctions biologiques
reconnues et sont mêmes des poisons, comme le cadmium, le mercure, le
plomb. Cependant les éléments essentiels, ou ayant des fonctions
biologiques reconnues (oligoéléments) peuvent aussi, pour des
teneurs élevées et sous une forme chimique « biodisponible
» devenir toxiques. Si ces éléments en trace, appelés
fréquemment métaux lourds, bien qu'ils ne soient pas tous
métalliques, deviennent mobiles ; ils peuvent alors présenter un
danger pour l'homme (ACADEMIE DES SCIENCES, 1998). Les
informations concernant les effets des polluants minéraux sur la
santé de la population de la RMPP sont inexistantes. Par ailleurs, en
Haïti, des maladies comme la typhoïde, la tuberculose et les
diarrhées sont endémiques. La détermination de coliformes
fécaux se révèle alors une mesure très
pertinente.
Les principales caractéristiques, du point de vue
sanitaire, des traceurs sélectionnés pour cette étude sont
résumées ci-dessous :
Chapitre III Elaboration de méthodologies pour
l'évaluation des risques sanitaires et écotoxicologiques des
effluents hospitaliers
Coliformes fécaux: Ce sont
des indicateurs ou marqueurs de pollution fécale des eaux. Les maladies
infectieuses sont transmises principalement par les excrétas humains et
animaux, notamment les fèces. S'il existe des malades ou des porteurs de
germes dans la communauté, la contamination fécale de la source
d'approvisionnement entraînera la présence des microorganismes
responsables dans l'eau. La consommation de cette eau ou son utilisation pour
la préparation des aliments ou la toilette et même son inhalation
sous forme de vapeur ou d'aérosols peut provoquer une infection (OMS,
1994).
Glutaraldéhyde: Des
cas de colites (Assam et al, 1996),
de rectite (LEDINGHEN et al, 1996)
ou de proctite (BURTIN et al, 1993)
ont été mentionnés chez des patients qui ont subi des
examens réalisés par des équipements qui ont
été désinfectés au glutaraldéhyde, et qui
n'ont pas été suffisamment rincé. En raison de sa
volatilité et de son nature irritante, l'asthme professionnel a
été également rapporté parmi des ouvriers
exposés au gluraldehyde à plusieurs reprises (CULLINAN
et al, 1992; CHANYEUNG et
al, 1993; STENTON et al,
1994; GANNON et al,
1995). L'autre évidence de la toxicité du
glutaraldéhyde aux humains est limitée aux rapports de
l'exposition professionnelle de son utilisation en tant qu'un
désinfectant et agent de stérilisation. Les effets
fréquemment observés de l'exposition incluent la
sensibilité de peau : la dermatite ou l'eczéma allergique
(FoussEREAu, 1985), et irritation des yeux et du nez avec accompagnement de
rhinites (JoRDAN et al, 1972; CORRADO
et al, 1986; HANSEN, 1983;
WIGGINS et al, 1989). Aucune
information sur la toxicité par ingestion, voie d'exposition importante
dans le scénario étudié, n'a été
trouvée.
AOX et les organo halogénés :
Les AOX sont des substances formées à la suite de
réactions chimiques entre les composés halogénés et
la matière organique. Ils sont légèrement hydrophiles,
sans tendance à la bioaccumulation. Ils sont absorbés par l'homme
dans la consommation de l'eau potable, la plus grande partie des
organohalogénés absorbés semble être
excrétée dans l'urine
(SALINOJA-SALONEN et JOKELA,
1991).
U.S. EPA (1989a) a retenu le chloforme et le
1,1-Dichlorométhane parmi les polluants priotaires à
détecter dans les effluents hospitaliers. Dans le cadre de cette
evaluation nous avons retenu ces polluants pour étudier la
toxicité des AOX contenus dans les effluents hospitaliers
vis-à-vis de l'espèce humaine.
Les informations rapportées dans la littérature
font état de la toxicité aiguë du chloroforme sur l'homme.
Parmi les signes de cette toxicité aiguë, on note
l'évanouissement, le vomissement, le vertige, la salivation, la fatigue,
la migraine et les dépressions respiratoires (IRIS, 1993). Bonis«
et al. (1967) notent que CHCI3 a une incidence sur le
grossissment du foie et de l'ictère. Les excretions pulmonaires sont
considérées comme le meilleur moyen d'élimination du
chloroforme ingéré par simple dose de 0,5 ou 1,0 g
CHCI3 (FRY et al., 1972). Le chloroforme dans l'urine
représente moins de 1% de la dose ingérée (IRIS, 1993).
Chapitre III Elaboration de méthodologies pour
l'évaluation des risques sanitaires et écotoxicologiques des
effluents hospitaliers
L'INRS (1997) note que le dichlorométhane est surtout
absorbé par voie respiratoire. Plus de la moitié du produit ayant
ainsi pénétré dans l'organisme est éliminé
sous forme par le poumon. Le reste subit un métabolisme qui conduit
à deux produits terminaux : l'aldéhyde formique (voie du
glutathion) et l'oxyde de carbone (oxydation en présence du cytochrome P
450).
Après ingestion du dichlorométhane, peuvent
survenir des troubles digestifs (naussées, vomissements,
diarrhé), des troubles respiratoires lés au passage
trachéo-bronchique du solvant et des troubles de conscience. Le
dichlorométhane entraîne une sensibilité aux substances
dopaminergiques inférieure à celle des autres solvants
chlorés. Des dermatoses peuvent survenir par contact
répété avec la peau.
Arsenic: Il peut être
absorbé par la voie digestive (facilement) et par la voie respiratoire.
Il est éliminé dans les urines jusqu'à 75% ou dans les
matières fécales (quelque %) en quelques jours (maximum une
semaine). Il peut être retrouvé dans certains tissus humains : les
phanères (cheveux, peau et ongles). L'accumulation dans l'organismes
humain en cas d'exposition prolongée est mal connue (ACADEMIE
DES SCIENCES, 1998).
L'exposition chronique à l'arsenic entraîne des
troubles cutanés à type d'hyperkératose palmaire et
plantaire et de pigmentation noirâtre des plantes des pieds
(mélanodermie plantaire ou « maladie des pieds noirs » [black
foot disease, BFD]). Cette maladie est en fait une maladie des petites
artères périphériques. Elle a été
décrite dans plusieurs cas d'exposition chronique à l'arsenic :
traitement de la vigne, traitement médicamenteux par l'arséniate
de potassium (solution de Fowler), eau de boisson, etc. Un excès de
mortalité cardiopathie ischémique a également
été mis en évidence dans la population taïwanaise
résidant dans la zone d'endémie de la mélanodermie
plantaire (CHEN et al., 1994).
L'arsenic a été classé comme une
substance « cancérigène pour l'homme » (groupe 1) par
divers organismes internationaux dont le Centre International de Recherches sur
le Cancer (IARC, 1987). Cette évaluation est basée principalement
sur une série d'études épidémiologiques (TSENG et
al., 1968; BROWN et CHEN,
1994) portant sur des grandes populations de Taïwanais
exposés à l'arsenic par l'eau de boisson. Ces études ont
mis en évidence un excès de cancer de la vessie, du rein, de la
peau, du poumon et du foie dans une région d'endémie de la
mélanodermie plantaire, comparativement à la population
générale de Taiwan. Dans cette région d'endémie les
taux de mortalité standardisé (SMR) étaient plus
élevé dans les villages utilisant de l'eau des puits
artésiens (riches en As) comparativement aux villages à ressource
mixte ou utilisant de l'eau de surface (pauvre en As). Les dernières
études en date ont montré l'existence de relation
dose-réponse entre le niveau d'arsenic dans les puits, la durée
d'utilisation des puits et la mortalité par cancers de foie, du poumon,
de la vessie ou des reins dans la plupart des groupes d'âge des deux
sexes. BROWN et CHEN, (1994) ont mis en
évidence des courbes de relation dose-effets non linéaires pour
les cancers et ont montré une forte
Chapitre III Elaboration de méthodologies pour
l'évaluation des risques sanitaires et écotoxicologiques des
effluents hospitaliers
relation entre l'exposition à l'arsenic et la
mortalité par cancer de la vessie, du foie et du poumon pour les niveaux
d'exposition supérieurs à 0,05 pg/L.
Par ailleurs, plusieurs études
épidémiologiques réalisés sur des populations
exposées professionnellement à l'arsenic par voie respiratoire
ont mis en évidence une augmentation des risques d'apparition de cancers
du poumon (ACADEMIE DES SCIENCES, 1998).
Plomb: Les effets sur la
santé découlant de l'exposition environnementale au plomb les
mieux établis à l'heure actuelle concernent le système
cardio-vasculaire, le système nerveux central et
périphérique et le rein. Le foetus et surtout le jeune enfant
(moins de 2 ans) sont particulièrement sensibles à l'effet
toxique neuro comportemental du plomb, sans traduction
électro-physiologique ou clinique, mais caractérisé par
une baisse peu ou pas réversible des facultés cognitives,
appréciable par tests psychomoteurs divers (ex. : test du QI
(Quotient dIntelligence) verbal). La concentration critique du plomb
dans le sang cordai lors de l'exposition anténatale pour l'apparition de
cet effet toxique est de l'ordre de 100 pg/L, en raison de la relative
perméabilité de la barrière placentaire (ACADEMIE DES
SCIENCES, 1998).
Par ailleurs, des niveaux très bas d'exposition au
plomb induisent une baisse des seuils de perception auditive et visuelle chez
l'homme. La néphropathie saturnine et son mécanisme biochimique
peuvent contribuer à de tels déficits.
Chez l'adulte, l'exposition prolongée à des
niveaux d'exposition élevés entraîne le déclin de la
filtration glomérulaire qui pourrait découler d'une modification
de la production des prostanoïdes par le rein (ACADEMIE DES SCIENCES,
1998).
Cuivre: Il intervient dans deux
nombreuses fonctions physiologiques : homatopoïèse, synthèse
de l'élastine, du collagène ainsi que dans les réactions
d'oxydoréduction. Le cuivre est le co-enzyme de nombreuses
métallo-protéines.
Le cuivre est un élément essentiel et peu
toxique. Les manifestations pathologiques sont plutôt liées
à une carence en cuivre qui entraîne une anémie
résistante au traitement par le fer, des retards de croissance
associés à des troubles du métabolisme osseux, des
lésions cardiaques, des troubles du système nerveux. Deux
maladies associées à des anomalies génétiques sont
liées à un défaut de l'absorption du cuivre (maladie de
Menkès) et à une accumulation tissulaire du cuivre (maladie de
Wilson). Ces anomalies de la biodisponibilité du cuivre sont
modulées par l'interaction avec le zinc, ce dernier étant
utilisé dans le traitement de Wilson pour abaisser le stockage de cuivre
(ACADEMIE DES SCIENCES, 1998).
Nickel: le métal est
insoluble dans l'eau. Cependant, lorsqu'il est sous forme de très fines
particules, il s'ionise sous forme de Ni2+ dans l'eau et dans les
liquides biologiques tels que le sang. Lors d'expositions par voie
respiratoire, les données émanant d'études de populations
humaines décrivent essentiellement des pathologies respiratoires telles
que la bronchite chronique, l'emphysème et la
Chapitre III Elaboration de méthodologies pour
l'évaluation des risques sanitaires et écotoxicologiques des
effluents hospitaliers
réduction de la capacité vitale (CoRrvELL et
al, 1984). Par ailleurs, quelques cas d'asthme ont été
rapportés résultant d'une irritation ou d'une réponse
allergique (DAMES, 1986; NIOSH, 1977).
Lors de contacts cutanés, les sels de nickel
produisent une dermite appelée gale de nickel. Il s'agit d'un
eczéma allergique décrit dès 1947 (LAUWERYS, 1992). Elle
peut être également la conséquence de l'inhalation de
nickel chez des individus sensibilisés au métal (ATSDR, 1993).
Par voie orale, les effets majeurs observés sont le
décès d'un enfant après ingestion de 570 mg de nickel/kg
(DALDRUP et al, 1983) et des troubles intestinaux
tels des nausées, crampes abdominales et diarrhées
(SUNDERMAN et al, 1989).
Des effets immunalogiques, hématologiques,
hépatiques, rénaux, génotoxiques sur le
développement embryonnaire et la reproduction ont été
rapportés en fonction de la voie de pénétration dans
l'organisme (ATSDR, 1993). Les études expérimentales ont en
revanche décrit l'application de ces effets (WEISHER et al,
1980; DUNNICK et al, 1989).
Chrome: La toxicité
intrinsèque du chrome varie considérablement en fonction de la
valence présente, trivalent ou hexavalent, (ACADEMIE DES
SCIENCES, 1998). Le Cr(III) un élément essentiel aux
êtres vivants puisqu'il joue un rôle indispensable dans le
métabolisme glucidique comme activateur de l'insuline (DE FLORA
et WETTERHAHN, 1989 ; OTABBONG,
1990; ALLOWAY, 1995). En effet, il a
été montré que les diabétiques souffrent
d'une carence et qu'un complément alimentaire en chrome pouvait
provoquer une amélioration de l'intolérance au glucose (DE
FLORA et WETTERHAHN, 1989; ALLOWAY,
1995). Une étude épidémiologique a même mis
en évidence une corrélation entre une carence en chrome et des
problèmes cardio-vasculaires ; dans des régions où les
sols contiennent des niveaux importants en chrome (III), le taux de
mortalité par accidents cardio-vasculaires s'en trouvent diminué
(ALLOWAY, 1995).
Contrairement aux effets bénéfiques du Cr
(III), un contact avec du Cr(VI) contenu dans de l'eau, des poussières
ou des particules de sol provoquent des allergies cutanées (NoRsETH,
1981; OTABBONG, 1990), des inhalations prolongées
induisent des cancers broncho-pulmonaires chez les personnes en contact dans
leur vie professionnelle, principalement dans les industries de production de
dichromate et de pigments (NoRsETH, 1981; INRS, 1987; DE FLORA
et WETTERHAHN, 1989) et des concentrations
supérieures à 100 mg de Cr(VI)/kg de poids peuvent devenir
létales pour l'homme (RICHARD et BOURG, 1991).
11.3.3. Evaluation du danger
Dans la version classique de la méthodologie d'EDR
sanitaires de la NRC, on passe à la phase suivante d'étude une
fois les traceurs de risque choisis. Dans le but d'éviter la poursuite
de l'étude si aucun danger n'est avéré suite à
l'analyse des traceurs, nous avons inséré à ce niveau de
l'étude une étape décisionnelle visant à comparer
les différentes valeurs obtenues dans l'eau de nappe pour les polluants
traceurs avec les concentrations prescrites sur le plan international dans les
normes de
Chapitre III Elaboration de méthodologies pour
l'évaluation des risques sanitaires et écotoxicologiques des
effluents hospitaliers
qualité pour l'eau potable (normes de l'Organisation
Mondiale de la Santé quand elles existent (tableau18) ).
Tableau 18 : Valeurs seuils retenues pour la
caractérisation du danger sanitaire lié à
la consommation des eaux de nappe
Traceurs de risque
|
Valeurs seuils
|
Origine
|
Métaux
|
|
|
Arsenic
|
0,01 pg/L
|
(OMS, 1996)
|
Cadmium
|
3 pg/L
|
(OMS, 1996)
|
Chrome
|
50 pg/L
|
(OMS, 1996)
|
Cr(VI)
|
0,41 pg/L*
|
(U.S. EPA, 1999)
|
Cuivre
|
2000 pg/L
|
(OMS, 1996)
|
Nickel
|
20 pg/L
|
(OMS, 1996)
|
Plomb
|
lo pg/L
|
(OMS, 1996)
|
Polluants organiques
|
..
|
|
Glutaraldéhyde
|
|
-
|
Chloroforme
|
200 pg/L
|
(OMS, 1996)
|
Dichlorométhame
|
20 pg/L
|
(OMS, 1996)
|
Bactériologie
|
|
|
Coliformes fécaux
|
NPP<1 dans 100mL
|
(OMS, 1996)
|
|
* La concentration maximale du Cr(VI) prescrite
par l'U.S. EPA (1999) est 0,1 ppm. (1ppm=4,09 mg/m3)
Pour tout rapport C,/Nq< 1 (Ce :
concentration en polluants dans les eaux de la nappe ; Nq : Norme de
qualité de l'eau potable) et pour toute concentration en coliformes
fécaux NPP<1 pour 100 mL, le danger (et donc le risque) est
considéré comme négligeable et la procédure est
interrompue.
A l'inverse, pour tout rapport
Ce/Nig> 1 et pour toute concentration en coliformes
fécaux NPP>1 pour 100 mL, la démarche recommande de passer aux
étapes suivantes de l'évaluation des risques sanitaires à
proprement parlée.
Le logigramme présenté dans la figure 20
résume la démarche élaborée pour
l'évaluation des dangers sanitaires liés aux effluents
hospitaliers.
Chapitre III Elaboration de méthodologies pour
l'évaluation des risques sanitaires et écotoxicologiques des
effluents hospitaliers
|
|
Etude du site (taille de l'hôfital et nombre de
service)
|
|
|
|
Caractérisation physicochimique et microbiologique des
E.H.
|
|
ve
|
|
Caractérisation physicochimique et microbiologique de
l'eau de la nappe
|
|
polluants l'eau de la
> Seuil
oui
|
|
|
|
de danger important
: ·sque ri
négligeable
|
NPP/100 mL C. fécaux
non
|
|
oui
|
|
Evaluation des risques sanitaires liés aux
E.H.
|
|
|
oui
|
Mise en place d'une politique de
rémédiation basée
|
|
Risque 1
non
|
sur la protection de la santé
humaine
|
|
Mise en place d'un système de
surveillance
|
|
|
|
Figure 20 : Logigramme élaboré pour la
démarche d'évaluation des dangers sanitaires liés aux
effluents hospitaliers et les suites à donner
11.4. Définition des relations
dose-réponse (ou dose-effet)
La relation dose-réponse, spécifique
d'une voie d'exposition, établit un lien entre la dose d'une substance
mise en contact avec l'organisme et l'occurrence d'un effet toxique jugé
critique. Cette fonction est synthétisée par une entité
numérique appelée indice ou valeur toxicologique de
référence (VTR).
Pour une exposition orale ou cutanée, la VTR
est appelée dose journalière admissible (DJA), exprimée en
mg de substance chimique par kilogramme de poids corporel et par jour, et
correspond à la quantité de toxique rapportée au poids
corporel qui peut être administrée quotidiennement à un
individu sans provoquer d'effet nuisible en l'état actuel des
connaissances (INVS, 2000).
Pour les substances considérées comme
cancérogènes, la valeur guide est la concentration dans l'eau de
boisson correspondant à un risque additionnel de cancer durant la vie
entière de 10-5 (un cancer additionnel pour 100 000 personnes qui
consommeraient pendant 70 ans une eau de boisson contenant la substance en
cause à une concentration égale à la valeur guide) (OMS,
1996).
Les valeurs des DJA répertoriées pour les
traceurs de risque sélectionnés pour les effluents hospitaliers
et leurs origines sont présentées dans le tableau 19.
Chapitre III Elaboration de méthodologies pour
l'évaluation des risques sanitaires et écotoxicologiques des
effluents hospitaliers
Tableau 19 : Valeurs des DM pour les traceurs
sélectionnés
Traceurs de risque
|
DM mg/kg-jour
|
Voie d'exposition
|
Origine
|
Métaux
|
|
|
|
Arsenic
|
3x10
|
Orale
|
(U.S. EPA, 1993)
|
Cadmium
|
1x10-3
|
Orale
|
(OMS, 1994)
|
Chrome III Chrome VI
|
1,5 3x10-3
|
Orale
|
(U.S. EPA, 1998) (U.S. EPA, 1998)
|
Cuivre
|
0,5
|
Orale
|
(OMS, 1996)
|
Nickel
|
2x10-2
|
Orale
|
(Académie des Sciences, 1998)
|
Plomb
|
3,5x10-3
|
Orale
|
(OMS,1993)
|
Polluants organiques
|
|
|
|
Glutaraldéhyde
|
- 0.2 « ppm »
|
Orale Cutanée
|
(OSHA, 1989)
|
|
|
|
|
Chloroforme
|
0,01
|
Orale
|
(U.S. EPA, 2001)
|
Dichlorométhane
|
5x10-2
|
Eau potable
|
(IRIS, 2001)
|
|
|
|
|
Bactériologie
|
|
|
|
Coliformes fécaux
|
-
|
Orale
|
-
|
|
11.5. Evaluation de l'exposition
L'évaluation de l'exposition comporte classiquement trois
phases (INVS, 2000):
- la première vise à juger du niveau potentiel
de contamination des milieux en rapport avec la source pollution
étudiée. Dans notre cas, elle visera à étudier la
contamination potentielle des eaux de nappe situées sous le site, par
les effluents hospitaliers,
- la seconde se rapporte à la définition des
populations exposées via l'étude des voies d'exposition
possibles,
- la troisième concerne l'estimation quantitative de
l'exposition humaine (calcul des doses moyenne journalières ou DM3).
11.5.1. Etude de la contamination potentielle des eaux
de nappe situées sous le site
L'étude de la contamination des eaux de nappe
situées sous le site passe essentiellement par une étude
géologique et hydro-géologique du site où est
implanté l'hôpital étudié. Cette étude est
abordée ici en deux temps :
- une étude géologique et
hydro-géologique générale de la région où
est implanté l'hôpital, basée essentiellement sur des
données bibliographiques et provenant d'étude
antérieures,
Chapitre III Elaboration de méthodologies pour
l'évaluation des risques sanitaires et écotoxicologiques des
effluents hospitaliers
- une étude géologique et
hydro-géologique plus localisée, basée notamment sur les
études effectuées à l'occasion du forage de l'AEP de
l'hôpital.
Etude géologique et hydro-géologique de
la région d7mplantation de Ihôpital
L'étude géologique et
hydro-géologique de la région d'implantation de l'hôpital
se caractérise principalement par la présence d'un
aquifère karstique. La principale caractéristique des
aquifères karstiques est l'existence de réseaux
irréguliers de pores, de fissures, de fractures et de conduites de
formes et de dimensions variées. Une telle structure, d'une importante
hétérogénéité physique et
géométrique, cause des conditions hydrauliques complexes et la
variabilité spatiale et temporelle des paramètres hydrauliques.
Après une averse, la recharge rapide et turbulente des eaux souterraines
se produit par le drainage dans de grands conduits de volume
élevé d'eau non filtrée (DENic-JuKic et Julac,
2003).
Le massif de la Selle, la chaîne la plus
élevée de la République d'Haïti, est abondamment
arrosé par les eaux de précipitation. Dans son bassin versant
septentrional, qui est le bassin présentant un intérêt pour
les ressources en eau de Port-au-Prince, il contient des calcaires
intensément fracturés et karstifiés, autorisant le
stockage et la circulation d'eau souterraine. Il en découle qu'il s'agit
d'un aquifère majeur, véritable château d'eau potentiel
pour la RMPP (TRACTEBEL, 1998). Des calcaires inter stratifiés inclus
dans des roches basaltiques ont été identifiés dans son
bassin méridional (WooDraNG et al., 1924 ; BurrERLIN,
1960).
L'aquifère de la Plaine du Cul-de-sac
(coordonnées géographiques : 18°36' N et 72°10' O) a
une surface de 500 Km2. Elle est dominée par des bassins
versants couvrant 1500 Km2 (PNUD, 1991). Les reliefs qui encadrent
la plaine sont très étendus et élevés au Sud
(jusqu'à plus de 2000m d'altitude) et plus étroits et bas au Nord
(autour de 1000m d'altitude). La hauteur pluviométrique moyenne est
surtout fonction de l'altitude avec 1239 mm à une altitude de 160m,
1431mm à altitude : 140m et 1888mm à 1 504m, et semble augmenter
(pour une altitude) d'Ouest en Est à 2036mm pour une altitude de 760m).
Sur les massifs Nord de la plaine, il n'y a pas de station
pluviométrique, mais la hauteur annuelle moyenne serait de l'ordre de
1200mm. Les périodes pluvieuses se produisent en avril, mai, juin et
août, septembre, octobre et la période sèche de
décembre à mars (SimoNoT, 1982).
La géologie et la morphologie de la plaine ont
fait l'objet de nombreuses études. BurrERLIN (1960) note que la plaine
du Cul-de-sac (PCS) serait un synclinorium oligo-miocène effondre
(Graben) par le jeu de deux grandes failles Est et Sud. Ce synclinorium est
comblé par les éléments détritiques arrachés
aux massifs qui l'encadrent. Selon les conclusions de cette étude, le
substratum sous les formations alluviales serait constitué de
grés, sables, argiles conglomérats et calcaires de
l'oligomiocène qui ont près de 1400m d'épaisseur et
affleurent sur les collines de la bordure méridionale de
Chapitre III Elaboration de méthodologies pour
l'évaluation des risques sanitaires et écotoxicologiques des
effluents hospitaliers
la plaine, avec des dépôts coralliens
(calcaires récifaux) du pio-quaternaire au Nord et à l'Est
(figure 21).
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Figure 21: Coupe géologique du bassin versant de
la PCS (BurrEauN, 1960)
La géomorphologie, selon DESREUMAUX (1987),
serait le résultat de mouvement tangentiels récents qui ont
conduit à des superpositions anormales des couches, dues au
déversement des plis. Ce qui aurait provoqué une
répétition de la série Eocène et
Oligo-miocène (figure 22). Au-dessus de ces formations dont les
caractéristiques hydrogéologiques ne sont pas connues, se sont
amassées dans la plaine les couches alluviales quaternaires et actuelles
sur une épaisseur très variable, mais qui se situe en moyenne
autour de 100 et peut atteindre plus de 200m dans certains secteurs.
L'alternance de ces couches alluviales perméables et imperméables
(ou semi-perméables) est très irrégulière
verticalement et latéralement, mais les corrélations faites a
partir des couches géologiques de forages disponibles montrent que,
d'une façon générale, leurs proportions sont a peu
près égales ; c'est-à-dire qu'en moyenne, sur 100m de
forage, on rencontre 50m de formations perméables aquifères.
Malgré la grande variabilité des couches, on distingue
schématiquement de haut en bas trois à quatre niveaux
aquifères :
1. une nappe phréatique
généralement située dans les formations récentes,
superficielles, argilo sableuses et épaisses de quelques mètres
à quelques dizaines de mètres (une trentaine au maximum) : l'eau
provient des formations aquifères sous-jacentes sous pression, et peut
affleurer a la surface sous forme de sources (assez rares), soit en nappe d'eau
libre ;
Chapitre III Elaboration de méthodologies pour
l'évaluation des risques sanitaires et écotoxicologiques des
effluents hospitaliers
2. un second niveau aquifère, sous pression sur la
plus grande partie de la plaine, le plus exploité actuellement est
constitué de sables et graviers et situé entre 30 et 60m de
profondeur ;
3. un troisième, et quelquefois un quatrième
niveau aquifère, sous pression, graveleux et situé entre 60 et
100 à 150 de profondeur, et généralement capté par
les grands forages d'exploitation. Aucune reconnaissance hydrogéologique
n'a été poussée plus profond. On ignore quels sont les
éventuels potentiels en eau souterraine au-delà de 200
mètres.
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Figure 22 : Coupe géologique du bassin versant de
la PCS (DEsaEumaux, 1987)
La nappe du cul de Sac constitue un système
aquifère en partie ouvert sur la mer. Son équilibre hydrologique
est alors conditionné par la circulation de l'eau souterraine, depuis
ses zones d'alimentation jusqu'à ses exutoires. Le mécanisme
hydrogéologique, selon SIMONOT (1982) s'apparente d'une
façon générale et schématique au système des
vases communicants (figure 23). D'un coté, l'eau douce d'origine
météorique et dont le niveau est influencé par : (i) les
infiltrations directes sur la plaine. Les infiltrations directes sont
considérées comme étant faibles, car l'eau de pluie est
majoritairement reprise par l'évapotranspiration ; (ii) les
infiltrations le long des rivières dont les lits de galets et de
graviers sont perméables. Les cours d'eau les plus importants
(Rivière Grise et Fond Parisien) descendent du massif de la Selle et
s'infiltrent dans la plaine (PNUD, 1991) ; (iii) les infiltrations au travers
du contact généralement faillé, entre les formations
alluviales de la plaine et les reliefs calcaires. Des réseaux karstiques
alimentent ces formations par abouchement. A ce niveau aussi, l'alimentation
est tributaire de la fréquence et de l'intensité des pluies
enregistrées, de l'occupation du sol. Beaucoup d'études sur les
systèmes aquifères de la région de Port-au-Prince
Chapitre III Elaboration de méthodologies pour
l'évaluation des risques sanitaires et écotoxicologiques des
effluents hospitaliers
soutiennent que les réseaux karstiques de cette
région sont très développés. De ce fait, on peut
affirmer, sans risque de se tromper, que cette alimentation est
abondante.
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Figure 23 : Mécanisme hydrogéologique de
l'aquifère (SimoNoT, 1982)
Etude géologique et hydro-géologique
locale
Les informations rapportées sur le forage
d'alimentation en eau de l'hôpital (SIGCSFP, 1994), les
différentes formations géologique de la zone non saturée
et le plan de tubage du forage, sont résumées dans la figure 24.
Des crépines sont placés à plusieurs endroits au long du
tubage. Ces accessoires impliquent le captage de plusieurs aquifères
durant les heures de pompage. Ces accessoires peuvent également remplir
une fonction de drains d'évacuation d'eau en période de
répit de la pompe, ce qui peut conduire à un transfert des
polluants hospitaliers vers les eaux de la nappe profonde.
Chapitre III Elaboration de méthodologies pour
l'évaluation des risques sanitaires et écotoxicologiques des
effluents hospitaliers
Coupe lithologique du site (mètre)
0
|
- 1
|
Sol agricole
|
1
|
- 6
|
Gravier calcaire moyen
|
6
|
-- 22
|
Galets + sable calcaire
|
22
|
- 26
|
Gravier moyen + argile
|
26
|
- 29
|
Gravier argileux + galets
|
29
|
- 32
|
Argile jaune sableuse
|
32
|
- 37
|
Gravier argileux + calcite
|
37
|
- 52
|
Gravier sableux argileux
|
52
|
- 56
|
Sable argileux + galets
|
56
|
- 58
|
Gravier argileux
|
58
|
- 62
|
Sable argileux + galets
|
62
|
- 73
|
Basalte
|
Tubage du forage d'AEP de l'hôpit.
1
2
4
5
6
7
Plan du Tubage en mètre (PVC Diam. = 6 pouces)
1
|
0 - 37
|
Plein
|
2
|
37 - 49
|
Crépine
|
3
|
49 -- 52
|
Plein
|
4
|
52 - 58
|
Crépine
|
5
|
58 - 64
|
Plein
|
6
|
64 - 70
|
Crépine
|
7
|
70 - 73
|
Quille
|
Figure 24 : Plan de tubage du forage d'AEP de
l'hôpital
Sur la base des informations générales
collectées lors des études géologiques et
hydrogéologiques de la région du site ainsi que des
données relatives au forage de l'AEP de l'hôpital, une
synthèse de la circulation des flux est présentée dans la
figure 25.
Cette synthèse implique l'hypothèse
d'une connexion entre les effluents hospitaliers rejetés au niveau des
puits d'infiltration et l'eau de pompage de l'AEP de l'hôpital, sans
qu'il soit possible, compte-tenu de la complexité du transfert des
polluants en zone karstique, de la modéliser et de la quantifier
précisément.
Dans ces conditions, et compte tenu de la possibilité
d'effectuer des mesures sur les eaux de forage, l'évaluation des
expositions a été réalisée à partir des
analyses effectuées sur les eaux de nappe, et non pas à partir de
l'analyse des eaux du puits d'infiltration suivie d'une modélisation des
transferts dans les sols vers la nappe. Ce choix, qui peut paraître
évident en terme de réalisme des concentrations d'exposition
finales estimées, ne peut pas toujours être effectué dans
les EDR car il peut, dans certains cas, transformer l'évaluation des
risques sanitaires réalisée sur une source de pollution
donnée (ici le rejet des effluents hospitaliers via les puits
d'infiltration) en une évaluation des risques liée à la
nappe en générale (quelque-soit l'origine de sa pollution). Dans
le cas présent, la
Chapitre III Elaboration de méthodologies pour
l'évaluation des risques sanitaires et écotoxicologiques des
effluents hospitaliers
connexion entre le rejet des effluents hospitaliers et la
nappe étant démontrée, et aucune autre pollution majeure
n'étant identifiée dans le secteur, l'évaluation des
risques liés aux effluents hospitaliers peut passer par l'analyse des
eaux de nappe polluées.
H : hôpital
PIP2/P3 : puits d'infiltration des
effluents des 3 fosses septiques de H
F1 : Forage d'alimentation en eau potable (AEP) de
H
F2 : Forage AEP d'habitats humains avoisinant H
Calcaire Karstifié
Hauteur
de la ZNR: 73 m
Zona-rf6n saturée Calcaire
Karst-if-lé--
Hauteur d'eau Affectée par
les EH: 2m
Figure 25: Circulation des flux sur le site
d'étude
Cas particulier de l'évaluation des concentrations
en glutaraldéhyde et en chloroforme dans la nappe.
Evaluation des teneurs en Glutaraldéhyde
Le dosage du glutaraldéhyde n'est pas réalisable
en Haïti dans l'état actuel des équipements disponibles .
Pour estimer la concentration de celui-ci dans l'eau de nappe, nous avons
procédé en deux étapes. Dans un premier temps,
l'exploitation de la revue bibliographique présentée dans le
chapitre 1 montre que la teneur du glutaraldéhyde dans les effluents
hospitaliers sur le plan international varie entre 0,5 et 3,72 mg/L (JouBols et
al., 2002). Par principe de précaution, nous avons retenu la valeur de 4
mg/L pour l'évaluation des risques sanitaire du site d'Haïti. Pour
estimer la teneur du glutaraldéhyde dans l'eau de nappe à partir
de cette valeur, nous avons ensuite considéré que le
glutaraldéhyde subissait le même facteur de dilution que la DCO
qui a été mesurée à la fois dans les effluents et
dans les eaux de nappe.
Evaluation des teneurs en Chloroforme et en
dichlorométhane
Pour les mêmes raisons que précédemment le
chloroforme et le dichlorométhane n'ont pas pu être dosés
en Haïti. Par ailleurs, comme nous l'avons vu précédemment,
ils sont des représentants des composés
organo-halogénés (évaluables globalement par la teneur en
AOX) générés par l'action de
Chapitre III Elaboration de méthodologies pour
l'évaluation des risques sanitaires et écotoxicologiques des
effluents hospitaliers
l'eau de Javel sur les molécules organiques
présentes dans les effluents (EMMANUEL et al, 2003). Nous avons
évalué sa teneur en trois étapes. Dans un premier temps,
la teneur globale en AOX a été estimée par
corrélation de cette dernière avec la teneur en chlorures dans
les effluents hospitaliers, ceci grâce à l'étude
présentée dans le chapitre 6. De même que
précédemment, le facteur de dilution des AOX des effluents dans
l'eau de nappe a été supposé identique à celui de
la DCO. Enfin, les teneurs en chloroforme et en dichlorométhane ont
été assimilées à la teneur globale en AOX, de
manière à prendre en compte dans l'évaluation des risques
les autres molécules présentes dans les AOX.
Ces hypothèses "fortes", effectuées en l'absence
d'autres possibilités à court terme et avec la volonté de
garder une méthodologie opérationnelle et au coût non
rédhibitoire pour Haïti, devront être confirmées
à l'avenir par la mesure réelle du glutaraldéhyde, du
chloroforme et du dichlorométhane dans l'eau de nappe du site
étudié.
11.5.2. Définition des populations exposées
via l'étude des voies d'exposition possibles
Les populations concernées par notre évaluation
des risques sont les personnels et les malades qui vivent à
l'hôpital (environ 200 personnes au total dont approximativement 50
enfants) ainsi que les personnes qui vivent à proximité de
l'hôpital et consomment la même eau de nappe. Un espace d'une
surperficie totale de 20 ha est retenue pour cette évaluation (soit un
total de 4000 personnes environ (LHERISSON, 1999) dont 1600 enfants environ de
moins de 10 ans).
Les voies d'exposition principales identifiées et
étudiées sont la consommation d'eau potable pour l'ensemble des
paramètres et le contact cutané (à l'occasion des bains)
pour le glutaraldéhyde.
11.5.3. Estimation quantitative de l'exposition humaine
(Calcul des Doses Moyenne Journalières (DMJ))
Pour une substance chimique et une voie d'exposition
données, l'équation générale de calcul de la dose
moyenne journalière (DMJ), administrée par le vecteur
d'exposition "i", est la suivante (INVS, 2000) :
DMJi = Ci*Qi*TE*DE/PC*TP Eq. 11
Où Ci est la concentration du toxique dans le milieu
pollué "i", Q la quantité de ce vecteur mise quotidiennement en
contact avec l'organisme par la voie considérée (exprimée
en I/j pour les
Chapitre III Elaboration de méthodologies pour
l'évaluation des risques sanitaires et écotoxicologiques des
effluents hospitaliers
milieux liquides), TE est le taux d'exposition (sans
unité) c'est à dire le nombre annuel de jours d'exposition
ramené au nombre total de jours, DE est la durée d'exposition (en
années), PC est le poids corporel (en kg) et TP le temps de
pondération TP est la durée (en années) sur laquelle la
dose est pondérée.
Dans cette formule, par convention, le temps de
pondération est identique à la durée de l'exposition
(TP=DE) pour les effets à seuil : la DMJ se rapproche d'une moyenne
annuelle ne tenant plus compte de la période totale d'exposition.
Pour les effets cancérigènes, la valeur
attribuée au TP est toujours 70 ans : l'estimation de la dose est dans
ce cas proportionnelle au rapport de la durée d'exposition sur la
durée de la vie entière (DMJ vie entière). Cette
pondération est réalisée sous l'hypothèse d'un
cumul de dose : le risque cancer se rapportant à une unité de
dose quotidienne reçue pendant 10 ans est équivalent au risque
lié à la moitié de cette dose délivrée
pendant 20 ans.
11.6. Caractérisation des risques
Le calcul du risque pour l'homme consiste à mettre en
relation les données sur les niveaux d'exposition avec les relations
dose-réponse.
Les risques sont estimés de manières
différentes selon que les substances agissent ou non avec un seuil
d'effet.
Pour les composés agissant avec un seuil d'effet, un
quotient de danger (QD) est calculé en faisant le rapport entre la DMJ
et la DM pour la voie d'exposition considérée. Cette valeur
numérique n'est pas un risque à proprement parlé et
l'évaluation est ici de nature qualitative : un rapport inférieur
à 1 signifie que la population est exposée est
théoriquement hors de danger, alors qu'un quotient supérieur
à 1 signifie que l'effet toxique peut se déclarer sans qu'il soit
possible de prédire la probabilité de survenue de cet
événement (INVS, 2000).
Pour les substances cancérigènes et
mutagènes, agissant sans seuil d'effet, l'évaluation des risques
est véritablement quantitative. La probabilité d'occurrence du
cancer pour la vie entière des sujets exposés, qui vient
s'ajouter au risque de base non lié à cette exposition, est
appelée excès de risque individuel (ERI) : elle est
calculée, pour chaque voie, en multipliant l'ERU par la dose moyenne
journalière totale "vie entière" (INVS, 2000).
ERlvoje x = D Mivole x * ERUvoje x Eq. 12
Chapitre III Elaboration de méthodologies pour
l'évaluation des risques sanitaires et écotoxicologiques des
effluents hospitaliers
Le produit de ce risque par l'effectif de la population qui
lui est soumise fournit l'excès de risque collectif (ERC). Il
représente une estimation du nombre de cancers en excès,
lié à l'exposition étudiée, qui devrait survenir au
cours de la vie de ce groupe d'individus.
ERCwie x = ERIvoie x *n Eq.
13
Pour la caractérisation du risque bactériologique
généré par la E. coli, le modèle de distribution
« Bêta-Poisson » (Haas et al., 1999)
a été appliqué:
d / , \-la
P(d)=1-[1+--N5
02,1'" -1)1
J
d : dose d'exposition
N50 : dose infectante moyenne égale
à 8.60x107 pour E. coli
a : paramètre de la fonction de probabilité
égale à 0,1778 pour E. coli.
Aspects pratiques de la mise en oeuvre de la
méthodologie sur le site d'Haïti
Campagnes de prélèvements et
analyses
La caractérisation des effluents et des eaux de nappe
sur le site d'Haïti a été réalisée à
l'occasion de plusieurs campagnes de prélèvements successives.
Les premières campagnes ont été réalisées
à titre exploratoire et pour tester la faisabilité des
prélèvements et mesures. Les campagnes suivantes ont permis de
compléter les premières mesures et, pour certains
paramètres, de dupliquer les analyses de manière à prendre
en compte au minimum la variabilité inévitable de celles-ci dans
le temps.
Trois campagnes de prélèvements, dont une en
2002 (période de sécheresse) et deux en 2003 (période de
pluie), d'échantillons d'effluents liquides ont été
réalisées sur une des 3 fosses septiques de l'hôpital
(fosse desservant le service d'hospitalisation dont la capacité est de
22 lits) et sur les eaux du forage d'AEP de l'hôpital.
Campagne de prélèvement de
2002
Les prélèvements de la campagne de 2002 ont
été effectués sur les points suivants:
1. la ligne de refoulement du forage d'AEP de
l'hôpital,
2. les affluents du puits d'infiltration (effluents de la fosse
septique).
Les effluents ont été prélevés
entre 7:30 et 11:30 heures du matin sur une période de 5 jours, soit du
4 au 8 décembre 2002 (période de sécheresse). Tous les
échantillons ont été placés dans des
récipients en plastique d'un volume d'un litre. Ces récipients
ont été rincés en 3 fois avec l'eau à
Chapitre III Elaboration de méthodologies pour
l'évaluation des risques sanitaires et écotoxicologiques des
effluents hospitaliers
examiner. Pour le remplissage des récipients, nous
avons utilisé une méthode de prélèvement manuelle
améliorée consistant en la préparation d'un
échantillon moyen sur 100 minutes (une heure et 40 minutes) à
raison d'un prélèvement de 100 ml d'échantillon chaque 10
minutes. Les mesures de pH ont été effectués sur tous les
prélèvements faits sous la base de cette méthode. Les
récipients, contenant les échantillons des points choisis pour
les prélèvements, ont été soigneusement
étiquetés et conservés à 4°C. Une
fois prélevés, ils ont été transportés en
moins d'une heure au Laboratoire de Qualité de l'Eau et de
l'Environnement de l'Université Quisqueya à Port-au-Prince.
Paramètres mesurés en 2002 à
Port-au-Prince
Le tableau 20 donne la liste des paramètres
mesurés en 2002 et les laboratoires de réalisation à
Port-au-Prince. Les protocoles français et européens
décrits dans « L'analyse de l'eau» (RODIER, 1996) et
les protocoles des Etats-Unis décrits dans le « Standard
Methods for water and wastewater» (EATON et al., 1995) ont
été utilisés pour le dosage des paramètres
mesurés. Ces paramètres correspondent aux traceurs de risque
sélectionnés facilement dosables ainsi qu'à diverses
mesures d'accompagnement (pH, MEST, Conductivité, DCO, Nitrates,
NH4N,...) destinées à affiner la connaissance du niveau de
pollution des milieux liquides concernés.
Tableau 20 : Paramètres mesurés en 2002
à Port-au-Prince
Paramètres
|
Laboratoire d'exécution
|
MEST, conductivité électrique, pH, DCO,
Chlorures,
Nitrates, NH4N
|
Laboratoire de Qualité de l'Eau et de
l'Environnement (LAQUE) -- Université Quisqueya
|
Cr, Cu, Ni, Pb, Zn
|
Unité de Recherche en Environnement
(URE) -- Faculté des Sciences, Université d'Etat
d'Haïti
|
La détermination des paramètres
physico-chimiques (conductivité électrique et MEST) ainsi que
celle des indicateurs de pollution (Chlorures, DCO, NO3-N et NH4-N)
a été effectuée dès l'arrivée des
échantillons au laboratoire. Les échantillons destinés
à la détermination de la concentration des éléments
en trace ont été traités à l'acide nitrique
(HNO3) concentré (pH<2) et passés au travers d'une
membrane filtrante de 0,45 pm.
Première campagne de prélèvement de
2003
Trois échantillons ont été
prélevés sur les effluents de la fosse septique entre le 25 et le
29 avril 2003 (début de la première période pluvieuse). La
méthode de prélèvement manuel instantané a
été utilisé pour la collecte des échantillons. Le
dosage de tous les paramètres de cette campagne a été
réalisée en France dans des laboratoire de la Ville de Lyon. Les
échantillons destinés aux examens bactériologiques ont
été placés dans des récipients stérile en
plastique contenant du thiosulfate et conservés à
l'obscurité à 4°C.
Chapitre III Elaboration de méthodologies pour
l'évaluation des risques sanitaires et écotoxicologiques des
effluents hospitaliers
Les coliformes fécaux ont été
déterminés par la méthode NF T 90-433 microplaque. La
norme française NF T 90-432 microplaque a été
utilisée pour le dosage des entérocoques fécaux, et les
prescriptions de la NF T 90-145 ont été suivies pour les spores
anérobies sulfito-réductrices.
La mesure des métaux a été
réalisée, selon le protocole ISO 11 885, sur des
échantillons filtrés à 0,45 pm, traités à
l'acide nitrique pur (pH<2) et passés à l'ICP-AES (Inductively
Coupled Plasma-Atom Emission Spectroscopy). L'arsenic, le chrome, le nickel, le
plomb et le fer ont été déterminés respectivement
aux longueurs d'onde suivantes : 189,04 ; 267,716 ; 231,604 ; 220,353 et 259,94
nm.
Durant cette campagne trois échantillons
spéciaux de 500 mL prélevés sur une durée d'une
heure chacun ont été préparés pour une étude
qualitative des micropolluants organiques. Des cartouches SPE
LiChrolut® EN 200 mg (MERCK, Allemagne) ont été
utilisées pour les extractions. Les 3 échantillons de 500 mL ont
été filtrés à 0,45 pm et acidifiés à
l'acide nitrique (pH 3). Les cartouches ont été rincées
avec 3 ml de propanol (pour HPLC, Sigma Aldrich) avant le passage des
échantillons (débit de l'extraction : 10 mL/minute). 3 mL d'eau
distillée ont été utilisées pour le levage des
cartouches. Les extraits prélevés par l'ajout de 6 mL de propanol
ont été placés dans des fioles de 25mL et
transportés avec les cartouches en France pour être
analysés par chromatographie en phase gazeuse/spectrométrie de
masse GS/MS. Les résultats de ces caractérisations que nous
avions lancées dans le cadre de cette thèse à titre de
compléments des analyses des traceurs de risque
sélectionnés n'ont toutefois pas pu être exploités
pour l'instant.
Deuxième campagne de prélèvement
de 2003
Une troisième campagne de
prélèvement a été réalisé du 20 au 26
août 2003. Cinq échantillons ont été
prélevés sur le forage alimentant le château de
l'hôpital et sur les effluents de la fosse septique. L'objectif de cette
campagne a été de procéder à la spéciation
du chrome. En effet, le chrome est le seul métal présent dans
tous les échantillons prélevés au cours des deux
précédents campagne. Des mesures du Fe2, de la DCO et
des coliformes fécaux ont été également faites sur
ces échantillons.
Le dosage du Cr(VI) a été
réalisé, selon la méthode 8023 de HACH en utilisant un
spectrophotomètre HACH 2010, sur des échantillons filtrés.
Le principe du dosage est de complexer le Cr(VI) de façon
spécifique en utilisant une solution acide de
1,5-Diphénylcarbazide, le complexe formé
Cr(VI)/diphénylcarbazide est rose-violet et absorbe dans le visible
à 540 nm. Le chrome total a été réalisé sur
des échantillons filtrés, selon la méthode 8024 de HACH en
utilisant un spectrophotomètre HACH 2010. C'est une méthode
d'oxydation alcaline à l'hypobromite dans le visible à 540 nm. Le
Fe2 a été dosé selon la méthode 8146 de
HACH en utilisant un spectrophotomètre HACH 2010, sur des
échantillons filtrés. La technique avec du réactif 1,10
Phénanthroline en gélules a été utilisée.
Les mesures sont faites dans le visible à 510 nm.
Chapitre III Elaboration de méthodologies pour
l'évaluation des risques sanitaires et écotoxicologiques des
effluents hospitaliers
Chapitre III Elaboration de méthodologies pour
l'évaluation des risques sanitaires et écotoxicologiques des
effluents hospitaliers
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