A De par le jeu des alliances politiques et l'action des
médias.
Au début de la recherche sur la communication de
masse, les chercheurs ont été convaincus de
la toute puissance des moyens de communication, qui
sont apparus comme des moyens privilégiés pour
façonner l'opinion du public. Les effets sont donc
définis comme étant puissants avec un réel impact sur
les destinataires, puisque pour Todd GILTIN « (...) les médias
produisent leurs effets à long terme (...) les effets de la
communication de masse doivent être analysés en termes de
stabilité et de maintien du statu quo »68.
En effet pour les auteurs de l'Ecole Allemande et du
modèle critique qui postulent la puissance des effets en
communication, ce sont les permanences qui sont significatives. Les
médias agissent non pas sur les changements d'opinion mais remplissent
une fonction de reproduction ;
ils agissent comme un facteur de stabilité et plutôt
que de dire à l'acteur ce qu'il faut penser, ce
à quoi il faut penser ou comment il faut penser, les
médias lui disent ce à quoi il ne faut pas penser.
Avancer pareil postulat d'un 'discours aux effets
réels' pourrait, à certains égards,
apparaître comme une prétention mais les suffrages recueillis par
les candidats socialiste et progressiste
ne sauraient être négligés. A la lecture
brute des résultats du premier tour, l'on ne peut que s'en convaincre.
Abdou DIOUF sort en tête du duel avec l'opposition, quelque peu
éparse, avec 41% des suffrages tandis que Moustapha NIASSE avec
17%, s'impose comme la troisième force politique du pays
derrière le leader charismatique du sopi, Abdoulaye WADE.
68 cf. cours de communication politique
Le PS va bénéficier du concours de
nombreux mouvements de soutien qui militent pour la
réélection du président sortant ; ces regroupements,
même si leur apport peut être relativisé, vont
drainer des « citoyens qui n'ont connu et ne veulent
connaître d'autre président que DIOUF ». Certains
partis vont le rejoindre au second tour, à l'image du BCG de
Jean Paul DIAS qui justifie ainsi son ralliement, en mettant la jeunesse en
garde contre les « marchands d'illusions » : « Nous
combattions tous Abdou Diouf, mais dès l'instant que nous avons compris
que celui pour qui nous menions ce combat ne le méritait pas,
nous avons pris nos responsabilités. Aujourd'hui, nous soutenons
fermement le candidat du Parti socialiste, parce qu'avec lui, le changement
dans la continuité n'est pas un vain mot ». C'est ainsi
que le PS sera soutenu par le PAI (Parti Africain de l'indépendance), le
PLS (Parti Libéral Sénégalais), le PDS/R (Parti
Démocratique Sénégalais/ Rénovation) et le BCG
(Bloc des Centristes Gainde) dans le cadre d'une alliance
dénommée Convergence Patriotique.
L'AFP de Moustapha NIASSE n'est pas en reste car elle dirige une
coalition de 8 à 9 partis politiques, dénommée la CODE
2000, la Coalition De l'Espoir 2000.
Tous ces facteurs vont contribuer à faire de l'AFP, qui
aura voulu s'imposer comme la clé du
changement, la troisième force politique du pays au
lendemain du premier tour du scrutin et la seconde à l'issue des
législatives de 2001, devant le PS.
Dans une étude qui se veut faite par le biais des
quotidiens sénégalais, le rôle des médias ne peut
être occulté car cette presse aura servi de relais et de support
du discours politique des candidats en lice pour la présidentielle de
l'an 2000.
Quand les médias engagent des campagnes d'opinion pour
soutenir une cause ou un projet, ils entendent assigner au destinataire de ces
campagnes la place d'acteurs prenant la décision qu'ils soutiennent :
il s'agit, pour eux, de faire en sorte non seulement que leurs
récepteurs ne s'identifient pas seulement symboliquement, mais aussi
qu'ils adoptent les positions d'acteurs qu'ils leur assignent.
L'influence des médias ou de la communication politique
désigne le degré de certitude ou de prévisibilité
de cette identification d'acteur : plus il sera prévisible que ses
récepteurs adoptent
la position qu'il entend leur faire prendre, plus on
pourra dire qu'un discours politique aura d'influence et jouera, par
conséquent, un rôle effectif dans l'espace public.
En effet, les médias sont aussi des acteurs et des relais
d'influence : en assurant l'élaboration et
la circulation des idées dans l'espace public, ils
constituent les agents d'influence, et, à ce titre,
il convient, sans doute, de donner au concept de
médias une acception assez large ne se limitant, en
particulier, pas à la fonction des organes de diffusion de
l'information. Si l'on donne
le nom de médias à l'ensemble des
acteurs qui élaborent et diffusent les formes de la médiation
symbolique et les représentations de la sociabilité politique et
des appartenances institutionnelles, il convient de désigner par ce
terme l'ensemble des acteurs qui élaborent et diffusent les opinions
dont l'échange et la discussion définissent les termes et les
logiques de l'espace public.
L'influence des médias est, ainsi, à ce titre, de
trois ordres.
D'une part, en assurant l'élaboration et la diffusion
des informations sur le monde, ils donnent aux sujets de la communication
et de la sociabilité un savoir sur le monde qui les met en
mesure d'exercer une fonction d'acteurs dans l'espace de la
délibération, puis dans celui de la diffusion.
D'autre part, en proposant des informations sur le
monde, ils déplacent, restructurent, font évoluer, les termes
du débat public, ne seraitce qu'en lui donnant des termes nouveaux, des
désignations renouvelées et des points de vue ou des
critères renouvelés sur le monde. Les médias, en ce
sens, font évoluer ce que l'on peut appeler notre
compétence symbolique de communication politique.
Enfin, l'influence des médias dans le débat
public tient à leur aptitude à faire naître des acteurs
nouveaux de la médiation politique ou à en faire
disparaître d'autres. En ce sens, les médias disposent, dans le
champ politique, d'une autorité symbolique : ils proposent des
logiques nouvelles au débat public et, en assurant une fonction
didactique auprès des sujets singuliers de
la sociabilité, ils assurent la fonction capitale
de faire naître les sujets symboliques de la communication
politique, à la fois en faisant apparaître les acteurs de
la vie politique, leurs stratégies, leurs pouvoirs et leurs
interventions dans l'espace public.
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