LE DISCOURS POLITIQUE A L'EPREUVE DE LA CAMPAGNE:
UN DISCOURS SANS CONTESTE ANTAGONIQUE.
Tenter de voir la construction du discours politique des deux
partis que sont l'AFP et le PS, ne peut se concevoir que dans le cadre de la
campagne électorale, tant au premier qu'au second tour. La campagne
électorale se définit comme les activités que les
candidats et leurs partis sont autorisés à entreprendre dans le
but de solliciter des votes. En effet, la campagne électorale,
c'est la lutte pas seulement pour l'électeur mais aussi la lutte contre
l'influence des adversaires
sur l'électeur.
Il demeure aussi que le problème des stratégies de
communication des partis politiques est celui
de faire parvenir leurs idées, leurs messages aux
électeurs. Ce problème est résolu par la voie
de la publicité extérieure : affiches,
grands écrans publicitaires, tracs, plaquettes, moyens
d'information de masse. Voilà pourquoi les grandes directions du
travail sur les moyens d'information de masse sont devenues la
création d'évènements capables d'attirer
l'intérêt du public et la recherche de liens accrus avec les
journalistes.
Les approches de communication habituellement choisies
ont été les discours politiques, les rencontres avec la
population, les meetings. Etant donné que ce genre d'actions
deviennent rapidement routinières et banales durant la campagne
électorale, les partis politiques et leurs consultants ont
été amenés à imaginer, en plus de ces
approches traditionnelles, des évènements plus inattendus :
visites inopinées, déclarations fracassantes ou scandaleuses. Ce
sont particulièrement les politiques peu connus qui ont tendance
à recourir à des déclarations scandaleuses afin
d'acquérir un peu plus de notoriété. Logiquement, les
hommes politiques du
gouvernement n'ont pas besoin de mettre en oeuvre de telles
stratégies puisqu'ils font l'objet d'une attention permanente de la
part des journalistes.
La présidentielle de l'an 2000 aura été,
à bien des égards, un scrutin à enjeu majeur, de par ses
particularités qui lui conféreront un caractère singulier.
Ainsi que nous le notions plus haut, la singularité de cette
élection tient à plus ou moins trois facteurs :
l'essoufflement du régime socialiste, au regard de
l'implosion et des querelles fratricides qui vont apparaître et diviser
le PS. Pour la première fois, l'héritage politique senghorien ne
fait plus l'unanimité au sein même de ses propres rangs.
Vérité confirmée par le départ de Djibo KA et de
Moustapha NIASSE.
le regroupement des forces de l'opposition que l'on va
assimiler à un `bloc historique'... rarement dans les
annales politiques du pays, pareille coalition n'aura été
notée, surtout, avec autant d'idéologies que tout sépare
.Ce regroupement des principaux opposants sous la même bannière,
qui n'aura pas été facile à mettre sur pied, constitue
donc un signal fort et un signe plus ou moins avéré de la
maturité politique d'une opposition dont le but avoué reste le
même : mettre fin au long règne du PS !
la forte aspiration au changement des populations au point
même que le « SOPI », slogan du candidat WADE
l'opposant le plus connu pour avoir été de tous les
scrutins depuis 1974, contre SENGHOR et son successeur Abdou DIOUF , n'aura
jamais suscité autant d'intérêt et d'appropriation totale
des citoyens. L'heure n'était plus désormais, au fatalisme et
à l'abandon entre les mains d'un régime en crise et en proie
à toutes sortes de critiques.
Ces enjeux du scrutin présidentiel de l'an 2000, vont donc
créer le cadre d'une communication
électorale sans commune mesure. En effet, tout parti
politique aspire naturellement au pouvoir
et à l'exercer. Ce qui va militer en faveur d'une
âpre compétition politique 'à qui communique
le mieux !' Mais les logiques ne seront pas les mêmes
suivant le camp auquel on appartient.
Pour le PS, parti au pouvoir et candidat à sa
propre succession après quarante années au pouvoir (depuis
le BDS, en passant par l'UPS et dernièrement le PS),
l'objectif est de le conserver ; ce qui est naturel pour tout parti
politique !
Pour l'AFP, par contre, le combat est tout autre.
L'objectif de la formation de Moustapha
NIASSE, qui vient de quitter le PS, est de faire advenir une
alternance au sommet de l'Etat ;
alternance qui implique l'éviction d'Abdou DIOUF d'avec
qui le divorce est consommé.
Les objectifs étant fixés pour chaque formation
politique; les candidats socialiste et progressiste croisant le fer, les
stratégies de campagne vont différer.
Pour le PS et le candidat Abdou DIOUF, s'engage le combat de la
réhabilitation (section 1)
au moment où l'AFP et son leader Moustapha NIASSE,
pour ce scrutin qui fait office de
'baptême de feu', se trouvent face au dilemme progressiste
(section 2).
Cette étude sera principalement campée sur la
campagne en vue du premier tour.
SECTION 1
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