SECTION 2
L'AFP FACE AU DILEMNE PROGRESSISTE.
Au soir d'un long règne de 40 ans, le PS est affaibli par
les démons de la fragmentation, qui ont longtemps été le
lot des partis d'opposition. En effet, à l'instar de son premier combat
entrepris
au lendemain du départ de Senghor de la tête du pays
et qui va consister en une restructuration
du parti dont il hérite, Abdou DIOUF s'engagera,
à nouveau, pour tenter d'impulser une nouvelle dynamique au sein
de sa formation. Près de vingt après sa première reprise
en main du PS, il tentera encore de l'ouvrir aux jeunes « dioufistes
» et de se défaire de l'emprise des vieux barons, trop enfouis
dans leurs fiefs et leurs privilèges.
L'histoire politique du Sénégal retiendra
néanmoins que le premier combat se soldera par une victoire assez
satisfaisante pour Abdou DIOUF ; par contre, celui de la fin des années
90, qui
va apparaître quelque peu comme un 'forcing
politique interne', ne manquera pas de laisser des séquelles,
celles d'un schisme inédit. Au plan politique, le PS, pour emprunter le
langage des astrophysiciens, tel une étoile, « s'est
effondré sur luimême après avoir épuisé
sa réserve d'énergie nucléaire ». Les
parachutages ont provoqué des frustrations et des tendances,
dont certaines, en se consolidant, ont abouti en 1998 au départ de Djibo
Kâ et de ses partisans et en
1999 à celui de Moustapha Niasse.
En effet, percevant la nomination de Ousmane Tanor DIENG au poste
de Premier Secrétaire du
PS comme un simple 'parachutage' orchestré et
voulu par le maître des lieux, ces deux grands caciques et barons
incontestés du régime, décideront de rompre avec le
parti.
L'URD de Djibo Leity KA sera créée en
juillet 1998, un an avant la naissance de l'AFP de
Moustapha NIASSE, soit en juillet 1999.
Dans le cadre de l'étude présente, nous
ne nous intéresserons qu'à l'action de l'AFP de Moustapha
NIASSE. Cette formation politique émerge dans un contexte assez
particulier et plus ou moins favorable eu égard au contexte de l'an
2000, dans lequel évoluent les sénégalais.
Ce qui lui fera jouir d'une adhésion
spontanée et d'une grande sympathie politique que ne manquent
pas d'alimenter la personne même de ce diplomate, ancien Premier
Ministre et ancien Ministre des Affaires Etrangères mais qui
n'en demeure pas moins, un fidèle de Senghor.
Ce double visage de nouveau 'renégat' du PS
qui garde encore sa sympathie au prédécesseur d'Abdou DIOUF, en
l'occurrence Léopold Sédar SENGHOR principal idéologue du
PS, va le mettre dans une situation des plus délicates et
inconfortables pour un homme politique qui milite pour le changement.
Le dilemme auquel l'AFP se trouve confronté se
résume à ne pas apparaître comme 'un clone
du PS' ou encore comme un 'PS bis'.
Dès lors, les progressistes se devaient de s'apprêter en
confirmant le schisme d'avec le PS afin de tenter de s'imposer comme une
nouvelle force sur l'échiquier politique sénégalais. La
logique progressiste sera donc de tenter une déconstruction
du régime socialiste (A) sans laquelle elle manquerait son
épanouissement politique dans « un
Sénégal autrement géré »
(B).
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