2.
CONF 2 : Internet et les nouvelles technologies, facteurs clés d'une
croissance économique durable ?
La réorganisation des systèmes de production sous
l'influence du développement de l'informatique et des réseaux a
engendré depuis dix ans la baisse des coûts de production.
Comment la désintermédiation promise par le
développement de l'Internet va-t-elle poursuivre cette réduction
des coûts et des prix ? Quelles politiques d'investissement et de
formation la France mène-t-elle pour soutenir l'innovation technologique
? De quels atouts le vieux continent dispose-t-il pour surfer sur la vague
technologique et en particulier sur celle des services ?
animée par Florence PUYBAREAU, La Tribune;
(FP)
avec :
Guy BERRUYER, Président Sage France, Directeur
Général Sage Continental; (GB)
Pierre DANON, CEO, British Telecom Retail; (PD)
Cathy KOPP, Directeur Général, IBM France;
(CK)
Cyrille du PELOUX, Directeur Général, Groupe
Bull et Président, Integris; (CduP)
Jacques MAILLOT, Président-directeur
Général, Nouvelles Frontières; (JM)
Henri de MAUBLANC, Aquarelle.com; (HdeM)
GB : éditeur de logiciels de gestion très
réputés. L'arrivée d'un réseau comme Internet
facilite le commerce en ligne. Internet doit être intégré
comme de l'informatique, avec le "back-office", et ce jusqu'à la
comptabilité-gestion, en passant par le système de livraison.
Tout au long de la chaîne les enjeux influent sur la
productivité.
CK : la productivité de l'entreprise n'est pas uniquement
due au commerce en ligne; on peut faire du commerce en ligne, mais aussi du
travail en ligne (employé), et du e-learning. Tout doit être
intégré pour accroître le plus possible les gains de
productivité.
Il existe une relation étroite entre les gains de
productivité et l'investissement informatique (gains de production). Ces
gains se sont faits beaucoup au travers des ERP, et actuellement au travers de
la "relation-client".
Internet intervient mais seulement par rapport au tout.
HdeM : aujourd'hui l'informatique qu'on met en place augmente la
compétitivité et crée des emplois. On ne justifie plus la
mise en place de l'informatique par une baisse des coûts. On utilise les
NTIC pour vendre plus et mieux.
GB : dans le cas d'une entreprise de cinq à dix
salariés comment faire plus efficace avec le même nombre
d'employés ?
Le recrutement supplémentaire (gain d'emplois) se fait
essentiellement dans les sociétés de services. Des gains de
productivité nouveaux sont développés à business
équivalent. Exemple: sans augmenter les effectifs, il devient possible
de gérer et mieux quinze à vingt pourcent de business en plus.
PD : exemple d'une PME en Cornouailles qui vend des steaks
d'autruche, Internet leur donne un accès sur un territoire plus vaste de
marché. Il y a création d'emplois au travers de l'accès
à l'entreprise.
CK : Grâce à cela, l'entreprise va 'faire de la
croissance'. Internet est alors un outil de croissance et l'entreprise va
devoir créer d'autres outils de productivité. 4 % du PIB aux
Etats-Unis va comme investissement à Internet, développement de
services. 1,7 à 2 % du PIB en Europe où il y a donc un peu de
retard.
CduP : il existe un ou deux domaines dans lesquels Internet a
fait ses preuves comme la vente de billets en ligne. Le reste, 95 % c'est
l'ensemble des transformations dans le monde High Tech.
HdeM : Internet montre l'intérêt du "mixage" entre
les grands et les petits.
exemple : Interflora travaille avec et dans le monde entier. Tout
le monde est habitué à acheter quelquechose sans le voir et
à payer en plus à la livraison. Or il n'y a pas de contrôle
sur un réseau de 200 000 ou 300 000 fleuristes dans le monde.
Aquarel.com n'a pour sa part qu'un seul point de fabrication,
en France. L'envoi est effectué par la poste. Il y a possibilité
de contrôler la qualité du produit final, d'envoyer par e-mail une
photo, de tracer le cheminement du produit jusqu'à sa livraison.
Cependant revient sans cesse le problème de l'avenir.
Depuis les années quatre-vingt et pendant vingt ans, chaque année
est problème d'avenir.
Depuis cinq ans la mentalité est devenue différente
par remise en cause de l'existant, ce qui implique la création pour
avoir un avenir.
Il est devenu nécessaire de repenser un peu l'entreprise.
Le réseau a un peu "redoré" l'entreprise, qui par ailleurs est
perçue en France différemment de ce qu'elle l'est dans les pays
anglo-saxons.
Dans ces derniers elle est plus respectée, vue comme
positive, ce qui n'est pas le cas en France.
Les français sont en retard car ils ont moins l'esprit et
ils ont moins le sens du partage et de la diffusion de l'information.
CK : Grâce à Internet, désormais les petites
entreprises peuvent défier les grandes entreprises. Ces
dernières, concurrencées sur leurs marchés par les plus
petites et/ou par des réseaux d'entreprises toutes structures
très réactives, qui doivent se remettre en cause, mais cela ne se
fait pas du jour au lendemain. Ce point est très important
Le client va vouloir se connecter 24 heures sur 24, avec une
fenêtre technologique qui est ouverte sur l'entreprise et sa
capacité à répondre.
Le "front-end" doit fonctionner mais aussi le "back-office", donc
l'entreprise doit faire une réétude complète de sa
capacité d'écoute, sa capacité à répondre.
C'est un vrai travail, il faut analyser les processus, le processus de gestion,
...
exemple : une PME peut mettre six mois pour repenser son
modèle.
Sinon il se passe la même chose que pour les start-up, on
ouvre une fenêtre technologique et l'entreprise coule parce que la
logistique ... ne suivent pas.
PD : La réalité des entreprises est telle qu'il est
impossible de tout faire en même temps, process comptable, ressources
humaines... etc.
Les PME sont à la recherche de systèmes qui savent
se parler entre eux, échanger des données, mais qui ne sont pas
forcément à mettre en place d'un seul coup, tout en même
temps (modularité).
L'Eldorado, c'est plutôt la mise en place un par un de
petits morceaux, avec l'adoption des standards qui se développent dans
l'industrie tels XML ...
PD : Le concept BO-FO n'est pas bon, n'est pas à
stabiliser.
CK : c'est pourquoi nous nous plaçons suivant la
problématique de la refonte des processus donc on procède
processus par processus puis on opère l'intégration de ces
processus*.
*cette décomposition très 'mécanique'
des activités de l'entreprise peut être rapproché de ce qui
se passe avec l'intelligence artificielle et on peut imaginer qu'elle produit
une certaine dose de surcode.
Les grands groupes ont les moyens financiers de développer
des choses compliquées, éventuellement de les rater... Ce n'est
pas le cas des PME.
Aquarel.com : l'investissement sur le net est de
plusieurs dizaines de millions de francs.
CduP : Au niveau des PME il est impossible de maintenir à
jour les compétences d'autant qu'elles se les font "piquer", surtout les
informaticiens.
Quelque part Internet c'est le paradis des sociétés
de services, notamment car Internet va pousser à la
délocalisation...
GB : Il y a quelques années, on a créé le
package puis on a connu l'industrie du package.
Besoins des grandes entreprises --> (arrivent des) SSII -->
(qui créent des solutions) grandes entreprises et moyennes --> (SSII
créent alors des plus "petites solos") --> pour les PME ----->
PACKAGE(S) en fin de compte
C'est important.
CK : On va de plus en plus vers l'"informatique à la
demande" comme pour l'électricité.
Fournir des applications, de l'informatique (ordinateurs,
disques, logiciels etc.), à la demande des grandes entreprises et des
PME voire des particuliers.
C'est le modèle de l'ASP.
C'est aux entreprises fabricants de matériels et de
logiciels, de services etc... de savoir comment répondre et de mettre en
place ce système.
PD : il faut aider à l'infrastructure des entreprises.
La Suède, la Finlande, Israël (aussi pour des raisons
sécuritaires) sont très avancés en ce domaine.
En Angleterre il y a un ministre du e-business avec des moyens
donc c'est très important, notamment pour Tony Blair.
En France, il y a plus de sénateurs qui sont
impliqués dans cette révolution depuis cinq ans.
HdeM : Et il y a eu le discours du Premier ministre à
Hourtin en 1999.
D'où, à l'étranger le développement
du Backbone et du réseau.
En France, c'est cher. L'Europe devrait aider plus. La bataille
de l'UMTS, avec ses prix faramineux, semble aller dans un très mauvais
sens.
CduP : P. Hewitt est ministre de l'information, gère
beaucoup, accélère la création des portails d'accès
citoyens; il y a service rendu aux citoyens et dématérialisation
des procédures.
Exemple : la TVA, passeport et carte d'identité, etc...
PD : aujourd'hui les américains sont très
très en avance par rapport à nous.
CK : l'Europe est en avance pour tout ce qui est "mobile" (avec
même l'image associée).
Point complémentaire : l'Education. Des choix de gestion
notamment doivent être faits pour accroître le développement
et l'usage des ntic.
IBM distribue des ordinateurs-prototypes dans les écoles,
mais il existe encore un travail à faire en quantité
extrêmement importante jusque dans les universités, les grandes
écoles etc...
Journaliste : IBM ne va pas équiper toutes les
écoles maternelles ???!!!...
CK : on pourrait. C'est une décision de gestion. On voit
de plus en plus de présidents d'université qui "se
débrouillent" pour s'équiper. Si on laisse les maîtres
faire, cela ne va pas. CK ne peut envisager une généralisation
rapide de ce genre d'investissement.
Aquarel.com : 1968, après le rapport
Nora-Minc, le projet politique a été voté par le
gouvernement de Valéry Giscard d'Estaing puis Paul Quilès a fait
que 30 à 40 milliards ont été investis avec un pouvoir
socioculturel très fort.
En Europe autour de Bruxelles les gouvernements n'osent pas
prendre des décisions d'investissements massifs. Au-delà des
mots, il faut accepter de mettre des sous...
Il faut bien que quelque part il y ait quelqu'un qui fasse cet
investissement.
Exemple :le Premier ministre dit qu'il faut que tout le monde ait
un accès à haut débit pour 100 francs maximum par mois
MAIS ce n'est pas France Télécom qui peut réaliser cet
investissement.
GB : ce qui compte c'est qu'il y aura des solutions qui seront
économiquement viables et rentables pour tous.
Le Minitel : monopole, très rentable pour le fournisseur
de services (France Télécom).
En définitive, le minitel a coulé; il n'est plus
intéressant, mais a appris à avoir une vision "services" et non
plus une vision technologique.
Minitel --> capacité à être
redistribué massivement.
La question la plus pertinente et que tout le monde se pose :
Quel business-modèle est le bon ?
PD : le bon modèle c'est déjà d'en avoir un,
c'est-à-dire par exemple pour 'business' tel aquarel.com, qu'il faut
savoir faire le travail de fleuriste, faire tourner une boutique etc... tous
métiers indispensables et nécessaires.
CduP : sauf quand il y a une très grande audience style
émission en prime-time où la publicité peut financer
(financement direct).
CK (IBM) : Une mauvaise idée, c'est aussi une mauvaise
idée sur le Net.
Un ballon carré, c'est mauvais.
balloncarré.com c'est très "c..n".
donc : il faut revenir aux processus de gestion des fournisseurs
afin de pouvoir répondre aux clients, il faut des employés pour
garder les clients, des fournisseurs pour les satisfaire etc...
Il faut que les médias arrêtent de penser qu'ils
sont le centre de tout, car ils ne représentent finalement que peu.
Aquarel.com : L'Internet a rendu possible dans la
tête de nos clients qu'on peut immédiatement répondre
à leur demande spécifique.
C'est très coûteux pour répondre et c'est
indispensable.
Au bout du compte l'important et l'intérêt c'est
d'avoir des clients.
Les "anciens du Minitel" sont OK car ils ont l'expérience
du service client.
En France et en Europe, on est en train d'apprendre que c'est le
service client qui compte.
L'image de l'entreprise se fabrique avec les clients, mais aussi
avec d'autres audiences telles les journalistes, les analystes financiers, les
employés de l'entreprise etc...
donc,
avoir Internet ou Intranet d'information qui va faire des cercles
d'informations assez larges à ces audiences-là.
C'est ici de la communication, c'est de l'information qui va
très très loin.
GB : vous pouvez publier un catalogue produit, l'extraire,
rajouter les tarifs, puis l'exposer (production tenue à jour
automatiquement avec un lien back-office) sur un autre site par exemple.
Alors question: gratuit (style Napster où l'on peut
télécharger du MP3) ou pas ?
Commentaire : il existe des produits digitaux pour lesquels on
crée un média physique pour le distribuer (c'est le cas Napster).
Maintenant on n'en a plus besoin. C'est cela la
désintermédiation.
D'autres produits tels que les contrats d'assurances par exemple,
peuvent être intéressés afin d'obtenir des gains de
productivité importants.
A chacun de ces fournisseurs d'être créatif, de
trouver des façons de facturer différemment ... il faut revoir le
business modèle global pour le bénéfice
économique.
GB : Dans le B to B on peut faire des enquêtes de
marché auprès des entreprises (clientes de Sage), afin de vendre
la même chose plus efficacement; par exemple, sur 7000
références et des ventes à 1000 détaillants en
France. Pour cet ensemble de transactions on constate : pas de fax, pas de
ressaisie de la commande.
Le Business to Consumer doit faire vendre plus efficacement aux
clients que l'entreprise a et éventuellement vendre plus à ces
clients.
CK : Préoccupation depuis 2 à 3 ans : les PME
"traditionnelles", qui existent déjà, souhaitent aller vers le
national voire l'international.
GB : Le thème de la conférence est là et il
est réellement utile : les réseaux et notamment Internet sont-ils
les facteurs-clés d'une croissance économique durable.
Il se trouve que dans le monde du B to B on peut passer commande
avec un nombre de clients finis.
Dans le B to B on peut fédérer différents
services et travaux.
- un très très grand nombre de clients en ligne
peuvent passer leurs commandes en même temps sans se tromper
---> Le traitement se fait alors en Back-Office.
CK : Les ambitions par rapport à Internet sont
corrélées à la pénétration dans les foyers;
en France elle est de 12-14 % ce qui est très faible. En Angleterre elle
est d'environ 30 %.
Question anonyme : Pour les petites entreprises, le e-commerce ne
convient pas. Existe-t'il des systèmes de réseaux d'entreprises
?
Réponse : si une entreprise a très peu de clients,
normalement ce n'est pas intéressant. Ce n'est a priori rentable que
s'il y a beaucoup de clients.
CK : Quel que soit son marché, il faut que l'entreprise au
moins se pose la question.
Il existe probablement des solutions qui peuvent lui donner
accès au e-commerce,
et
il est nécessaire de rechercher/repenser en amont.
Il faut investir sur la partie achats, c'est très
important,
voire employés
et
il est possible de s'associer avec d'autres entreprises pour
faire des "Places de marché". Il faut donc de la réflexion : il y
a un modèle d'organisation à avoir, il n'y en a pas
d'idéal à ce jour.
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