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Contribution aux stratégies de communication pour l'éradication de l'infanticide rituel en milieu Baatonu de Bori, commune de N'Dali

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par Y. Vitalien Raoul ADOUKONOU
Université d'Abomey-Calavi (Bénin) - Maîtrise 2007
  

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IV-7 Les actions des structures de lutte

Plusieurs personnes physiques et morales s'investissent dans la lutte contre le rejet et l'élimination des enfants sorciers à Bori. L'analyse socio - communautaire nous a permis d'identifier comme principale ong intervenant dans le Borgou, donc à N'Dali et à Bori, l'ong APEM. C'est aussi la principale structure reconnue par les autorités locales. Farouk KISSIRA, un natif de N'Dali, est aussi connu pour ses interventions à Bori. Les religieux à travers les cultes apportent leur contribution à la lutte contre la pratique. Le centre de promotion sociale représentant le Ministère de la famille mène aussi des actions dans ce sens.

La principale activité de toutes ces structures est la sensibilisation. Leurs actions ne s'adressent pas à des cibles spécifiques et bien identifiées. A toute la population, ces structures adressent les mêmes messages. De véritables séances de discussion ne sont pas organisées. Ce sont plutôt des séances d'information et de sensibilisation sans un réel suivi. Ces séances ne sont renforcées par aucune autre action de communication. Ceci réduit la chance de réussite de ces structures.

Par ailleurs, les femmes et les sages se retrouvent dans les mêmes lieux face à des messages identiques alors que l'organisation sociale ne le permet pas. Les femmes devraient avoir leurs séances indépendamment de celles des hommes. En effet, il est difficile en milieu baatonu, à la limite impossible, à une femme d'intervenir dans un débat en présence de son mari et de ses aînés. De plus ces actions sont rares à Bori51(*). La seule action d'envergure qui a été menée remonte à la descente de la ministre de la famille et de la protection sociale, Mme Léa HOUNKPE en septembre 2004.

Les actions les plus régulières sont les messages diffusés sur la radio Bembèrèkè pour sensibiliser les populations. Depuis un certain temps cela ne se fait plus car le contrat qui liait la radio à l'APEM a pris fin et n'a pas été renouvelé avant et après notre séjour dans la localité.

Les actions seront plus efficaces si les cibles sont clairement définies et sensibilisées en conséquence. En outre, l'on doit `'tuer'' le mal à la racine. Pour éradiquer cette croyance, la cible prioritaire doit être les jeunes ; ils sont plus réceptifs. Les actions doivent être dirigées vers eux à travers la scolarisation et la sensibilisation dans les établissements scolaires. Il importe donc de promouvoir à Bori la scolarisation des enfants et particulièrement la scolarisation des filles. Tant que la majorité des enfants n'iront pas à l'école la situation déplorée aujourd'hui n'avancera véritablement pas demain.

Pour les anciens, la sensibilisation doit porter sur des supports comme des documentaires en langue baatonu pour leur expliquer le développement du foetus dans le sein maternel. Ceci aura pour intérêt de leur montrer que la naissance par le siège est un phénomène naturel. Ce phénomène est accepté par les autres peuples. Il faut engager des discussions avec eux pour recueillir leur inquiétude et y apporter des éclaircissements.

Par ailleurs, le comité de lutte contre la traite des enfants mis en place avec le concours de l'UNICEF s'occupe plus du trafic des enfants52(*) que de l'infanticide. La plupart des structures font de la lutte contre l'infanticide une préoccupation subsidiaire dans la mesure où il y a officiellement des organismes qui les appuient dans les luttes contre l'excision et le trafic des enfants. Beaucoup de moyens sont consacrés à ces pratiques. Ce qui n'est pas le cas de l'infanticide. Cette situation confirme les résultats de l'étude sur l'infanticide au Bénin commanditée par l'UNICEF en 2001.

La lutte contre le rejet des enfants sorciers est une lourde mission qui nécessite beaucoup de moyens tant matériels, financiers, humains qu'institutionnels. Mais les ong n'ont pas les ressources nécessaires pour mener une lutte efficiente et efficace contre la pratique. Aucun volet d'aucun programme n'y est consacré. Le service Protection du Ministère de la Famille, de la Femme et de l'Enfant que cette pratique interpelle, devrait s'investir plus dans la lutte. L'UNICEF, le Fonds Mondial consacrent par moment des études à la pratique. Ils appuient aussi quelques ong qui s'y investissent. Mais cela ne suffit pas. L'Etat, garant des libertés et droits civiques, devrait s'intéresser plus à cette pratique qui prive des milliers d'enfants, même s'il n'y a pas de statistiques l'attestant, de leurs droits les plus élémentaires. Sans une prise de conscience des gouvernants, il serait difficile de vaincre cette croyance qui continue de faire du tort à des être innocents.

De plus, la lutte sera beaucoup plus efficace si les structures mettent à contribution les canaux traditionnels de communication existant encore à Bori comme les scénettes, les chansons et les danses traditionnelles au cours des bals poussières organisés tous les vendredis soirs. Les groupes folkloriques pourraient être mis à contribution.

* 51 Certains habitants de Bori racontent que depuis environ 15 ans il n'y a eu que deux actions véritables menées contre la pratique. La dernière remonte à 2004 où la ministre de la famille et de la sécurité sociale a organisé une grande séance de sensibilisation.

* 52 Le trafic des enfants est présentement un fait récurent à Bori. Les enfants sont envoyés dans les villes environnent pour y travailler.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand