I.2.3.2.2- L'offre de formation professionnelle
continue (professionnels en activité)
Cette offre est éminemment plurielle, mais au final
très peu diversifiée. Le secteur public est moins présent
que dans le domaine de la formation initiale : seuls subsistent
aujourd'hui deux Centres de Promotion Agricole, en quasi cessation
d'activité.
Mis en place durant la période du Programme Agricole,
caractérisée par un fort interventionnisme de l'Etat dans les
années 70 (intrants, commercialisation, équipements et
subventions, encadrement) grâce à l'appui technique et financier
du Bureau International du Travail (BIT), ce dispositif qui comprenait
également des centres de formation d'artisans ruraux a vécu sous
perfusion, de façon relativement artificielle : les adultes en
formation étaient obligatoirement de jeunes couples, et la bourse
accordée, à laquelle s'ajoutait le fruit de leur travail pratique
sur l'exploitation « moderne » du centre de formation
durant toute une année, étaient censés leur permettre de
s'installer ensuite à leur compte, avec un capital de départ.
Mis à part ce cas anecdotique, l'ensemble de la
formation continue proposée aux producteurs en activité est le
fait d'ONG, de consultants individuels et bureaux d'études, et de
quelques (mais rares) fédérations d'Organisations
Professionnelles. Elle est de très courte durée (un jour à
une semaine) et revêt un caractère très ponctuel, du fait
de l'incertitude liée aux canaux de financement, largement
exogènes au milieu rural.
Autrement dit, l'élaboration rationnelle d'un plan de
formation se heurte en général (pour sa mise en oeuvre) à
la rareté ou l'imprévisibilité des bailleurs de fonds
intéressés. (les possibilités de contribution
pécuniaire des bénéficiaires directs permettant rarement
de dépasser 10 à 20 % du budget nécessaire).
Enfin, et bien que ce secteur de la formation fasse l'objet
d'une forte marchandisation, en raison de la forte compétition des
acteurs en présence sur l'offre, la qualité ne semble pas au
rendez-vous tant l'impact global apparaît manquer de
visibilité.
L'expression de la demande est encore largement
conditionnée par l'offre de services non renouvelée, souvent plus
proche de l'organisme financeur que le demandeur lui-même.
Même dans les cas où les producteurs, via leurs
organisations représentatives, sont réellement les commanditaires
des actions de renforcement de capacités qu'ils sollicitent,
l'expérience montre que les actions déroulées ne sortent
pas des sentiers battus :
· aux femmes les thèmes récurrents de
fabrication de savon ou de teinture et tricot ;
· aux hommes, l'embouche bovine et le maraîchage,
« de A à Z » et du nord au sud du pays.
L'inventaire des libellés des multiples actions de
formation entreprises par les projets, programmes, ONG et même par les
Organisations professionnelles agricoles prouve à loisir qu'il ne s'agit
pas d'une exagération.
Dès lors, on pourrait presque affubler l'offre de
formation (dans son acception globale) des qualificatifs d'apesanteur et
d'atemporelle.
En conclusion, nous ne pouvons nous empêcher de
remarquer que la plupart de ces établissements de formation
professionnelle s'adressent principalement voire exclusivement, au
marché du travail...salarié (pour la formation initiale), ou
à un public considéré comme captif car peu solvable par
lui-même (formation continue).
Or, le secteur agricole, et plus largement rural, se situe
très majoritairement dans le secteur informel, lequel valorise
plutôt mal le diplôme acquis. Pire, l'emploi dans le secteur
agricole est en réalité de l'auto emploi, dans plus de 90% des
cas, et la prise en compte du profil de chef d'entreprise (ou chef
d'exploitation) est totalement absente des référentiels et
programmes de formation en vigueur.
Il y a là matière à réflexion, au
niveau de la définition des politiques éducatives nationales,
d'autant plus que les singularités évoquées ci dessus pour
caractériser le secteur rural se trouvent être les mêmes
dans les secteurs secondaires et tertiaires (rappelons à nouveau les
données issues de l'étude de Pierre Debouvry d'octobre 2004,
basée sur les données officielles au plan
macro-économique, qui font état d'un secteur formel national ne
représentant que 8% de l'emploi et auto-emploi, secteurs public et
privé confondus).
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