LE PS FACE AU COMBAT DE LA REHABILITATION.
Avancer pareil postulat qui mette le PS face au combat de la
réhabilitation, ne saurait prospérer que lorsqu'on établit
l'effectivité d'une situation ou d'un contexte qui convainque d'une
rupture
du 'contrat social' sénégalais. L'on s'accorde
néanmoins à admettre que beaucoup de facteurs y
concourent et tendent à confirmer cette situation de
rupture.
En effet, la présidentielle de l'an 2000 va
apparaître très délicate pour le régime socialiste
et son candidat, Abdou DIOUF, qui sollicite à nouveau le
suffrage de ses concitoyens pour la magistrature suprême. Le fait
que ce scrutin soit estampillé 'à haut risque'
pour le PS, s'explique par une impression
généralisée de 'rupture du contrat social'
entre le peuple sénégalais et le régime, qui
s'accompagne d'une frustration plus ou moins globale et une forte tension
sociale. L'Etat en est même perçu comme le «
démiurge du développement » 10.
Et « le contrat social » s'est progressivement
brisé, surtout après les émeutes postélectorales
de 198811 ; le pays est devenu relativement
fermé à l'alternance et bloqué par un «
système du parti hégémonique » et par un
« corporatisme d'Etat ». L'essor démocratique a
été comme paralysé par ce système
centralisateur.
10 DIOUF M., Le clientélisme, la technocratie
et après ? in DIOP Momar Coumba (dir.), Sénégal
Trajectoires d'un Etat, Dakar, CODESRIA, Paris, Karthala, 1992,
pp.233278
11 DIOP Momar Coumba (dir.), Sénégal
Trajectoires d'un Etat, Dakar, CODESRIA, Paris, Karthala, 1992
En effet, depuis les événements et la tension qui
avaient succédé au scrutin présidentiel de 1988
(que l'opposition et plus particulièrement, le leader
du PDS estimaient avoir remporté et qui leur aurait été
confisqué par le PS), jamais l'atmosphère n'aura
été aussi tendu entre un pouvoir socialiste et une opposition
résolue à faire advenir l'alternance. Pour ce scrutin de l'an
2000, le pire était à craindre et les médias, à
l'instar du Nouvel Horizon, n'hésitent pas à titrer sur
ce mois de « Février 2000 et le syndrome ivoirien : APOCALYPSE
NOW ».12 .
Cette démocratie sénégalaise suscite,
en effet, beaucoup de débats : le régime
sénégalais a souvent été présenté
comme une « semi démocratie » 13 ou
une « quasidémocratie » et une démocratie
sans alternance, offrant un mélange de pluralisme et d'autoritarisme.
L'absence d'alternance a été
considérée pendant longtemps comme le problème majeur de
la
démocratisation au Sénégal.
L'installation de structures pluralistes n'aura pas réduit
à néant la persistance de dynamiques hégémoniques.
14 .
Malgré tout, le PS et son candidat n'en demeurent pas
moins résolus à briguer, de nouveau, le
suffrage des sénégalais. En se présentant
à nouveau devant le collège électoral et en se
prêtant
au regard critique des citoyens par
l'appréciation qui aurait pu être faite de son bilan, le
candidat Abdou DIOUF va impressionner par sa détermination et surtout sa
sérénité. Du moins pour le premier tour qui a lieu le 27
février 2000 !
Ce combat pour la réhabilitation que mène
le PS aux côtés de son candidat, s'arrime à un
impératif majeur pour Abdou DIOUF à savoir regagner la confiance
des sénégalais, confiance qui serait matérialisée
par sa réélection à la magistrature suprême.
Cette invite à une revalidation du 'contrat social' par le
biais d'un nouveau mandat (A), va néanmoins être
fondée sur un nouveau 'contrat' ; le Pacte de Solidarité et de
Croissance (B).
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