La demande de formation
L'AFNOR précise que « la demande de formation
est l'expression d'un souhait ou de résultats attendus, exprimés
par des personnes salariées ou non, des responsables
hiérarchiques, des entreprises ou institutions ».
Il est généralement admis jusqu'à
aujourd'hui qu'une demande de formation, s'il y est donné suite, va
enclencher un processus d'ingénierie de formation devant
nécessairement conduire à la définition de besoins de
formation.
Dans l'économie « formelle », les
processus sont parfaitement normalisés ; ainsi, la norme AFNOR NF X
50- 756 définit elle les informations à communiquer par une
entreprise (client) à ses prestataires potentiels, pour l'aider à
clarifier sa demande afin d'obtenir une prestation de service correspondant
à ses besoins.
Or, il n'existe pas une, mais des demandes, qui peuvent
être contradictoires en fonction des points de vue respectifs des
différents acteurs d'un secteur donné. De même, au sein
d'une même organisation, il est important de savoir qui porte la demande,
s'il en est à l'origine ou non, quels sont les réseaux informels
internes, pour mieux relativiser l'importance des fonctions officielles
détentrices de pouvoir dans l'organigramme.
Mais surtout, on ne peut considérer comme un manque ce
qu'on ignore ; pourtant, dans la majorité des cas, on sollicite la
formation dans l'espoir inconscient qu'elle soit la réponse la mieux
adaptée au problème plus ou moins exploré du moment, ce
qui est tout sauf évident.
Souvent aussi, la formulation d'une demande de formation
s'apparente dans le milieu de l'entreprise à un moyen de satisfaire
à bon compte les revendications des partenaires sociaux.
Si l'on tente de recontextualiser ces différentes
données à prendre en considération, pour les utiliser dans
le secteur du développement rural au Sénégal, on
s'aperçoit assez rapidement que leur niveau de sophistication les rend
impropre à un usage tel quel (copier-coller). Cette inadaptation tient
pour l'essentiel aux caractéristiques suivantes du contexte
d'intervention :
- n Secteur économique informel à plus de 90 %,
- n Public potentiel très majoritairement analphabète,
- n Faible organisation des filières, des branches,
- n Pouvoir d'achat très limité (au Sénégal, la
pauvreté est rurale à plus de 75 %), qui annihile en partie la
capacité décisionnelle du demandeur, contraint de se plier aux
exigences du bailleur de fonds.
A notre sens, la demande de formation est ainsi une notion
qui, souvent, est mise en avant trop tôt : parler de demande de
formation dès la phase de l'expression d'une demande d'appui revient
à considérer à priori que la réponse-formation va
de soi.
Il ne faut pas oublier également que cette demande peut
avoir été exprimée formellement (courrier adressé
à un prestataire), qu'elle peut avoir été suscitée
dans le cas du démarrage d'un nouveau projet, ou encore reposer sur un
rapide recueil de « doléances », à l'occasion
d'une tournée d'animateurs de terrain.
Dans ces conditions, on ne s'étonnera pas que le
consultant, ou pire le formateur appelé à la rescousse pour
établir un diagnostic préalable (et souvent rapide), se fasse un
devoir de proposer une liste plus ou moins longue de besoins de formation
à satisfaire.
|