Contribution aux stratégies de communication pour l'éradication de l'infanticide rituel en milieu Baatonu de Bori, commune de N'Dali( Télécharger le fichier original )par Y. Vitalien Raoul ADOUKONOU Université d'Abomey-Calavi (Bénin) - Maîtrise 2007 |
IV-5 Le début d'une prise de consciencePlus des 90% de ceux qui croient que les enfants sorciers sont des êtres maléfiques à Bori ne sont pas pour leur élimination physique. Pour certains c'est de la barbarie que de tuer ces enfants. L'infanticide est donc en train d'être délaissé lentement mais sûrement. C'est un grand pas qui est ainsi franchi surtout à Bori50(*). La mise à mort d'un enfant est un crime. Beaucoup l'ont compris. Mais peu ont compris que tout enfant est enfant et qu'un enfant qui naît par le siège ou pousse les dents par la mâchoire supérieure n'a rien de plus ni de moins qu'un enfant « normal ». La plupart des personnes qui se sont engagées dans la lutte contre l'infanticide l'ont fait par conviction et volontairement. Elles ont à un moment donné de leur existence compris par elles-mêmes que ces enfants ne sont nullement dangereux. Aussi, cela ne les effraie t-elles plus. Pour éradiquer la pratique, il faudrait que tous ceux qui partagent cette croyance soient convaincus qu'il n'y a aucune différence entre les enfants. C'est parce que les actions des structures qui luttent contre la pratique ne convainquent pas tout le monde qu'il y a des réticences et que la pratique continue. Les populations n'ont aucune preuve que le bébé qui naît par le siège est aussi inoffensif que celui qui naît la tête en avant. Seule l'éducation permettra de susciter une prise de conscience plus accrue. En effet, chez les jeunes, surtout scolarisés, l'esprit critique intervient déjà et ils sont plus réceptifs aux messages de sensibilisation. Malheureusement, ils ne sont pas suffisamment pris en compte par les campagnes de sensibilisation. Ceci ne répond d'ailleurs pas à la stratégie de segmentation du public cible qui veut que les actions commencent d'abord par les innovateurs précoces qui sont plus susceptibles au changement. Par ailleurs, il est important de déterminer le niveau des cibles selon le processus de changement de comportement proposé par Rogers. Selon ce chercheur, il y a cinq étapes principales dans l'adoption de tout comportement : connaissance, persuasion, décision, adoption et confirmation. Il importe de connaître le niveau auquel se situe chaque cible afin de déterminer les actions qui conviennent pour plus d'efficacité. La scolarisation est, dans le cas précis de la lutte contre l'infanticide, un facteur facilitant. IV-6- La scolarisation à BoriDe véritables progrès ont été fait dans l'éducation à Bori. Beaucoup de parents sont en train de comprendre la nécessité d'envoyer leurs enfants à l'école. Cependant la scolarisation reste encore très faible à Bori. Les raisons qui expliquent ce fait sont diverses : - le besoin de main d'oeuvre dans l'agriculture ; - la non effectivité de la gratuité de l'école ; - le manque d'infrastructures scolaires ; - le manque de personnels qualifiés ; - le taux élevé des frais de scolarité au collège. Le nombre de filles allant à l'école à Bori est très faible. Elles s'occupent pour la plupart d'aider leur maman dans les travaux domestiques. Nombre de celles qui ont la chance d'être inscrites à l'école n'évoluent pas. La majorité abandonne pour des raisons de maternité. En dehors de l'école classique, il faut signaler que l'alphabétisation est répandue à Bori. Il y a quatre centres d'alphabétisation dans le village. Les populations s'intéressent de plus en plus à l'alphabétisation. C'est surtout pour des raisons économiques, car elles maîtrisent mieux leurs affaires, la vente de coton par exemple. * 50 Bori est une zone à haut risque d'infanticide dit on souvent. C'est là que les enfants sorciers de toutes les communautés Baatombu du Borgou venaient faire exécuter leurs enfants. De nos jours Bori a développé des mécanismes de guérison de ces enfants. Et c'est une manière de les sauver. |
|