PREMIERE PARTIE
LA CONSTRUCTION
DU DISCOURS POLITIQUE DE L'AFP ET DU PS.
La communication électorale, qui regroupe l'ensemble
des activités symboliques engagées dans
le cadre de l'organisation du vote, présente deux
caractéristiques d'ensemble.
La première, c'est qu'elle est structurée autour de
relations à des personnes. Il s'agit, en fin de compte, toujours, de
présenter des candidats à des électeurs. Une telle
relation, par conséquent,
va mettre en oeuvre une logique d'identification.
La deuxième caractéristique de cette communication,
c'est qu'elle structure le temps politique :
la vie politique est scandée par le retour régulier
d'échéances électorales, d'abord parce que les
assemblées et les pouvoirs se renouvellent régulièrement,
ensuite parce que, le chevauchement
de la durée des mandats organisant des cycles qui ne se
correspondent pas, l'activité électorale
est une activité pratiquement continue et, de ce
fait, la communication électorale occupe l'espace public de
façon ininterrompue. La communication électorale joue, par
conséquent, un rôle important dans la communication politique.
Elle constitue, à la fois par la régularité de son retour
et par la personnalisation de ses enjeux, une médiation
structurante de la sociabilité politique.
Avec l'élection présidentielle des 21
février et 19 mars 2000, les hommes politiques sénégalais
sont, peutêtre sans s'en rendre compte, entrés dans
l'ère de la campagne électorale personnalisée.
Une campagne où l'idéologie et le programme
politicoéconomique sont relégués en arrière plan
au profit de la politique spectacle (les temps d'antenne étaient
d'ailleurs
de grandes occasions de franche rigolade pour les
téléspectateurs). Dans cette formule inventée par les
« communicants » Nordaméricains, seule compte
l'image, la bonne image du candidat.
Le marketing politique adopte désormais les mêmes
outils que la publicité. Il faut de l'argent et surtout des
idées originales pour remporter une élection.
L'électeur est désormais considéré comme un
simple consommateur et la démocratie est devenue un vaste marché
fort lucratif. Il
nous faut bien sûr relativiser car aussi bien Diouf
que Niasse n'avaient les énormes et impressionnants moyens
déployés par les puissants partis américains.
Si l'interprétation du discours politique consiste
à faire apparaître le réel dont il se soutient,
l'interprétation politique des actes et des stratégies des
acteurs sociaux consiste à faire apparaître l'articulation
qu'ils proposent entre le réel et le symbolique.
Ainsi, avec l'importance grandissante qu'a prise
l'information audiovisuelle dans la communication politique, les gestes
les plus insignifiants des hommes politiques ou leurs
"petites phrases" ont fini par prendre une consistance
importante, en ce qu'ils sont toujours
articulés à leurs orientations, à
leurs pratiques, à leurs choix et, de façon
générale, à leur activité institutionnelle. La
communication politique articule les discours des acteurs à
leurs stratégies, pour construire leur signification et la faire
apparaître dans l'information qu'elle diffuse.
Mais élaborer des stratégies politiques, c'est
justement donner aux actes et aux décisions eux
mêmes, en dehors de leur effet sur le réel et sur
les situations, une dimension symbolique qui
les rend interprétables. L'essor récent de la
communication politique est lié au développement
de l'audiovisuel et, par conséquent, à la
visibilité du politique par l'image, qui lui donne la
consistance d'un spectacle, ce qui, d'ailleurs, ne fait que prolonger une
situation ancienne qui, auparavant, n'était pas liée à
l'audiovisuel mais à l'image ou, plus simplement à l'existence de
foules entières qui venaient assister au spectacle. Mais cette
importance de la visibilité du geste dans la communication politique
tient, justement, au fait qu'elle met en évidence la relation
nécessaire entre l'acte et l'interprétation politique que l'on
peut lui donner.
Le combat NIASSE DIOUF étant celui d'un parti
d'opposition face à celui au pouvoir, le discours
apparaîtra, sans conteste, antagonique et ce, à l'épreuve
de la campagne (chapitre premier).
Les réalités et les
particularités de ce scrutin présidentiel de l'an
2000 au Sénégal, appartiennent à un contexte bien
spécifique. Se pose alors l'alchimie des circonstances, de lieu,
de temps et de personnes (chapitre second).
CHAPITRE PREMIER:
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