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Faute et Châtiment. Essai sur le fondement du Droit pénal chez Friedrich Nietzsche

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par Rodrigue Ntungu Bamenga
Faculté de Philosophie saint Pierre Canisius Kimwenza, RDCongo - Bacchalauréat en Philosophie 2005
  

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I.1.1.2. Langage et pouvoir

Nietzsche situe l'origine du langage à l'époque des formes rudimentaires de la psychologie, où la prise de conscience de la raison par l'homme lui ouvre la voie d'un fétichisme grossier. Il voit autour de lui des actions et des vies qui sollicitent son esprit à créer des concepts. Que ces concepts ne nous fassent jamais "franchir le mur des relations, ni pénétrer dans quelque fabuleux fond originel des choses",19(*) montre bien l'écart entre le mot et la chose elle-même.

Commencer une étude du langage chez Nietzsche en exposant de telles limites est une interprétation risquée. D'une part, on peut penser que la philologie n'est qu'une « histoire des mots » à caractère généalogique. Son objet par excellence étant le langage courant, la philologie demeure ainsi une science généalogique qui retourne au sens même du concept. Le recours à l'étymologie comme généalogie du langage vise à démontrer quel sens originaire correspond au jugement de valeur qui s'est cristallisé dans un mot. C'est la démonstration que Nietzsche tente de faire :

Je crois pouvoir interpréter le latin bonus par "le guerrier", en supposant qu'avec raison je ramène bonus à sa forme plus ancienne de duonus (comparez : bellum = duellum = duen-lum, où ce duonus me paraît être conservé). D'après cela, le bonus serait l'homme du duel, de la dispute (duo), le guerrier : on voit donc ce qui constituait la "bonté" d'un homme de la Rome antique.20(*)

D'autre part, c'est à la grammaire comme moule systématique du langage que revient le mérite d'avoir logé, au plus profond de l'activité langagière, la gamme des catégories logiques et des concepts. L'esprit est donc prisonnier de la grammaire, car on ne pense qu'en termes de sujet, verbe et complément ; « on raisonne selon la routine grammaticale ».21(*)

Nietzsche est donc conscient que l'on ne peut penser que selon les formes et les limites du langage. Mais il est contestable de supposer un langage miroir de la réalité tant que, dans la désignation des phénomènes, l'expression langagière se base sur l'arbitraire - ce qui n'est pas toujours vrai. Suite à ce "don" arbitraire de concepts fait aux phénomènes, persistera toujours l'impossibilité de penser le monde adéquatement. A vrai dire, le langage est un lieu de pouvoir, au moins en tant qu'il opère par contrainte et exerce un coup de force sur les choses. Pour Nietzsche, son origine même est à rapporter à un acte d'autorité des puissants. Il est une création des maîtres en vue de la domination. Nommer, c'est symboliquement décider du sort de ce qu'on nomme, s'octroyer une prééminence sur l'objet nommé. Souvenons-nous d'ailleurs du premier acte d'autorité posé par l'homme au principe biblique du monde. Mais revenons à notre propos, en considérant l'autre versant du concept « bon », tel que développé dans l'antithèse servile.

* 19 Frédéric Nietzsche, Vie et Vérité (VV), textes choisis par Jean Granier, Paris, PUF, 1977, p. 45.

* 20 GM, p. 39.

* 21 Frédéric Nietzsche, Par-delà le bien et le mal (PBM), Paris, Union générale d'éditions, 1951, p. 39.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe