2.1.2. Test de corrélation
Le coefficient de corrélation de Pearson est la
statistique de corrélation la plus communément utilisée
car bien adaptée aux données quantitatives continues. Sa valeur
est comprise entre -1 et 1 et il mesure le niveau de relation linéaire
entre deux variables. Notons que le coefficient de Pearson au carré,
appelé R², donne une idée de la proportion de
variabilité d'une variable explicable par l'autre. Les p-values
calculées pour les coefficients de corrélation permettent de
tester l'hypothèse nulle de corrélation non significativement
différente de zéro entre les variables. Cependant, il convient
d'être prudent car, si l'indépendance entre deux variables
implique la nullité du coefficient de corrélation entre les
variables, la réciproque n'est pas vraie : on peut avoir une
corrélation proche de zéro entre deux variables parce que la
relation n'est pas linéaire, ou parce qu'elle est complexe et
nécessite la prise en compte d'autres variables.
Afin de tester le lien entre l'efficience des dépenses
militaires et la gouvernance, nous avons retenu deux spécifications.
Dans un premier temps, les dépenses militaires sont introduites en
termes de niveau et, dans un second temps, elles sont introduites en termes de
degré d'efficience. Nous obtenons le tableau suivant :
Tableau 7 : Matrice de corrélation
(Pearson)
Variables
|
Dépenses militaires
(% PIB)
|
Score d'efficience
des dépenses militaires
|
GOUV
|
-0,243
|
0,292
|
Voix citoyenne
|
-0,294
|
0,335
|
Stabilité politique
|
-0,357
|
0,258
|
Efficacité de l'action publique
|
-0,156
|
0,268
|
Qualité de la réglementation
|
-0,333
|
0,278
|
Etat de droit
|
-0,152
|
0,314
|
Contrôle de la corruption
|
-0,002
|
0,127
|
Les valeurs en gras sont significativement
différentes de 0 à un niveau de signification alpha=0,1
2.2. Interprétations des résultats et
recommandations
2.2.1. Interprétations des
résultats
Les résultats de la première régression
montrent l'effet négatif des dépenses militaires sur la
gouvernance, aussi bien sur l'indice synthétique (GOUV) que sur les
différents indicateurs de gouvernance. Les pays qui dépensent le
plus dans les services militaires ne sont, non seulement, pas les plus
efficients (Cf. Chapitre 2), mais aussi ils ont un niveau de gouvernance
très faible. Une augmentation des dépenses militaires ne peut
alors qu'être néfaste à la gouvernance et aussi à
l'économie.
Néanmoins, l'introduction des scores d'efficience
permet de dégager des résultats différents. En effet,
à partir de la deuxième régression, il apparaît que
les scores d'efficience sont positivement liés à la gouvernance,
aussi bien avec l'indice synthétique de gouvernance que lorsque l'on
prend isolement chacun des indicateurs de gouvernance. Ce qui permet de
conclure qu'une amélioration de la gouvernance aura des effets
bénéfiques sur l'efficience économique des dépenses
militaires.
Les signes attendus sont bien présents dans nos
résultats, à savoir que la gouvernance est négativement
liée au niveau des dépenses militaires, mais est positivement
liée à l'efficience des dépenses militaires. Toutefois,
ces résultats empiriques ne sont pas statistiquement significatifs,
notamment pour ce qui est de l'indice synthétique de gouvernance. Ceci
pourrait se comprendre si on suppose que la gouvernance agit pleinement sur
l'efficience avec le temps. En effet, il pourrait exister un délai entre
la mise en oeuvre des réformes de bonne gouvernance et leurs effets
escomptés sur l'efficience des dépenses publiques et plus
spécifiquement des dépenses militaires. La
non-significativité des coefficients peut également s'expliquer
par l'omission de certaines variables, au-delà de la gouvernance,
pouvant agir sur l'efficience des dépenses militaires.
En Afrique, la gouvernance n'a pas encore atteint son meilleur
niveau malgré quelques avancées notables. Dans le rapport de la
Banque Mondiale sur la gouvernance, Kaufmann et al (2007) montrent que certains
pays africains font des progrès considérables sur la voie de la
bonne gouvernance. Or, améliorer la gouvernance aiderait à
combattre la pauvreté et à relever les conditions de vie des
populations. Là où des réformes sont engagées, la
gouvernance peut être améliorée assez rapidement, car comme
le montre Kaufmann (2007), « il est possible de faire des
progrès significatifs en matière de gouvernance en un laps de
temps relativement court. Cette amélioration de la gouvernance est
essentielle pour assurer l'efficacité de l'aide et une croissance
à long terme ».
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