Chapitre 2 : La segmentation en marketing
bancaire
I Le concept de segmentation en marketing bancaire
Dans un secteur très dynamique comme le secteur
bancaire, il faut souligner un développement des nouvelles offres et une
segmentation croissante.
Le marketing bancaire7(*) est un marketing des services8(*), même s'il présente
des spécificités bien établies, emprunte un bon nombre
d'outils et de schémas d'analyse de portée plus
générale, donc de théorie du marketing fondamental, tous
ces éléments vont de pair : La saturation du marché
exige une diversification et une segmentation.
La segmentation est l'art et la science de diviser les
populations en groupes distincts. L'idéal est que chaque groupe se
différencie des autres et que tous soient représentés. Les
groupes doivent être homogènes, les individus sont plus ou moins
similaires dans chaque groupe, et à l'inverse ils se démarquent
clairement de ceux des autres sous-ensembles.
La segmentation peut être établie à partir
du comportement des consommateurs, du profil d'utilisateurs types, de besoins,
de problème à résoudre...
Les segments peuvent être composés d'individus,
de foyers, d'entreprises, de villes, de régions...
La difficulté est de pouvoir segmenter de la
manière la plus pertinente, chaque groupe doit être affiné
le plus possible pour créer une adéquation entre l'offre et les
attentes, mais aussi de prévoir les nouvelles offres.
Depuis quelques années, la banque cherche à
prendre réellement en considération les goûts et les
besoins des consommateurs financiers, particuliers ou entreprise, et leur
accorde de plus en plus fréquemment la priorité sur les
désirs techniciens de la banque.
L'une des particularités de l'activité bancaire
est la structure double de son marché si l'on distingue : le
marché amont des prêteurs, des déposants véritables
fournisseurs de matière première ; et le marché aval,
celui des emprunteurs, c'est-à-dire des consommateurs de produits
fabriqués par le processus de transformation bancaire.
Ces deux types du marché bancaire consomment des
produits clairement distincts mais inscrivent leur comportement dans un
même processus de décision et sont influencer par des facteurs
similaires déterminant leurs choix.
II Les critères de segmentation
En marketing bancaire, on peut percevoir plusieurs types de
segmentations, mais la segmentation la plus apparente est celles d'un
classement par tranches de revenus ou types d'activité. Cette
segmentation nous conduit à différencier entre :
Particuliers, PME, Grandes entreprises...
Il existe également une segmentation par le risque
perçu avant l'achat de services. Le développement de
l'étude du risque perçu a révélé cinq types
de risques selon la nature des conséquences : risque financier, de
performance, physique, social ou psychologique9(*).
La segmentation par type de client bancaire nous conduit
à déterminer trois dimensions :
- Le client-consommateur :
c'est le client qui consomme et développe des besoins de
trésorerie, d'épargne, de retraite, de constitution de
patrimoine. Son comportement est analysé selon ses besoins. Pour
répondre à ses attentes la banque structure son offre de
manière à constituer des familles différenciées de
produits et de services.
- Le client-prospecteur :
c'est le client qui veut savoir où acheter et non ce qu'il faut acheter
et donc arbitrera entre plusieurs points de vente. Son comportement est
étudié selon ses processus de choix d'un point de vente, il
apparaît ainsi deux formes de
clients-prospecteurs :
- le client flux : qui effectue son choix en raison de
la proximité du point de vente ou de sa facilité
d'accès.
- le client trafic, qui effectue son choix pour des raisons
autres que la proximité : bouche à oreille, image de
l'enseigne, habitudes familiales, recherche de compétences
spécifiques.
- Le client-acheteur : c'est
le client qui achète et dont il faut connaître les processus
d'achat et les comportements face aux divers espaces de vente et face aux
divers produits. Son comportement est analysé pour détecter,
parmi les différents types de produits, ceux qui font l'objet d'achats
spontanés et ceux qui déclenchent un processus de décision
plus complet. L'existence ou non d'une phase préalable à l'achat
plus ou moins développée est un précieux indicateur pour
l'organisation de l'activité du point de vente et permet notamment de
définir : le temps consacré à chaque type d'achat,
l'information nécessaire, le degré d'autonomie souhaité
par le client, le degré de confidentialité souhaité,
etc.
L'explication des motivations et du comportement du
consommateur face aux produits et services bancaires réside, comme pour
tout autre produit, dans deux types de facteurs : quantitatifs et
qualitatifs. Les premiers sont mesurables et clairement identifiables, par
exemple, le revenu, l'âge, etc.
Les seconds, qualitatifs, sont détectés par
l'analyse psychologique ou sociologique. Ces variables individuelles sont
sources de différenciation des attitudes et donc de segmentation des
attentes du marché.
1. Les caractéristiques
sociodémographiques :
Elles sont souvent utilisées dans les segmentations de
clientèle. En effet elles présentent toutes l'avantage
d'être mesurables en étant à la fois objectives et
quantifiables. L'âge, le sexe, la situation familiale, la zone d'habitat,
le statut professionnel, le revenu, le niveau d'éducation sont les
variables les plus exploitées.
L'âge, le revenu disponible et le temps disponible sont
les variables les plus importantes dans le domaine bancaire pour
déterminer les cibles les plus disposées à acquérir
certains services financiers.
L'âge est une caractéristique importante aux yeux
des responsables de marketing dans la mesure où cette variable
présente une relation forte et significative avec le comportement
d'achat :
- La clientèle des jeunes, que les banques souhaitent
attirer puis fidéliser, a fait l'objet d'actions marketing
spécifiques à des âges de plus en plus précoces.
- Le segment des 34-49 ans, est celui qui dispose du revenu
le plus élevé et du moindre temps. Ce segment est
vraisemblablement intéressé par la gestion de portefeuille.
- Les masters (50-59 ans), à fort revenu disponible,
gros consommateurs et disposant de temps libres mais en quantité
modérée.
- Les libérés (60-74 ans), à revenu
disponible maximal (désendettement total) et disposant du plus de temps
libre.
- Les retirés (75 ans et plus), à pouvoir
d'achat et appétit de consommation plus faibles, tant
économiquement que psychologiquement, et disposant de beaucoup de temps
libre.
2. Les influences sociales.
a) Les classes sociales.
De nombreuses études ont montré que la demande
de services financiers émanant des différentes classes sociales
diffère davantage par l'intensité d'usage selon les
différentes classes qu'au sein des classes elles-mêmes. Cependant,
les classes les plus modestes ont tendance, par exemple, à emprunter
davantage pour satisfaire des besoins personnels tandis que les classes les
plus aisées empruntent surtout pour des motifs autres que la
consommation : pour les besoins de leurs activités professionnelles
ou pour des achats et travaux immobiliers.
Les différentes classes ont également des
attitudes différentes face au recours au crédit. Les classes les
plus favorisées, en termes de niveau d'éducation et de statut
économique, ont des attitudes plus favorables au crédit et
utilisent davantage les cartes de crédits. En matière
d'épargne, les classes sociales les plus favorisées
représentent les plus fortes proportions à épargner.
Tous ces résultats témoignent de l'importance de
la classe sociale dans l'explication des comportements financiers et de son
utilisation comme critère de segmentation et donc de conception d'offres
différenciées.
b) Les groupes sociaux.
Au-delà de la classe sociale, les groupes sociaux
exercent leur influence sur l'individu par le biais de relations
interpersonnelles. Ces influences se manifestent dans la phase préalable
à la décision d'achat, sont particulièrement importantes
dans le domaine financier.
Si l'information fournie au consommateur par la banque est en
accord avec celle donnée par le groupe de référence, son
attitude à l'égard du service ou de l'enseigne sera plus
favorable. Dans le cas contraire, s'il y a contradiction, le consommateur
développe une attitude défavorable.
Ces conclusions confirment le poids de l'influence des groupes
sociaux dans l'évaluation de l'information donnée par le
fournisseur financier. Il devra donc y faire référence dans ces
campagnes et cibler chaques segments de clientèle.
c) La famille.
Dans une dimension plus restreinte, la famille exerce une
influence déterminante et la plus directe sur l'individu. Son action est
souvent conjuguée avec celle du groupe social qui peut être
convergente ou au contraire rivale. Les recherches ont montré que, pour
l'ouverture du premier compte en banque, l'influence parentale est d'autant
plus forte que le contractant est jeune. Et la probabilité qu'il
choisisse la banque des parents est très grande. En revanche l'influence
parentale n'intervient qu'en deuxième position pour le choix de
l'agence.
Les interrelations familiales doivent être prises en
compte pour capturer la clientèle des jeunes, en agissant sur
l'influence exercée par leurs parents.
Tous ces facteurs d'environnement, déterminant du
comportement bancaire doivent être intégrés à la
démarche marketing de la banque.
3. Les caractères psychologiques.
Cette segmentation s'intéresse aux facteurs
d'influence sociaux, historiques et culturels sur le comportement. La
perception de l'argent à travers des relations morales et psychologiques
est fortement différenciée selon la culture d'appartenance de
l'individu.
Dans des pays, comme le Maroc, à l'heure d'un
anti-américanisme accru, l'identité américaine ou
britannique (citybank) d'une banque sera très mal perçue par la
clientèle. Ceci implique la prise en compte du caractère
religieux spirituel et ethnique, on peut donner l'exemple de la perception du
taux d'intérêt par la religion de l'Islam ou encore les freins
psychologiques causés par l'analphabétisme ce qui explique un
taux de bancarisation de 20% au Maroc10(*).
4. Les caractéristiques
psychographiques.
La segmentation psychographique utilise surtout, dans le
domaine bancaire, les différences de style de vie des consommateurs.
Cette segmentation a pour but de permettre aux banques d'offrir des produits
personnalisés pour répondre à la diversité des
clientèles.
Les recherches sur les sociostyles ont regroupé en six
familles les styles de vie :
a) Les matérialistes.
Ils ont un âge moyen, peu diplômés, peu
cultivés, appartiennent aux classes moyennes ou modestes. Ils ont une
vie rendu difficile par l'évolution du monde moderne :
chômage...Leurs besoins sont l'aide et l'assistance financière.
Ils attendent de leurs banques une prise en charge affective. Ils n'apportent
donc à leurs banques qu'une faible solvabilité et
rentabilité.
b) Les rigoristes.
Ils sont issus de la bourgeoisie traditionaliste et
conservatrice. Ce groupe est constitué de patrons de PME, de gros
agriculteurs, de professions libérales, de cadres supérieurs qui
adoptent une attitude financière centrée sur le patrimoine pour
sa constitution et sa protection. Ce sont de forts consommateurs d'assurance et
attendent d'une banque des conseils, une relation personnelle et une garantie
du secret bancaire.
c) Les cooners.
Ils sont âgés de 25 à 40ans, jeunes
couples ou familles, sont de niveau moyen ou modeste. Ils ont pour objectif
l'accès à la propriété. Leur principale attente est
liée au besoin de crédit, immobilier surtout. Leur budget
limité les rend vulnérables et difficiles à
fidéliser pour les banques.
d) Les nouveaux notables.
Ils constituent une cible particulièrement
intéressante par leurs avoirs financiers importants. Ces patrons, cadres
supérieurs, très diplômés et qualifiés, sont
d'âge jeune ou moyen et hyperactifs. Ce sont des leaders d'opinion. Ils
veulent une banque puissante et moderne et savent être d'abord des
clients
exigeants puis, lorsque leur confiance est acquise,
très fidèles. Les talents qu'ils recherchent ne se trouvent que
dans une banque d'affaire, mais une grande enseigne peut les attirer à
condition de leur offrir un interlocuteur à leur niveau. Ce segment est
très rentable et mérite la conception d'offre de services de
qualité, qu'il est prêt à payer.
e) Les switcheurs.
Ils sont âgés de moins de 35 ans, ils sont
étudiants, enseignants, cadres, travailleurs sociaux. Ce sont des
intellectuels cultivés, ils représentent une cible
intéressante pour les banques dans la mesure où ils ont des
revenus importants. Leur mentalité de « renard » les rend
très exigeants dans leur comportement financier. Ils sont en relation
avec de multiples opérateurs financiers, et sont très peu
attachés à la proximité et peu fidèles. Cette
clientèle de joueurs et d'aventuriers reste toujours difficile à
capter.
f) Les performeurs.
Ce sont des jeunes plutôt modestes, vivant dans les
grandes villes. Quel que soit leur niveau socioculturel, leur ambition est de
gagner de l'argent, signe de statut social, et de le dépenser. Ils sont
peu attirés par l'épargne et davantage consommateurs de
crédit revolving11(*). Avec l'âge ils se rapprochent des rigoristes,
soucieux de leur patrimoine.
Les cibles de clientèle sont désormais
définies de manière toujours plus fine, afin de guider toutes les
adaptations de l'offre nécessaires pour attirer et conserver une
clientèle soumise aux tentations de multibancarisation, mais aussi pour
maximiser le taux de bancarisation.
En marketing bancaire, on peut percevoir plusieurs types de
segmentations, mais la segmentation la plus apparente est celles d'un
classement par tranches de revenus ou types d'activité. Cette
segmentation nous conduit à différencier entre :
Particuliers, PME, Grandes entreprises...
Il existe également une segmentation par le risque
perçu avant l'achat de services. Le développement de
l'étude du risque perçu a révélé cinq types
de risques selon la nature des conséquences : risque financier, de
performance, physique, social ou psychologique12(*).
La segmentation par type de client bancaire nous conduit
à déterminer trois dimensions :
- Le client-consommateur :
c'est le client qui consomme et développe des besoins de
trésorerie, d'épargne, de retraite, de constitution de
patrimoine. Son comportement est analysé selon ses besoins. Pour
répondre à ses attentes la banque structure son offre de
manière à constituer des familles différenciées de
produits et de services.
- Le client-prospecteur :
c'est le client qui veut savoir où acheter et non ce qu'il faut acheter
et donc arbitrera entre plusieurs points de vente. Son comportement est
étudié selon ses processus de choix d'un point de vente, il
apparaît ainsi deux formes de
clients-prospecteurs :
- le client flux : qui effectue son choix en raison de
la proximité du point de vente ou de sa facilité
d'accès.
- le client trafic, qui effectue son choix pour des raisons
autres que la proximité : bouche à oreille, image de
l'enseigne, habitudes familiales, recherche de compétences
spécifiques.
- Le client-acheteur : c'est
le client qui achète et dont il faut connaître les processus
d'achat et les comportements face aux divers espaces de vente et face aux
divers produits. Son comportement est analysé pour détecter,
parmi les différents types de produits, ceux qui font l'objet d'achats
spontanés et ceux qui déclenchent un processus de décision
plus complet. L'existence ou non d'une phase préalable à l'achat
plus ou moins développée est un précieux indicateur pour
l'organisation de l'activité du point de vente et permet notamment de
définir : le temps consacré à chaque type d'achat,
l'information nécessaire, le degré d'autonomie souhaité
par le client, le degré de confidentialité souhaité,
etc.
L'explication des motivations et du comportement du
consommateur face aux produits et services bancaires réside, comme pour
tout autre produit, dans deux types de facteurs : quantitatifs et
qualitatifs. Les premiers sont mesurables et clairement identifiables, par
exemple, le revenu, l'âge, etc.
Les seconds, qualitatifs, sont détectés par
l'analyse psychologique ou sociologique. Ces variables individuelles sont
sources de différenciation des attitudes et donc de segmentation des
attentes du marché.
* 7 Marketing bancaire :
* 8 Marketing de
service :
* 9 Voire l'annexe
1 pour les définitions des différents risques.
* 10 source : BUSINESS
MAGAZINE- n°7 - décembre 2002
* 11 Crédit
revolving : Stratégie du crédit tournant pour les
crédits à court terme, c'est à dire qu'à chaque
fois que le client arrive à l'échéance de sa dette, la
banque doit s'activer pour que le client s'endette à nouveau.
* 12 Voire l'annexe
1 pour les définitions des différents risques.
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