II- Bilan sommaire et critique du SMSI : de Genève
à Tunis
Le terme « société de l'information »
a été formalisé la première fois en 1998 lors de
l'Assemblée plénipotentiaire de l'UIT. C'est aussi dans la
même année que l'ONU approuve le projet d'organiser un Sommet
mondial sur la société de l'information dont l'objectif serait de
: « Faciliter effectivement le développement de la
société de l'information et contribuer à réduire la
fracture numérique ». Mais avant la tenue effective du Sommet, il y
a d'abord eu en 2000, l'organisation du Forum économique mondial de
Davos qui a lancé la Global Digital Divide Initiative, regroupant des
gouvernements, des ONG et surtout de grandes entreprises comme AOL Time Warner
et Microsoft, dans le but de «transformer le fossé numérique
en une opportunité pour la croissance ». Le G8 est ensuite
entré en scène avec la publication de la Charte d'Okinawa sur la
société globale de l'information et la mise sur pied de la
Digital Opportunity Task Force (Dot Force). En décembre 2001, la
Commission européenne a, de son côté, adopté un
projet destiné, selon les mots du commissaire au développement
Poul Nielson, à «mettre les TIC au service des pauvres de la
planète ».Ces stratégies axées sur le
développement s'accompagnent le plus souvent de mesures de privatisation
et de libéralisation qui sont présentées par leurs
promoteurs comme une condition essentielle de la baisse des coûts de
connexion et qui sont dénoncées par d'autres comme une
aggravation de la dépendance et des inégalités. Le sommet
réussira-t-il à unifier ces points de vue divergents par rapport
aux enjeux «techno-marchands» du couplage de l'informatique avec les
télécommunications pour le tant prôné «
accès universel à une multitude d'informations en temps voulu
» ? Pour Koffi Anan, « cette réunion planétaire est un
moyen unique pour développer une vision commune quant aux moyens de
surmonter le fossé numérique.» 36 Même son
de cloche chez Yoshio Utsumi, Directeur de l'UIT : « le Sommet doit
aboutir à une vision commune entre les chefs d'Etats, le secteur
privé et la communauté des organisations non-gouvernementales
quant à la façon d'aboutir à un développement
durable grâce aux technologies de l'information et de la
communication». La préparation du Sommet a regroupé trois
conférences préparatoires intergouvernementales (Prepcoms), ainsi
que quatre conférences régionales (Afrique; Europe, Etats-Unis et
Canada; Asie et Amérique latine). A ces réunions officielles, il
faut ajouter une longue liste de manifestations et de rencontres
organisées notamment par l'UNESCO qui a toujours joué un
rôle déterminant ces dernières années pour
promouvoir la liberté d'expression et la libre circulation de
l'information.
36 Brochure d'information du SMSI, éditée par le
Secrétariat exécutif du Sommet, Genève, juin 2002.
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