I.2.3- UN DISPOSITIF GLOBAL DE
FORMATION PROFESSIONNELLE EN LAMBEAUX
Assez naturellement, c'est vers la puissance colonisatrice
que le Sénégal s'est tourné, pour s'inspirer d'un
modèle de formation professionnelle agricole.
Nous avons déjà eu à évoquer le
fait que pour l'essentiel, la formation des producteurs agricoles a en
réalité été le fait de la vulgarisation et de
l'encadrement technique, les agents techniciens de l'Etat ayant pour
principale, voire unique mission, de s'assurer de la bonne application des
recommandations techniques et de « paquets technologiques »
imposés aux agriculteurs.
Cependant, plusieurs tentatives pour implanter des
systèmes de formation agricole, formelle et non formelle, ont vu le
jour, toujours à titre plus ou moins expérimental. Nous
dresserons un rapide portrait d'ensemble des instruments mis en place.
I.2.3.1- Formation de
techniciens et encadreurs
La formation des techniciens a toujours relevé
exclusivement du dispositif de formation public. A notre connaissance, la plus
ancienne école date de 1938 : il s'agissait alors d'un centre de
formation d'aides-vaccinateurs ; celui-ci a évolué au fil du
temps pour devenir d'abord l'Ecole des Agents Techniques d'Agriculture10(*), puis en 1990, le Centre National de
Formation des Techniciens d'Elevage et des Industries Animales. (CNFT.EIA)
La seconde à voir le jour sera l'école
d'horticulture de Dakar en 1962, destinée à former les ouvriers
de la Direction des Parcs et Jardins publics de Dakar ; basée dans
la banlieue de Dakar, elle existe toujours sous le nom de Centre de Formation
Professionnelle Horticole de Cambérène, et délivre un CAP
et un Brevet de Technicien Horticole.
Au cours des années 60 et 70, d'autres écoles de
techniciens ont été créées, en nombre très
limité cependant ; citons pour information :
- n L'école des agents techniques d'agriculture, située
à Ziguinchor, en Casamance (aujourd'hui CNFT Agriculture et Génie
Rural) ;
- n L'école des agents techniques des eaux et Forêts
(Ziguinchor également)
- n L'Ecole des Cadres Ruraux de Bambey (Ingénieurs des Techniques
Agricoles) ;
- n L'Institut National des Sciences Agronomiques, de Thiès, au
milieu es années 80, devenu aujourd'hui ENSA (Ingénieurs
Agronomes) ;
- n Et plus récemment, les Lycées d'Enseignement Technique
Agricole de Bignona (2003) et de Thiès (rentrée 2007), sous
tutelle du Ministère de l'Education alors que toutes les autres
écoles de niveau technicien relèvent depuis 1998 de
Départements ministériels sectoriels.
Une particularité mérite d'être
soulignée à ce stade : tous ces centres revêtent un
caractère monopolistique, en ce sens qu'ils constituent des cas uniques,
chacun dans leur spécialité ou domaine de formation.
Ajoutons également que, jusqu'à la
décision prise au début es années 90 de mettre un terme au
recrutement automatique dans la Fonction Publique des sortants de ces
écoles, toutes formaient uniquement des
élèves-fonctionnaires, ainsi qu'un nombre variable mais non
négligeable de jeunes ressortissants de pays d'Afrique de l'Ouest et du
Centre.
« Par définition » pourrait-on
dire, aucun producteur au sens « commun » ne pouvait y
accéder, même s'il convient de remarquer que depuis 1992, quelques
techniciens formés et non fonctionnarisés se sont malgré
tout installés comme exploitants agricoles. Cette réalité
est cependant marginale et ne concerne que quelques individus, souvent
pluri-actifs ; du reste, aucun décompte n'est disponible.
* 10 On remarquera que cette
appellation renvoie à un grade de la Fonction Publique, plus qu'à
un diplôme.
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