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Dynamique des relations verticales et clustering : Quelle stratégie pour une sous-traitance aéronautique marocaine compétitive ?

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par Makram KHABBACHE, Zakaria BENHAR et Soufyane ETBER
Institut Supérieur de Commerce et d'Administration des Entreprises - Cycle Supérieur de Gestion ( Executive MBA ) 2007
  

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2.2.2 Pistes de réflexions pour une action concernant la filière industrielle aérospatiale en Ile-de-France3

i) L'Ile-de-France : principal pôle aéronautique en France

L'Ile-de-France est la première région aéronautique et spatiale française au regard du nombre d'établissements (26%), des effectifs salariés (34,5%), des dépenses de R&D (42,9%) et du nombre de chercheurs (38,5%). Par ailleurs, elle représente 10% des emplois aérospatiaux européens et réalise près de 20% des dépenses de recherche et développement privées du secteur en Europe.

1 Originaire d'une région française dénommée la Tarn

2 IGALENS, Jacques et VICENS, Christine. Les mutations dans le secteur aéronautique Le cas d'Airbus en Midi-Pyrénées. Toulouse : UET. LIRHE - UMR 5066, 2006. 22p.

3 Ce paragraphe s'inspire largement d'une étude commanditée par la DRIRE. PETIT, Thierry (Coord.). La filière industrielle aérospatiale en Ile-de-France, état des lieux et enjeux. IAURIF, 2005.

Plusieurs entreprises leaders de la construction aéronautique notamment Dassault, EADS, le brésilien Embraer et Boeing disposent d'une représentation commerciale dans la région, participent activement à la structuration et à l'amélioration de la compétitivité globale de la filière. Celle-ci s'appuie également sur une forte présence d'équipementiers et de fournisseurs de services notamment Thales, Safran, Alcatel, Schlumberger et Zodiac. Par ailleurs, la région est connue par une forte activité de maintenance, supportée par Air-France, Dassault Falcon Services, SNECMA Services, Embraer...

Enfin, vu sa forte orientation technologique, la filière aéronautique s'appuie sur un réseau dense de bureaux d'études spécialisés dans un large spectre d'activités (conception, modélisation, ingénierie, essai, certification... etc.) comme Assystembrime, AAA, Teuchos du groupe SAFRAN, Bertin technologies et Eurodoc spécialisé dans l'ingénierie documentaire. Egalement, le réseau étoffé des sociétés de réalisation de logiciels et de conseil en systèmes informatiques, intervient fortement dans la filière même s'il adresse en parallèle d'autres secteurs.

Plus particulièrement, les PME/PMI franciliennes opèrent sur une gamme très élargie d'activités qui sont, soit orientées filière : travail des métaux, réalisation de pièces de série, d'équipements mécaniques, de la fabrication d'équipements d'aide à la navigation électronique, de la plasturgie... etc, soit plus transverses assimilées à l'étude, la conception, l'informatique... etc.

Afin d'accompagner l'essor de la filière, une étude a été commanditée par la DRIRE en 20051. Celle-ci préconise une politique en faveur de la filière dont les maîtres mots sont coopération, mutualisation et communication, déclinée en actions générales, en actions concernant particulièrement le domaine de la R&D et enfin celles relatives aux PME du secteur.

1 PETIT, Thierry (Coord.). La filière industrielle aérospatiale en Ile-de-France, état des lieux et enjeux. IAURIF, 2005.

ii) Actions générales concernant l'ensemble de la filière

· Il semble nécessaire que les collectivités territoriales se dotent d'une politique volontariste et visible en association avec les acteurs de la filière avec pour éléments clefs :

o la spécialisation dans certaines activités ;

o la nécessité d'accentuer la visibilité de la région par la communication ;

o la mise en place d'un plan d'action présageant une évaluation des actions avec une mesure de leur efficacité à travers des critères d'évaluation1. Un état régulier de la filière pourrait être tenu et par exemple présenté et débattu tous les deux ans au cours d'assises régionales, avec une périodicité calée sur celle du salon du Bourget ;

· Permettre l'émergence ou le renforcement d'un pôle de formation-recherche animé par la région qui mettrait notamment en avant la formation en alternance avec l'apprentissage par la mutualisation de moyens existants.

· Les programmes de type e-PME à destination des PMI de la filière et visant à accroître leur compétitivité sont importants et doivent être poursuivis car ils sont des outils nécessaires à la pérennisation des PME régionales au sein de la filière.

· Promouvoir les rencontres et les échanges entre les différents intervenant de la CVG (constructeurs, équipementiers et sous-traitants). Ceci permettrait plus particulièrement aux STs de s'engager dans des démarches de certification des méthodes et des produits et d'améliorer la performance globale.

iii) Actions concernant particulièrement le domaine de la R&D

· Les acteurs régionaux pourraient désigner ou mettre en place une structure chargée d'organiser la R&D aéronautique au niveau régional et en lien avec une vision nationale voire européenne. Ceci faciliterait la visibilité de la R&D aérospatiale en Ile-de-France, favoriserait encore plus la mise en place de partenariats, renforcerait les synergies et permettrait de faciliter les liens avec le monde de l'enseignement et des entreprises.

1 La rentabilité financière, la valeur ajoutée, les dépenses en R&D, les coopérations, l'implication dans des programmes internationaux, les rentrées fiscales, la contribution au commerce extérieur, l'emploi, l'ouverture à des catégories d'emploi, la formation continue.....


· Au niveau du financement de la recherche, il est suggéré de recourir à un dispositif régional complémentaire au CIR1, doté d'un financement par projets permettant à la région de favoriser des thématiques de recherche et certaines zones géographiques à dynamiser en cohérence avec une vision d'ensemble. Ce dispositif pourrait s'appuyer sur un fonds qui mêlerait financements publics et privés, banques...

· Agir sur le potentiel humain en cherchant à attirer ou maintenir les chercheurs de renom (nationaux et étrangers). Pour cela, il faut des structures d'accueil adaptées, avec des plates-formes pour favoriser leur venue et leur mobilité.

iv) Actions concernant les PME du secteur

· Aide à l'acquisition d'une meilleure connaissance des attentes des donneurs d'ordres (pré requis en matière de regroupement, meilleure visibilité des marchés). L'association des donneurs d'ordres à cette démarche est indispensable.

· Accompagnement dans des démarches de réflexion stratégique.

· Travail sur la formation et les compétences avec des réflexions autour des axes suivants :

o constitution de pool d'experts régionaux, dont les compétences seraient utilisées ponctuellement par les PME locales. Ce pool pourrait intégrer des universitaires qui consacreraient une partie de leur temps à visiter les PME ;

o mise à disposition de cadre à temps partagé sur des fonctions transverses ou commerciales. Des bureaux de portages seraient chargés de gérer ce système au niveau régional ;

o accompagner les entreprises dans la mise en oeuvre d'une GPEC qui leur permettraient d'anticiper sur les besoins de formation et de recrutement à moyen terme.

· Faciliter le financement des PME du secteur notamment par le biais d'un fonds de garantie régional dédié et dont les priorités pourraient être données au financement des activités de R&D et innovation qu'à l'acquisition de technologies de production performantes.

· Développement commercial :

1 Le Crédit d'Impôt Recherche est un outil fiscal mis en place au niveau national qui semble bien adapté à la cible des PME, mais il reste insuffisant.

o Aider les PME du secteur à gagner de nouveaux marchés auprès des constructeurs étrangers, notamment auprès des marchés émergents comme ceux des avions régionaux en Chine et en Russie ;

o Les aider à diversifier leurs activités pour investir d'autres d'industries faisant appel à des compétences similaires (automobile, instrumentation médicale...) et ce, afin de croiser les savoir-faire et les process.

v) Actions concernant la main d'oeuvre et la formation

· Les organismes de formation devraient travailler plus étroitement avec les entreprises en bâtissant des partenariats qui vont permettre aux jeunes d'effectuer des stages diversifiées tout au long de leur cursus de formation et d'apprentissage. Les entreprises devraient se rapprocher davantage des universités pour faire connaître leurs besoins. Ce travail pourrait se faire en partenariat avec les futurs observatoires de l'emploi qui devront être mis en place dans chaque branche professionnelle.

· Favoriser les coopérations entre les écoles d'ingénieurs, universités et pôles de recherche pour mutualiser leurs moyens, créer de grands laboratoires communs qui travailleront avec les industriels et seront visibles de l'étranger. Les universités devraient aussi développer leur offre de formation continue en concertation avec les industriels, ce qui leur permettrait de dégager des moyens financiers supplémentaires.

· La mutualisation de la formation entre entreprises est une piste à étudier. Ainsi des équipements lourds seraient amortis plus aisément.

· Il faut aussi attirer les jeunes vers ces métiers et donc communiquer davantage (les constructeurs et associations professionnelles).

· Organiser la charge de travail entre les entreprises d'un même bassin pour lisser l'activité et éviter les sureffectifs en cas de creux d'activité et les sous-effectifs en cas de forte reprise.

· Enfin, l'apprentissage de l'anglais devient nécessaire, même pour des métiers opérationnels, en particulier dans le domaine de la maintenance (les documents techniques sont en anglais). Il est donc important de l'inclure dans les cursus de formation initiale et continue.

Conclusion

L'insertion dans un espace clustérisé, eu égard aux externalités positives qu'il offre, est susceptible d'enrichir le profil du sous-traitant aéronautique et de procurer à la filière une meilleure compétitivité. Le concept du cluster, de plus en plus en vogue, nécessite un accompagnement spécifique de la part des pouvoirs publics et une implication particulière de la part des professionnels (Cf. Partie. I, Chapitre. II, Section. 1, Paragraphe. 2).

Le cluster de la Wallonie en Belgique illustre parfaitement cette articulation public- privé. Une fois initié par les entreprises selon une logique de Bottom-up, l'EWA a reçu soutien et accompagnement des pouvoirs publics. En 2006, ce cluster compte quelques 57 entreprises qui opèrent toutes dans l'industrie aéronautique et sont actives dans la recherche, le développement et la production d'éléments de fuselage, de moteurs, de systèmes électroniques et de logiciels ainsi que dans la réparation, la maintenance et la modernisation d'avions, d'hélicoptères et de moteurs (Cf. Partie. I, Chapitre. III, Section. 1).

Conscient également de ces enjeux, le gouvernement français a institué une nouvelle politique industrielle par les territoires à travers les réseaux d'entreprises et les pôles de compétitivité. Dans ce cadre, l'action publique vise essentiellement à promouvoir les pôles de compétitivité. Concrètement, tant à travers l'expérience de la filière aéronautique de la région du Midi-Pyrénées ou celle de la sous-traitance aéronautique Francilienne, il ressort que (1) l'appropriation des TIC par les STs, (2) la formation et le développement des compétences des ressources humaines, (3) la mutualisation des efforts et coopération inter-firmes et (4) enfin la promotion de la R&D, sont les maîtres mots de cette nouvelle politique industrielle (Cf. Partie. I, Chapitre. III, Section. 2).

Ces constats réconfortent la pertinence du cadre conceptuel retenu (Cf. Partie. I, Chapitre. II).

Conclusion première partie

L'industrie aéronautique est constituée de quelques avionneurs mondiaux (duopole Boeing et EADS), d'un nombre relativement limité de systémiers, motoristes et équipementiers majeurs ; et de nombreux fournisseurs de composants et sous- équipements. Elle se distingue par un caractère hautement stratégique et un marché en pleine expansion (Cf. Partie. I, Chapitre. I, Section. 1, Paragraphe. 1). Néanmoins, le caractère cyclique de l'activité dans un environnement concurrentiel ouvert, ainsi que les contraintes liées à l'organisation productive ont introduit un certain nombre de tendances, à savoir le désengagement progressif des Etats, la concentration et l'internationalisation des acteurs industriels, ainsi que de profondes mutations dans les stratégies des compagnies aériennes. Ces tendances ont naturellement orienté les stratégies des grands donneurs d'ordres mondiaux dans le sens d'une hiérarchisation et une réduction drastique du nombre de fournisseurs directs, et une externalisation accrue notamment vers des pays émergents (Cf. Partie. I, Chapitre. I, Section. 1, Paragraphes. 2 et 3).

Dans cette optique, le Maroc, de par ses nombreux atouts, a drainé des investisseurs internationaux. Conscient de ces nouveaux enjeux, le Maroc a érigé ce secteur en un des moteurs de croissance et de développement dans le cadre des nouvelles orientations du programme «Emergence« (Cf. Partie. I, Chapitre. I, Section. 2).

Par ailleurs, le secteur de l'aéronautique se caractérise par une CVG structurée d'une manière pyramidale, avec différents niveaux de sous-traitance (Cf. Partie. I, Chapitre. II, Section. 2, Paragraphe. 1). Chaque niveau renvoie à un profil et un registre de relation partenariale, dont le passage d'un stade à un autre se fait selon un processus d'évolution graduelle, nécessitant des compétences d'apprentissage organisationnel spécifiques (Cf. Partie. I, Chapitre. II, Section. 2, Paragraphe. 2).

Enfin, cette partie est conclue par une approche de benchmarking, à travers l'expérience belge de l'EWA et la nouvelle politique industrielle par les territoires en France. Ces deux expériences soulignent l'intérêt de mettre en place un cadre de partenariat pubilc-privé à même de promouvoir les clusters aéronautiques (Cf. Partie. I, Chapitre. III).

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984