Le Réseau Formation Fleuve au Sénégal : pour une régulation participative de l'offre de formation agricole et rurale( Télécharger le fichier original )par Xavier MALON Université Toulouse 1 Sciences sociales - Diplôme d'Université - Ingénierie de formation et des systèmes d'emploi 2007 |
III.2- ACTEURS ET SYSTÈMES EN PRÉSENCENotre approche, délibérément systémique, va conduire notre regard à se focaliser sur deux catégories d'éléments essentiels à la compréhension52(*) ; il s'agit :
III.2.1- LES INVARIANTS DU SYSTÈME RESOFIII.2.1.1- Les informations porteuses de sensIII.2.1.1.1- La demande initialeLa demande initiale qui conduira à la création du RESOF est d'origine exogène ; sa formulation résulte des recommandations du groupe de travail national qui conduiront à la validation de la stratégie nationale de formation agricole et rurale, lors de l'atelier national de mai 1999. De plus, les acteurs les plus volontaires et les plus influents à l'origine de cette dynamique appartenaient au monde de la recherche, et non à celui de la formation. On peut donc craindre, dès ce stade, que les professionnels de la formation se soient résignés « à montrer dans le train des réformes », sans nécessairement en partager les motivations, mais prêts à en saisir les opportunités qui pourraient leur convenir. En forçant le trait, nous sommes tentés de parler de mensonge par omission. III.2.1.1.2- Le déclencheurLe déclencheur, qui a permis de passer de la théorie à l'application, nous semble bien être le programme d'appui au renforcement des capacités des acteurs du monde rural au Sénégal, conçu et financé par le Bureau d'Appui à la Coopération sénégalo-suisse. Ce partenaire au développement est managé par d'anciens chercheurs de l'Institut Sénégalais de Recherche Agronomique, très actifs lors de la conception de la stratégie nationale. Ce déclencheur est donc beaucoup plus proche d'un prolongement de la demande initiale, telle que rappelée ci-dessus, que d'une préoccupation forte des principaux acteurs de la FAR dans la Vallée du Fleuve Sénégal. Ces deux premières informations appuient l'impression que, à défaut de subir, les acteurs régionaux sont restés pour le moins passifs jusque très tardivement dans le processus de création du RESOF. III.2.1.1.3- Les niveaux d'objectifsLe repérage des différents niveaux d'objectifs est destiné à mieux éclairer l'orientation et la cohérence de la demande. Au chapitre précédent (« une finalité équivoque »), nous avons tenté de montrer l'évolution des objectifs assignés au RESOF depuis son origine, et leur caractère ambigu au moment de sa création. Si nous convenons d'appeler N la période se situant juste avant la conception du RESOF, les niveaux d'objectifs se déclinent selon nous de la façon suivante : · Objectif à la date N Mettre en place un pôle de formation régional, pour faire jouer la complémentarité de compétences dispersées sur le territoire, et bénéficier d'économies d'échelle. · Objectif N+1 (proposition du groupe de réflexion préalable à l'assemblée générale constituante) Mettre en place une organisation de type réseau,
légère, informelle et sur une base volontaire, ayant pour
finalité de contribuer à l'élaboration d'une politique
régionale de formation agricole et rurale au service du
développement. On notera que ces trois objectifs, s'intéressant spécifiquement à l'offre de formation, ne convergent pas nécessairement vers la finalité avancée, à savoir contribuer à l'élaboration d'une politique régionale de formation. · Objectif N+2 En perspective, les acteurs envisageaient par la suite de contribuer, via cet instrument, au pilotage du secteur de la FAR dans la Vallée, afin de peser sur les orientations et l'allocation des financements. Cet objectif n'est sans doute pas étranger au poids équivalent de la représentation des acteurs situés tant sur la demande que sur l'offre de formation, au sein du RESOF. La formation professionnelle figurant au nombre des domaines de compétences transférés aux collectivités locales, et au vu de leur absence d'engagement dans ce processus, nous sommes en droit de douter du réalisme (à l'époque) des membres du RESOF, qui souhaitaient atteindre via celui-ci un poids « politique » pour peser significativement sur les orientations en matière de politique régionale de formation. Dans un autre registre, le staff technique du RESOF, composé du Secrétariat, de l'animateur et du directeur du CIFA, modérateur, a cru devoir préciser lors de l'assemblée générale de décembre 2005 que l'appui en équipements pédagogiques aux structures de formation n'entrait pas dans la vocation du Réseau. Nous retiendrons, pour ce qui nous concerne, que l'objectif réaffirmé de cadre de concertation et d'échanges d`expériences entre bel et bien dans une logique de régulation participative, où l'amélioration de la qualité des prestations se construit au quotidien par effet d'entraînement, plutôt que par l'instauration de procédures réglementaires descendantes, dont l'application et le contrôle se sont toujours révélés problématiques à la mise en oeuvre. Néanmoins, ce point positif est handicapé par l'adjonction d'autres objectifs, qui sont de nature à empêcher tous les acteurs en présence d'atteindre une vision partagée et claire du but à atteindre ; c'est ainsi que nous comprenons une partie des activités récentes de l'organisation, visant à dérouler des plans minimaux de formation des producteurs ; leur logique (et leur apparente incohérence avec les objectifs de départ) seront exposées dans la partie consacrée aux acteurs du système. * 52 D'après le référentiel d'accès à la complexité proposé par D. BERIOT, dans son ouvrage « Manager par l'approche systémique » - Editions d'organisation 2006 ( préfacé par Michel CROZIER) |
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