Là ou partout ailleurs dans le pays (Dakar
excepté) les ressources financières font défaut, rendant
problématiques les contributions financières même modiques
des bénéficiaires des appuis, la Vallée fait exception. Il
faut souligner la contribution singulière des émigrés qui
rapatrient une partie de leurs revenus.
Ces fonds seraient de l'ordre de 50 milliards de Francs CFA
par an, si l'on se base sur les mouvements comptabilisés (Transfert
union notamment).
Ainsi à Bakel, petite ville proche de la
frontière malienne, il n'est pas are que le petit commerçant de
détail vous rende la monnaie ...en Euros.
Il convient bien sûr de rappeler également
l'importance des investissements lourds consentis dans l'agriculture
irriguée depuis les années 60, par le truchement de la
société d'aménagement des terres du delta (SAED) ;
cette structure étatique tentaculaire durant les deux premières
décennies, a employé des effectifs considérables de
techniciens et encadreurs.
L'ambition de faire de cette région le grenier à
riz (après le coton et l'indigo) s'est traduite par l'aménagement
de nombreux périmètres irrigués en gestion collective,
confiés à des unions hydrauliques qui négocient chacune
des centaines de millions de FCFA de prêts annuels avec la Caisse
National de Crédit Agricole.
Enfin, l'installation d'agro-industries pour rentabiliser en
partie les investissements hydro-agricoles est une autre
spécificité de la région ; la SOCAS (concentré
de tomate), la CSS (canne à sucre), et tout dernièrement les
Grands Domaines du Sénégal (Fruitière de Marseille) pour
les cultures maraîchères d'exportation versent chaque mois une
masse salariale importante (les GDS emploient jusqu'à 3500 saisonniers,
et ce n'est qu'un début).
Les masses financières qui drainent ainsi
régulièrement la Vallée ne sont donc pas
étrangères à l'importance des multiples dynamiques
locales. Il en va ainsi dans des domaines très variés :
Plans locaux de développement, charte du domaine irrigué, mise en
place d'un cadastre dans plusieurs Communautés Rurales (échelon
de base de la décentralisation), implantation du conseil de gestion et
comptabilité pour les Organisations Professionnelles Agricoles, tourisme
et croisière fluviale, centre de formation paysanne, soutenu par la
Coopération française et reconnu d'utilité publique par
l'Etat, etc.
Ce n'est donc pas un hasard si l'expérimentation d'un
dispositif de régulation participative de la Formation Agricole et
Rurale s'est porté instinctivement sur cette région, et y a
rencontré un écho favorable.