4.3.2 : Le niveau de vie du ménage.
Sur le plan niveau national, le niveau de vie influence
significativement au niveau net la discontinuité des soins
obstétricaux. Cette influence persiste jusqu'à l'introduction des
caractéristiques individuelles (parité, antécédents
de césariennes et niveau d'instruction) puis s'estompe après
avoir contrôlé le département de résidence et le
milieu de résidence. Le niveau de vie devient à nouveau
significatif après l'introduction de l'accessibilité et de la
qualité des services obstétricaux. Ainsi toutes choses
égales par ailleurs, les femmes de niveau de vie élevé
courent 56 % moins le risque de discontinuité des soins
obstétricaux que les femmes de faible niveau de vie. Il ressort de ces
résultats qu'en réalité le niveau de vie n'agit pas
directement sur les risques de discontinuité mais que son influence sur
ce dernier passe par l'accessibilité et la qualité des services
obstétricaux. En effet, les femmes de niveau de vie élevé
de part leur statut, possèdent les moyens de se payer les services
obstétricaux de qualité meilleure par rapport à celles de
faible niveau de vie. Ces résultats confortent ceux de BENINGUISSE
(2003). D'après cet auteur, « ... la
vulnérabilité de la femme rurale de niveau de vie moyen
comparée à sa congénère de la classe aisée,
s'explique particulièrement par une accessibilité
problématique des services obstétricaux... »
Le fait que le niveau de vie n'a plus d'influence
significative sur la discontinuité des soins après l'introduction
du département de résidence et du milieu de résidence
signifie que les différences observées au préalable entre
les femmes de niveau de vie élevé et celles de faible niveau de
vie étaient dues en partie au fait que ces femmes résident dans
des milieux différents. En effet, résider en milieu urbain offre
plus de facilités d'accès aux services obstétricaux que la
résidence en milieu rural. De plus la qualité des services
obstétricaux est meilleure en milieu urbain qu'en milieu rural en raison
de la forte concentration des infrastructures, des équipements et du
personnel sanitaire les plus qualifiés en milieu urbain.
Une analyse selon la distinction urbain/rural montre que le
niveau de vie n'influence pas significativement la discontinuité des
soins obstétricaux en milieu urbain alors qu'en milieu rural, il a une
influence très significative sur cette dernière. Cela confirme
notre précédente conclusion à savoir que le fait
même de résider en milieu urbain ou dans un département
donné, offre à la femme des avantages en termes
d'accessibilité et de qualité des services quelque soit son
niveau de vie. Alors qu'en milieu rural, en raison du nombre insuffisant de
personnel qualifié et d'équipements sanitaires de qualité,
seules les personnes de niveau de vie élevé sont en mesure de
s'offrir certains services obstétricaux. Parfois même, en milieu
rural certaines femmes de faible niveau de vie préfèrent recourir
aux méthodes traditionnelles pendant la grossesse et l'accouchement
parceque ne possédant même pas le minimum qu'il faut pour payer
les consultations. Selon l'OMS (1998), «le fait que les services de
santé maternelle soient payants freine leur utilisation et empêche
des millions de femmes d'accoucher à l'hôpital ou de se faire
soigner même en cas de complications même lorsque officiellement
les tarifs sont peu élevés ou les services gratuits, il peut y
avoir des redevances "officieuses" ou dessous de table ou encore d'autres
dépenses qui empêchent que les femmes utilisent les services. Ce
peut être notamment le coût du transport, des médicaments
ainsi que de la nourriture et du logement de la femme ou des parents qui
s'occupent d'elle à l'hôpital.» Souvent, ces
femmes sont obligées de parcourir des kilomètres avant
d'atteindre le centre de santé le plus proche. Ainsi, le manque de moyen
de transport adéquat dissuade certaines à aller accoucher avec
l'aide de personnel qualifié. Pour celles qui sont courageuses et qui
décident d'y aller à pied ou à vélo, il leur arrive
parfois d'accoucher en cours de chemin.
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