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Du NOMIC au Sommet Mondial de la Société de l'Information : Le rôle de l'UNESCO dans la réduction de la fracture numérique

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par Destiny TCHEHOUALI
Université Stendhal (Grenoble) / Institut de la Communication et des Médias - Master 2 Recherche - Sciences de l'Information et de la Communication 2007
  

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II- L'engagement de l'UNESCO : Le PIDC à la loupe

Le PIDC ou Programme International pour le Développement de la Communication est le seul forum multilatéral du système des Nations Unies dont l'objectif principal était depuis sa création en 1980 d'aider les pays en développement, sur leur demande, à « identifier les besoins et domaines prioritaires... et à élaborer leurs plans de développement de l'information et de la communication ». Le PIDC vise également à apporter l'appui requis pour l'élaboration des projets de développement des infrastructures à travers l'assistance d'experts ou de consultants de l'UNESCO. Conformément à la résolution de Belgrade ayant abouti à son adoption, le programme accorde une priorité décroissante aux entreprises de dimension régionale, puis sous-régionale et enfin nationale. Ainsi est confirmée la volonté des fondateurs du PIDC : « d'accroître en particulier la contribution des moyens de communication à un développement économique, social et culturel, endogène et de favoriser l'échange international de l'information ». La spécificité du PIDC est que non seulement ce Programme apporte une assistance aux projets relatifs aux médias, mais il vise également à établir les conditions favorables à l'essor de médias libres et pluralistes dans les pays en développement.

Les efforts du PIDC ont eu un impact important dans un grand nombre de domaines dont le développement des médias communautaires et des organisations de radio et de télévision, la modernisation des agences de presse nationales et régionales, et la formation des professionnels des médias. Le PIDC a distribué quelque 90 millions de dollars pour plus de 1000 projets dans 139 pays en développement et pays en transition. Depuis 1980, le PIDC aide donc les pays en développement à accroître leurs capacités en matière de communication et à améliorer la formation dans ce domaine. Le programme intergouvernemental « Information pour tous » (PIPT)49, mis en place plus récemment en janvier 2001, est une autre plate-forme de réflexions et d'actions pour soutenir le PIDC tout en contribuant à la réduction de la fracture numérique.

49 Le PIPT est un programme intergouvernemental créé en 2000. Il est étroitement intégré aux activités du Programme ordinaire de l'UNESCO, en particulier dans le domaine de la communication et de l'information. Le PIPT travaille en étroite collaboration avec d'autres organisations intergouvernementales et des ONG internationales, en particulier avec celles qui sont spécialisées dans la gestion et la préservation de l'information, comme la Fédération internationale des associations de bibliothécaires et des bibliothèques (IFLA) et le Conseil international des archives (CIA). Au début de 2006, on dénombre déjà plus de 50 comités nationaux pour le PIPT qui concrétisent l'orientation du Programme au niveau des pays et permettent d'interpréter et de promouvoir la vision du PIPT dans les communautés locales.

Mais depuis bientôt trois décennies, le PIDC dont la création était intervenue dans un contexte justifié de déséquilibre des flux transfrontières et de revendication d'un NOMIC et qui avait pourtant pour but de « réduire l'écart entre les divers pays dans le domaine de la communication » n'arrive pas à prendre un véritable envol. Selon l'expression de l'un de ses initiateurs, Mustapha Masmoudi, le programme donne aujourd'hui l'image d'un mécanisme qui « tourne dans le vide ». En effet, le frein au développement international de l'information et de la communication s'explique par les difficultés financières pour faire face aux urgences multiples dans les pays les moins avancés. Entre temps, le nombre de ces pays, au lieu de régresser avec les programmes de redressement structurels de la Banque mondiale et du Fonds Monétaire International a, au contraire, progressé passant de 25 pays en 1971 à 49 en 1991. Ceci nous fait penser à un probable «développement du sous-développement » en référence à l'expression de Pierre Jalee.

Quoiqu'il ait approuvé en vingt ans 700 projets relatifs à la communication dans 130 pays en développement, le PIDC n'a financé que le tiers des projets présentés. Le montant de ces financements s'est élevé à 78 millions de dollars, mais ceci reste une somme de loin en deçà des besoins. « Même multiplié par dix ou vingt fois, le budget du programme ne parviendrait à satisfaire les besoins de la communication du Sud. Il faut explorer de nouvelles pistes de financement » estime le Vénézuélien M. Antonio Pasquali, ancien sous-directeur général de l'UNESCO faisant remarquer que « le progrès technologique caractérisé par l'obsolescence artificielle des TIC et du matériel informatique rend dérisoire tout effort de rattrapage ». Face à l'indifférence de la plupart des pays industrialisés du Nord (excepté l'effort financier remarquable de la France et des pays scandinaves) par rapport à la situation, la mission du PIDC semble relever en plein parcours de l'impossible. Comment, en effet, développer la communication et en équilibrer la circulation quand on sait que le taux de connexion Internet en Afrique ne représente que 0,04% du taux mondial ? A en croire les experts en communication ayant travaillé sur le PIDC, son bilan après des années d'existence se résume à la somme d'un certain nombre de carences s'énonçant en termes de lenteur de procédures, difficulté d'apprécier la manière dont un projet s'intègre dans le plan de développement général d'un pays, de la justifier et de l'évaluer, insuffisance de crédits,... Peut être que les modestes résultats du PIDC et l'impression de blocage qui se dégage de son bilan de fonctionnement trouveraient leurs explications dans les raisons similaires à l'échec du NOMIC puisque le programme était entre autre un instrument stratégique pour baliser l'environnement à un nouvel ordre mondial tant réclamé par les pays du Sud.

Heureusement qu'il y a aujourd'hui un regain de confiance des donateurs ayant amené le Bureau du Programme international pour le développement de la communication (PIDC) à décider de financer 74 projets de développement des médias (dont 31 concernent l'Afrique) dans 59 pays en développement, lors de sa 51ème réunion annuelle (du 27 au 29 mars 2007 au Siège de l'UNESCO). Les pays donateurs qui soutiennent le PIDC ont augmenté de manière significative leur contribution financière en 2006, ce qui a permis au programme de recueillir cette année près de 2,7 millions de dollars à consacrer à des projets de développement des médias.

Les principaux donateurs ont été le Danemark (445 000 dollars en 2006), l'Espagne (531 000 dollars en 2006), les Etats-Unis (305 000 dollars en 2006), la Finlande (250 000 dollars en 2006), la Norvège (654 000 dollars sur deux ans) et la Suisse (501 000 dollars sur trois ans). La Finlande et la Norvège ont doublé leur assistance financière au PIDC, tandis que la contribution des Etats-Unis a été multipliée par cinq et celle de l'Espagne par dix.

Nonobstant ce regain d'intérêt des pays donateurs, les espoirs sont beaucoup plus tournés aujourd'hui vers le Fonds de Solidarité Numérique. Le FSN réussira-t-il là où le PIDC semble être tombé en panne sèche (par manque de carburant financier nécessaire pour conduire ses nombreux projets jusqu'à terme) ? Ou l'histoire n'est-elle qu'un éternel recommencement et que la solidarité numérique est juste l'invention d'un nouveau concept pour entretenir les imaginaires sociaux de la technique en Afrique et ressusciter les espoirs des actions entreprises dans le cadre du PIDC ?

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