Pour une revalidation du 'contrat social'
12 Nouvel Horizon numéro 205 du 21 janvier
2000
13 COULON, Christian. « Senegal : the development and
fragility of semidemocracy », in Diamond, Larry, Linz, Juan
José, Lipset, Seymour Martin (eds.), Democracy in developing
countries, vol. II : Africa, London, Adamantine Press Limited ; Boulder,
Colo. : Lynne Rienner Publishers, 1988, pp. 141171 ; trad.
Française par Brigitte Delorme et Bernard Vincent, in Les
pays en développement et l'Expérience de la
Démocratie, Paris : Nouveaux Horizons, 1993, pp. 603654
14 TINE A., Elites politiques et démocratisation au
Sénégal. Pour une lecture néomachiavélienne, AISA
African Institute of South Africa, Pretoria, 13
14 décembre 2004
L'élection présidentielle du 27 février
2000 aura constitué sans nul doute pour Abdou DIOUF,
l'échéance la plus importante de sa longue carrière
politique : les enjeux qui s'y attachent sont nombreux mais aussi, tout
laisse présager que, pour le candidat socialiste, rien ne sera
plus comme avant. En effet, à bien des égards, les
libertés individuelles semblent restreintes pour beaucoup de ses
concitoyens, si elles ne sont pas simplement confisquées par un pouvoir
jugé autoritaire et très souvent porté à la
répression de tout mouvement d'humeur. L'on assiste
également à un réquisitoire accablant de l'économie
et du social ; il s'y ajoute que l'absence d'alternance s'apprécie comme
une souillure tenace.
Il demeure aussi indéniable que la
dégradation de la réalité quotidienne des
populations a évolué en spirale de 1981 à 2000. Il est
intéressant de relever le caractère quasi paternaliste, en tout
cas possessif, de la gestion du système politique
sénégalais. Et parce que DIOUF aura voulu construire sa
propre démocratie jusqu'au bout, selon sa cadence, les travers de ce
système
lui sont fatalement imputables en l'an 2000.
Entre les intentions louables de 1981 et les faits accablants
et les manquements constatés à la veille du scrutin
présidentiel, un mandat de clarification et de réhabilitation
est vital pour le régime socialiste et son candidat. Il lui
suffit juste d'un « nouveau mandat pour un avenir rose
».15.
Et la seule alternative qui s'offre à Abdou DIOUF, est un
ultime mandat, celui du 'quitte ou double', comme pour lancer au
peuple sénégalais : « j'ai accompli ma part de labeur,
je quitte
la conscience tranquille en espérant que cette
oeuvre sera poursuivie ». Ainsi, celui qui, au démarrage
de la campagne électorale, disait ne pas connaître «
l'usure du pouvoir », demandera
au peuple de lui donner « un nouveau mandat pour un
avenir rose ».
Mais le candidat socialiste de l'an 2000, n'a rien à
voir avec le Diouf du début des années 80, qui aura su
conjuguer boubou et technocratie, et naviguer, tant bien que mal,
à la barre du remuant 'sunugal' (notre pirogue),
entre les strictes consignes du FMI et les aléas d'une
conjoncture économique et sociale de plus en plus difficile.
Désigné candidat officiel du Parti socialiste, Abdou Diouf ne
semble donc pas réellement avoir pleinement mesuré la lassitude
des Sénégalais. En place depuis 1981, mais dans les rouages du
pouvoir depuis 1960 il était
15 Quotidien Le Matin du mardi 8 février 2000
alors adjoint au Secrétaire général du
gouvernement Abdou Diouf n'est visiblement plus le président dont
rêve une bonne partie des électeurs, et cela, toutes classes
sociales confondues. Cette situation aura constitué la charge la plus
accablante qui pèse sur les épaules du candidat socialiste, en
course pour un nouveau mandat, son dernier sans doute.
Que lui reprocheton ?
A titre personnel, peu de choses si ce n'est qu'il «
appartient davantage au passé qu'au futur ». Durant vingt
années de présidence, les changements importants
réalisés dans le pays ne sautent pas aux yeux de beaucoup de
sénégalais. Les infrastructures demeurent obsolètes, le
pouvoir politique fonctionne selon les bonnes vieilles méthodes
de clientélisme et de cooptation, et malgré des indicateurs
économiques orientés au vert, rares sont les
Sénégalais à véritablement profiter de la soidisant
croissance de l'économie.
Face à cette situation délicate et, sans doute,
inédite pour le camp socialiste qui voit le 'contrat social'
sénégalais à l'épreuve16, la
'revalidation' de ce pacte n'aura pas de prix. Et dans ce combat, qui
n'est sans doute pas gagné d'avance, le PS et son candidat affichent une
grande sérénité et une parfaite assurance; attitude
qui laissera toujours subsister des doutes même dans le camp de
l'opposition pour ce qui était d'une éventuelle éviction
du régime socialiste, ancré au pouvoir depuis 40 ans.
S'engagent alors une exceptionnelle politique de
communication et surtout une minutieuse conquête électorale,
orchestrée par un large directoire de campagne auquel s'adjoint
le communicateur politique français, Jacques SEGUELA. Celui que
l'on appellera le 'gourou français' foule le sol
sénégalais, auréolé d'une longue liste de
succès électoraux : du socialiste français Mitterrand en
1981 au président camerounais Paul Biya en 1992 en passant
par le syndicaliste Lech Walesa et le travailliste israélien Ehud Barak
en 1999. On le comprend donc, dès lors : l'enjeu est de taille ! Il
s'agit de convaincre le plus grand nombre d'électeurs, à coup
d'affiches géantes, de déclarations fracassantes, de
méga meetings et de petites phrases assassines, au moment où
le désintérêt des Sénégalais envers la chose
politique était manifeste. Les stratégies
développées de part et d'autre étaient
différentes.
En effet, l'équipe du Directoire pour la Campagne d'Abdou
Diouf comprend 94 membres dont
le directeur de campagne luimême, Ousmane Tanor
Dieng, que le candidat socialiste avait
16 O'BRIEN D. C., Sénégal : la
démocratie à l'épreuve in Revue Politique
Africaine numéro 45 de Mars 1992, p.9
chargé, le 16 novembre 1999, de lui proposer
les structures et les hommes qui l'assisteraient durant la cruciale
dernière ligne droite de l'élection présidentielle.
La taille du directoire national et sa composition témoignent
d'une volonté évidente de large ouverture et de
rassemblement qu'explique le souci de créer les conditions
optimales d'une mobilisation électorale à la mesure de
l'objectif de réélection du président Abdou Diouf,
dès le premier tour.
En raison du caractère exceptionnel de
l'échéance de février, le directoire national ne peut
être
comparé aux précédents.
Dans les rangs du PS, on appréhende donc le réel
enjeu du scrutin présidentiel « Nous savons que sur les
2.800.000 inscrits sur les listes électorales, il nous faudra mobiliser
la moitié des suffrages exprimés lors du scrutin de
février 2000 pour faire gagner notre candidat au premier tour !
»
Les partisans de Diouf misent aussi sur l'apparente
sérénité de leur candidat qui se présente comme
« ...cet hommelà, trempé aux grandes expériences
qui ont fait l'histoire de l'Afrique et
du Sénégal indépendants (...) ayant
l'honneur d'en être le porteur sur l'échiquier national
»
et qui «...l'offre à la nation comme
protocole d'encadrement de ses mutations au
XXIième
siècle. »
Chaque camp avait élaboré sa tactique selon le
tempérament de son candidat.
De par son expérience que nul ne peut lui contester,
Diouf s'est imposé comme un homme du sérail; gouverneur de
région dès l'âge de 25 ans, il a toujours été
aux premières loges et aux premiers rôles dans le système
qu'il a fini par diriger.
C'est cette logique qui, certainement, poussa Jacques
Séguéla, à faire confectionner des posters
électoraux où le président sortant apparaissait sous
le manteau de la sagesse dans un sobre costume, comme pour dire aux
électeurs sénégalais : « Cet homme incarne
la prudence, ne choisissez pas l'aventure ! ». Et puis, en
mettant l'accent sur la notion du changement
(«Ensemble, changeons le Sénégal»,
lisaiton sur une des affiches du Parti Socialiste), Diouf et
les siens voulaient sans doute "recycler" la bonne vieille
recette de Wade et la présenter aux
électeurs sous des habits neufs.
La tâche sera néanmoins très rude et
périlleuse pour Abdou DIOUF qui, au delà de la délicate
situation dans laquelle il se trouve face au jugement des électeurs
sénégalais, croise le fer avec une opposition à nouveau
visage et que les dissidents (Djibo KA et Moustapha NIASSE) sont venus
renforcer.
Le PS n'en affiche pas moins sérénité
et conviction. Il s'affiche aussi en bon acteur du jeu politique. Pour
Khalifa Sall, Chargé des élections au PS, le défi
posé aux socialistes se résume
en un objectif et « Dans tous les cas, le PS souhaite
des élections sincères, démocratiques et
apaisées car étant le parti le
plus fort, le mieux organisé et son candidat le favori
indiscutable ». Toutes raisons qui lui font dire que sa
formation n'a nullement intérêt à un scrutin
perturbé.
Même dans une situation trouble et délicate pour un
parti au pouvoir, les socialistes, à l'image
du premier secrétaire du PS, estiment avoir un seul but,
celui de la victoire de leur candidat et ce, dès le premier tour du
scrutin.17.
Cette grande confiance va même faire estimer le
score de la victoire à un taux de 60% des éventuels
suffrages, avant de le ramener à 51%. Et déjà,
six mois avant la convocation du collège électoral
sénégalais, Abdou DIOUF conviait la presse nationale et
internationale à une conférence au Palais Présidentiel.
Lorsque les premières questions fusent, l'avertissement qui
s'y attache ne semble pas perturber ou inquiéter
le Président, futur candidat, qui dit ne pas craindre de perdre
la présidentielle de février 2000.
« Je ne suis pas pessimiste pour les élections
de l'an 2000. Je vous l'ai déjà dit, mais nous sommes tous des
croyants. Ce que Dieu décidera, c'est ce qui se fera par
l'intermédiaire des voix du peuple sénégalais. Mais
avec ma limitation d'homme, d'humain, et en regardant les
données du problème, je n'ai pas les craintes que vous exprimez
».
Le candidat socialiste annonce plutôt, « la
chronique de la défaite de l'opposition »18 .
Diouf s'est donc voulu prêt pour la revalidation du
'contrat social sénégalais'.
Tout part, en effet, du congrès d'investiture du
samedi 18 décembre 1999. Ce congrès d'investiture du
Parti Socialiste, a eu pour thème : "Ensemble changeons le
Sénégal !". Le candidat DIOUF avouera solennellement, lors
du congrès : « J'ai accepté avec enthousiasme et honneur
votre investiture pour l'élection présidentielle du 27
février 2000. Je serai donc le candidat des paysans, des
pasteurs, des éleveurs, des pêcheurs, le candidat des
jeunes, des moins jeunes, des femmes et des travailleurs de notre pays
». Ce discours bien mûri et qui est,
du reste, graduel, s'inscrit dans un souci de reconquête
d'un électorat et d'un peuple désabusé
et fortement incertain quant à son avenir.
17 Quotidien Le Soleil du samedi 12 février
2000
18 Quotidien Le Matin du Mercredi 23 février
2000
Notons aussi que malgré toutes les turbulences que
connaît le parti en ce moment précis de son
évolution et comme pour narguer les dissidents et ceux qui
ont préféré quitter le PS ( Djibo KA
et Moustapha NIASSE ), le Président Diouf va adresser ses
félicitations au Premier secrétaire
et à l'équipe « dynamique » du
Bureau politique, avec « une mention particulière »
à Ousmane
Tanor Dieng, « homme de courage et de foi, de
loyauté, de fidélité et de conviction qui allie
à
la perfection, sens des responsabilités et
détermination, sûreté du jugement et équilibre,
humilité et culte de l'unité ».
Les ombres des dissidents que sont Djibo Leity KA et Moustapha
NIASSE, auront plané sur cette rencontre majeure des socialistes.
Le premier créera son propre parti, l'URD (Union pour le Renouveau
Démocratique) en juillet 1998 ; le second en fera de même, un an
après avec l'apparition sur l'échiquier politique
sénégalais de l'AFP (Alliance des Forces de Progrès)
créée
en juillet 1999.
Les militants du PS ne se privent pas aussi de lancer
des propos à l'endroit de toute l'opposition, tant celle
nouvelle à l'instar de l'AFP, Alliance des Forces de
Progrès de Moustapha NIASSE (« l'Amicale des
frustrés prétentieux » Afp) que celle
traditionnelle et incarnée par le PDS, Parti Démocratique
Sénégalais de Abdoulaye WADE (« Parti au dirigeant
sénile Pds »). Ces propos de militants feront comprendre
qu' « On apprendra surtout que le Parti socialiste qui a
bénéficié de toute la bénédiction de toutes
les grandes familles religieuses
de ce pays, dès sa création, est assis sur des
bases bétonnées que des marchands d'illusions ne
pourront jamais ébranler ».
Ainsi, au besoin de transparence émis par l'opposition
et plus particulièrement par le dissident Moustapha NIASSE, Me
Mbaye Jacques DIOP le Députémaire de Rufisque et
haut responsable socialiste, déclare que le PS n'a pas besoin de tricher
pour gagner19 .
Mais le candidat socialiste invitera ses militants
à combattre sur un autre registre, pour la victoire et sa
réélection. Pendant sa campagne électorale, il se
dit ne jamais parler de ses adversaires ou les attaquer et qu'il ne
répond à aucune attaque. Il considère devoir ne parler
qu'à son peuple et il ne s'adresse qu'à lui. Abdou
Diouf, le candidat du Parti socialiste, affirmera en ce sens : «
Si l'on m'attend sur le terrain de l'invective, de l'injure et des attaques
personnelles, on ne m'y trouvera jamais ».
19 Quotidien Le Matin du vendredi 14 janvier 2000,
p.5
Ces propos sonneront tel un avertissement et un appel
à la retenue plus à l'endroit de ses propres militants
qu'à l'encontre de l'opposition politique résolue à le
détrôner. Et lorsqu'il se rend à SaintLouis, ancienne
capitale du pays et de l'AOF, le candidat Diouf donne des consignes
aux militants socialistes, leur demandant de ne pas répondre
aux provocations de ceux qui veulent « mettre du sable dans le bol
de riz »20 .Quelques jours auparavant, dans la banlieue
dakaroise, il invitait les populations de Pikine à voter « dans
le calme et la discipline, sans répondre à l a provocation
»21.
Prospectif à souhait, le discours programme du candidat
socialiste aux élections de l'an 2000 a rassuré ceux qui
voulaient l'être, réconforté plus d'un militant car
Abdou Diouf sera "le candidat du changement dans la
préservation de nos acquis" et va proposer au peuple
sénégalais "le nouvel élan" lui permettant de
franchir encore une fois des étapes importantes pour son
développement économique et social.
Face aux sénégalais, Diouf est donc
présenté comme 'le candidat du changement'. Cet objectif
qu'ils se sont résolument assigné, les militants et
sympathisants du PS le fondent sur un jugement sûr, l'opinion
excellente qu'ils ont du Président Abdou Diouf.
A leurs yeux, celuici est un homme bien et de bien sur tout
rapport. Il a épuisé le catalogue des qualificatifs non pas
dithyrambiques mais porteurs de vérité profonde et restituant au
mieux le personnage, l'homme d'Etat qu'il est. Il incarne parfaitement,
pour eux, les vertus et valeurs cardinales de la société, de
leur culture : le don de soi, la tolérance, le sens du partage et de la
solidarité, celui de l'équité et de la justice, toute
chose qui participe d'une générosité d'esprit et
de coeur et dont sa gouvernance est totalement
imprégnée. Cette confiance apparente fera beaucoup penser
à « Abdou, l'énergie sereine », le slogan des
affiches électorales du chef de file du PS en 1988.
On le voyait alors poser, le costume croisé,
strictement boutonné, sur fond de « Sénégal
de demain », entre champs irrigués, usines modèles et
ponts suspendus. Un slogan qui valait bien cette « force tranquille
» de François MITTERRAND aidé en cela par Jacques
SEGUELA, et qui permit à Diouf d'être réélu avec 73%
des suffrages 22 .
20 Quotidien Le Soleil du mercredi 16 février
2000
21 Quotidien Info 7 du samedi 12 février 2000
22 SAGLIO C., SENEGAL, éditions SEUIL, collection
points planète, 1980 et 1990, p.70
Néanmoins, la communication politique du PS ne
se limite pas qu'à celle du leader et du candidat Diouf ; le
parti communique aussi, de même que certains responsables
situés à des sphères de responsabilité qui ne
manquent pas de les conduire à la prise de parole. Ainsi, dans certains
débats pour lesquels le président candidat ne peut ni ne doit se
faire entendre de peur d'éventuels effets pervers, la parole est
aux autres, qui ne vont servir que de fusibles pour mettre le chef du
parti à l'aise. En effet, loin de se trouver face au seul défi de
la réélection d'Abdou DIOUF, son parti doit se
méfier de l'opposition qui le défie et lui conteste
toute légitimité sur les populations. Le 'vide' interne et le
sursaut que créent l'URD de Djibo KA et l'AFP de Moustapha NIASSE,
ne sont pas rassurants pour les 'dioufistes'. Une politique
du
'diviser pour mieux régner' va ainsi jaillir avec
certaines sorties médiatiques bien calculées et
que les organes de presse se feront le devoir de distiller.
Et lorsque la formation de Moustapha NIASSE se
retrouve pour son congrès d'investiture à Kaolack le 15
janvier 2000, dans le camp socialiste régional, on minimise ce que
Souleynane Thiam, envoyé spécial de l'hebdomadaire Nouvel
Horizon appelle la « première démonstration
de force réussie ». Le Maire socialiste de
la cité se dit ne pas être inquiet pour un congrès qui le
laisse froid, lui qui appartient à un « grand parti »
et dit en avoir vu d'autres. 23
Dans une interview qu'il accorde à un quotidien
national, Abdourahim AGNE, Porteparole du PS, tente la diversion en
déclarant que « Moustapha NIASSE n'a d'autre ambition que
de coiffer Djibo KA au poteau. »24.
On peut y lire que le PS a, à un certain moment, craint
une forte percée des dissidents issus de ses rangs et celle de l'AFP
notamment, à tel point de voir le porte parole du PS en arriver
même à envisager que le leader progressiste devance le
libéral Abdoulaye WADE à l'élection et
s'impose comme la seconde force politique.
Et contrairement à ce que beaucoup d'observateurs ont
pu être amenés à croire ou penser, les promesses du
candidat Diouf ne seront pas apparues qu'au second tour. Les exemples
le prouvent aisément.
A Louga, dans le département de Linguère, les
responsables de son parti lui promettent de le réélire et de
reconquérir le terrain perdu aux dernières élections
législatives, face au dissident socialiste, Djibo KA.
23 Hebdomadaire Nouvel Horizon numéro 205 du 21
janvier pp. 16 et 17
24 Quotidien Le Matin du mercredi 26 janvier 2000,
pp.810
Cet accueil fera dire à Abdou DIOUF que le
département de « Linguère sera le bastion
imprenable du PS »25. Dans le Fouta, où l'on est
habitué à voter socialiste, Diouf promet aux populations de
développer l'agriculture, l'élevage ainsi que de relever le taux
d'alphabétisme26.
A la Bourse du Travail où il se rend pour
rencontrer les travailleurs affiliés à la CNTS
(Confédération Nationale des Travailleurs du
Sénégal), le candidat socialiste endossera les
revendications des travailleurs notamment par les promesses d'une
prochaine création de la Caisse Nationale d'Assurance Maladie (CNAM),
la réinsertion des diplômés en Arabe et celle des
militaires libérés27 . La banlieue dakaroise, qui
reste confinée au rôle de dortoir reçoit à son tour
le leader socialiste qui promet une enveloppe de 45 milliards pour
l'assainissement de Rufisque, le Port minéralier de Bargny et
« faire de Pikine une ville aussi belle que Dakar ». Les
populations qui perçoivent dans ce message ce qu'elles voulaient
entendre, disent à cet effet à Diouf qu'elles l'aiment et
l'ont déjà choisi avant le jour `J'28.
Le combat de Diouf pour la réhabilitation va donner
naissance à un duel à distance entre les deux chefs de partis
qui ne ratent pas le rendezvous des médias. Les déclarations
fracassantes
et à forte résonance ou impact ne cesseront de
barrer la une de quotidiens sénégalais. Au fur et
à mesure que les étatsmajors approchent du
« d » day et de l'heure fatidique du scrutin, le
verbe se fait plus virulent et chaque camp, sûr de ses assises, marque
son terrain. Rien en effet
ne doit laisser apparaître la cession de quelque
parcelle que ce soit dans son rayonnement
politique. Entre Abdou DIOUF et Moustapha NIASSE, le
combat ne manque pas d'être empreint d'idéologie et lorsque
depuis Touba, capitale du Mouridisme, le successeur de Senghor (grand
ami de Serigne Abdoul Ahat MBACKE) avoue ouvertement que le président
poète avait prédit qu'il serait son successeur ; le leader de
l'AFP lui rappelle depuis Mbour et Joal la ville natale de Senghor que ce
dernier « appartient à ceux qui ne l'ont jamais trahi
».
Ces déclarations montrent, à bien des
égards, que le divorce était définitivement
consommé et que les dès étaient déjà
jetés. Puisqu'il sollicite un nouveau mandat, Abdou DIOUF
réservera son ardeur et son énergie à la conception et
à la matérialisation d'idées fortes et fécondes
afin
de conduire les changements nécessaires et indispensables
en vue d'un avenir meilleur pour un
25 Quotidiens Le Populaire et Wal Fadjri du
jeudi 17 février 2000
26 Quotidien Le Soleil 15 février 2000
27 Quotidien Wal Fadjri du 15 février 2000
28 Quotidien Le Soleil du samedi 12 et dimanche 13
février 2000
Sénégal qu'il veut, réconcilié
avec luimême .Abdou Diouf, parce qu'il est condamné, veut
rendre l'espérance à la nation, notamment à cette jeunesse
sénégalaise, vaillante et imaginative.
Mais surtout le candidat du Ps et du changement aura
laissé transparaître cet immense et profond désir qui
l'habite de voir « le jeu politique au Sénégal
totalement et définitivement pacifié afin que nous
accédions tous ensemble à une démocratie adulte
».
Pour revalider le « contrat social »
sénégalais, le candidat socialiste fera appel à un
nouveau
'pacte' pour la reconquête des faveurs d'une
opinion et d'un électorat tourné vers le changement
avec le Pacte de Solidarité et de Croissance.
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