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L'importance de la route dans le développement socioéconomique d'une région : exemple de la départementale 200 ou boucle du Blouf

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par Ansou MANE
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Certificat d'aptitude à l'enseignement moyen (CAEM) 2007
  

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TROISIEME PARTIE : L'importance de la Boucle du Blouf dans le développement socio-économique de la région

Introduction

Le Blouf est une région accessible par la mer dans sa partie Ouest. Mais la part du transport maritime dans le déplacement des populations et de leurs biens est faible ; ce qui fait que la voie routière est la plus fréquentée. C'est cette importance qui donne à la Boucle du Blouf la place qu'elle occupe dans le développement socioéconomique de la région.

1. Dans l'organisation de l'espace

En observant l'espace ou le paysage du Blouf on constate que la majorité de la population de cette région occupe pour la plupart un flanc de la route. En entrant par Tendième, on note une disposition des villages sur le flanc droit ; parfois la route passe au milieu d'un village. Le centre du Blouf est vide et si une telle disposition existe, c'est parce que les populations ont toujours cherché à occuper un espace accessible qui leur permet non seulement d'être en relation avec les autres régions, mais aussi de pouvoir écouler les produits de leurs activités économiques.

Or, on ne peut pas envisager un développement quelconque sans infrastructures de communication.

Les populations en général, leurs chefs en particulier (surtout Sagna Sagna et Arfang Bessire) l'ont compris. Durant la période coloniale beaucoup d'hommes et de femmes ont été bastonnés parfois à mort au moment de la construction des routes parce qu'ils ont manqué à l'appel. On raconta l'histoire de cette femme enceinte que Sagna Sagna fit bastonner (qui a par la suite rendu l'âme) lors de la construction du tronçon Diégoune-Balingor ; ce qui a d'ailleurs précipité la chute de ce chef.

Dans presque tous les villages du Blouf les quartiers proches de la route sont plus densément peuplés que les autres. A Thiobon les populations d'un quartier plus à l'intérieur réclament le passage de la nouvelle route en construction (le projet d'amélioration de la Boucle du Blouf) dans sa périphérie.

2. Dans le développement socio-économique.

Des villages comme Tendimane, Balingor Mandégane étaient dynamiques depuis l'époque coloniale jusqu'au début des années « 80 » parce que la route du Blouf était praticable à ces endroits.

De grandes boutiques y existaient et attiraient une clientèle de presque tout le Blouf. A cette période Balingor était le centre du Blouf (durant le règne du chef de canton Alpha Bodian).

Aujourd'hui c'est l'autre côté, l'axe Diégoune-Kagnobon jusqu'à Thionck-Essyl, Tendouck. Des cars, par cette voie déversent des centaines de voyageurs, des marchandises, des produits agricoles. Tous les villages situés le long de cet axe sont approvisionnés en denrées de première nécessité à partir de Bignona ou Ziguinchor ou encore de Dakar (les cars du jeudi et du samedi). C'est par là aussi que passent pour la plupart les produits de la cueillette (madd, toll, balais), les mangues, les oranges, etc.

C'est par la route que l'on évacue les malades vers Bignona et Ziguinchor.

Les récoltes de mangues, d'oranges permettent aux populations de couvrir une partie importante de leurs besoins alimentaires. Vers les années 2003-2004, quand la Boucle du Blouf était très dégradée, les populations ont beaucoup souffert, surtout pendant l'hivernage. Des mangues ont pourri parce qu'il n'y avait pas d'acquéreurs du fait de la non praticabilité de la route.

D'après le commerçant Mamadou Dia, quand la production est abondante il peut remplir plus de 10 camions de 16 tonnes d'oranges, jusqu'à 20 camions de mangues de toutes variétés. Or, il n'est pas seul à intervenir dans ce commerce ; ils sont nombreux dans ce secteur. Si cette importante production devait être invendue à cause de l'état de la route, ce serait une perte énorme pour les populations du Blouf. Dans la quasi-totalité des villages du Blouf, c'est l'homme qui donne à manger à toute la famille pendant l'hivernage (souvent depuis le démarrage des travaux champêtres jusqu'à la récolte du riz période où la femme prend le relais). Avec l'insuffisance des pluies et la crise agricole qui en découle, ce système a changé et compte beaucoup sur ses arbres fruitiers pour couvrir ses besoins alimentaires. Pour cela, il faut toujours compter sur une bonne production mais surtout sur la praticabilité de la route.

La route a aussi un impact dans la santé des populations du Blouf. Dans cette région les infrastructures sanitaires, jusqu'à l'ouverture il y a deux ans du Centre de Santé de Thionck-Essyl, se limitaient aux soins de santé primaires et pour les cas graves les malades sont évacués à Bignona ou à Ziguinchor. Dans beaucoup de ces cas d'évacuation le échappait difficilement à la mort. En 2002 par exemple, on a assisté à des évènements insolites à Thionck-Essyl : deux femmes du quartier de Niaganane sont décédées à la suite de leur évacuation à Ziguinchor ; elles ont été enterrées la même heure dans le même cimetière avec toute l'émotion que cela a provoqué. La même année les vieux Mamadou Bassène Sambou et Ayi Le Colonel Badji sont morts en cours de route sans arriver à Ziguinchor où on les évacuait.

Parallèlement à cette situation le prix du riz a connu une hausse. Le sac de riz qui coûtait 9500f à Bignona était vendu à plus de 12000f dans certains villages surtout ceux du centre qui n'avaient de débouché que Bignona. Pendant ce temps, la voie maritime (Thionck-Essyl - Ziguinchor, Elana - Ziguinchor, Bouteum - Ziguinchor, Affiniam - Ziguinchor) se développait, mais ne pouvait même pas faire le quart de la route du Blouf.

Les populations excédées, ont agi par des correspondances, des cris de détresse au cours des tournées des autorités administratives, des politiciens ; par des marches dont celle de Mars 2005 du Blouf à Bignona.

Comme on le constate, la Boucle du Blouf est à l'image de « la route de l'espoir » en Mauritanie, et comme le Rhin en Allemagne elle organise l'espace du Blouf.

Conclusion

Sans voies et moyens de communication il est difficile de développer une région, voire y vivre. Le Blouf n'échappe pas à cette logique au moment où nous vivons la mondialisation dont le socle réside dans le développement des communications.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery