CHAPITRE 2 : DES LIMITES INHERENTES A LA COMMUNICATION
POLITIQUE
: PERSPECTIVE EXPLICATIVE.
Il faut relever les capacités de
résistance des citoyens face aux influences des médias
qui
servent à véhiculer le message politique. Et
« dès lors que l'élection sollicite ou tend
à
contourner l'expression politique de l'identité
sociale, il faut se garder de prédire, de figer et
de standardiser les comportements participatifs »
81
À l'augmentation des pouvoirs indirects de l'influence et
des pouvoirs fondés sur les usages de
la communication, correspond une augmentation
parallèle des contrepouvoirs symboliques exercés dans le
débat public. Il existe, d'abord, des résistances
politiques à l'hégémonie symbolique des pouvoirs
fondés sur la communication. Il s'agit, au premier chef, du
libre examen et de la fonction critique exercés par les acteurs de la
sociabilité dans le cadre de leurs pratiques de communication et de leur
activité symbolique.
81 DIOP A. B., Logiques sociales et démocratie
électorale au Sénégal. Essai de reconstitution et
d'interprétation d'une trajectoire de crise : l'exemple de Fouta
Toro (19832001) Thèse de doctorat en science politique,
Université MONTESQUIEU, Bordeaux IV, IEP Bordeaux, CEAN, juillet 2002,
p.29
Cet effet plus ou moins relatif des politiques
communicationnelles de l'AFP et du PS sur l'électorat en l'an
2000, peut certes s'expliquer par ce rejet du discours politique et le
malêtre
et le malvivre des partis politiques. Mais pareille
explication ne saurait être suffisante. A ce propos, le vote reste
déterminé par une double logique, une d'ordre politique
et une autre, moins perceptible et latente, la dimension individuelle.
En effet, en politique, bien plus qu'en science
politique, il existe d'une part, des « objets politiques non
identifiés » (section 1)82), objets que les partis
en lice ne maîtrisent pas toujours
et d'autre part, le jeu des acteurs euxmêmes qui, faute de
voir une politique saine et bien faite,
tentent de la recréer et de la redéfinir selon leur
conception propre et leur propre approche. Là
intervient « la politique par le bas »
(section 2).
Section 1 : De la dynamique des « objets politiques
non identifiés ».
Faire recours à Denis Constant MARTIN et
à ce qu'il appelle les « objets politiques
non
identifiés » , nous amènera à
envisager les nouvelles manières inédites de concevoir et de
faire
de la politique pour finalement mieux comprendre la perception
du politique dans les sociétés, donc ce qui modèle les
attitudes des citoyens et les pousse éventuellement à agir. Les
individus intègrent en effet des répertoires symboliques
traditionnels que leur dictent les valeurs et réalités
sociales sans oublier les contre pouvoirs symboliques.
Ce qui laisse entrevoir « le rôle des
valeurs structurantes de la tradition culturelle dans les comportements
», pour reprendre Lancelot et la capacité réactive
l'individu citoyen (A).
Ces données que le politique n'intègre pas toujours
forcément dans son analyse des effets de la communication, auront
laissé voir un effritement du ndigeul en l'an 2000 (B).
82 Nous empruntons l'expression à Denis Constant
MARTIN: Sur la piste des OPNI (Objets Politiques Non
Identifiés), Paris, Karthala, collection
Recherches internationales, 2002
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