6 Piloter l'informatisation*,
c'est choisir un modèle de société :
Informatisation doit être compris ici au sens de la mise en
réseaux, qui est liée à l'informatique.
L'informatisation, la technique, s'inscrit dans un mouvement de
rationalisation dont elle est la condition et l'expression la plus
achevée. L'informatisation est seulement une étape de
développement et elle semble associée à un palier de
société, nouveau modèle de société qui ne va
pas sans la mise en place de médias nouveaux s'ajoutant aux
médias traditionnels, s'appuyant par exemple sur les réseaux
(inter, intra, extra -net). D'où la nécessité
avérée d'un "plan Banques de données" : recenser les
institutions à créer, définir les responsables
chargés de les mettre en oeuvre. Les télécommunications
sont devenues un point de passage obligé chaque fois qu'il s'agit de
faire communiquer. Initiateur d'une stratégie concertée de
"l'internationale des télécommunications", le pôle
français doit devenir l'instrument d'un dialogue moins
déséquilibré avec les grands constructeurs sur les
problèmes de souveraineté.
La situation alors : une absence de stratégie
unifiée avec des intervenants multiples aux positions contradictoires et
des tutelles dispersées, des pouvoirs réglementaires et une
fonction d'exécution confondus.
Il s'agit également de profiter de la capillarité
du réseau téléphonique et des infrastructures existantes
mais aussi de dynamiser l'action des organismes de
télécommunications, de définir une politique du futur sans
se tromper sur les produits, les usages, les peuples etc.
Dans une société à haute
productivité, les conflits s'élargiront progressivement à
tous les éléments, à tous les composants du "modèle
culturel" par exemple le langage et le savoir. Question alors : Comment se
traduiront ces conflits ? Imaginer un scénario....Face à cet
avenir aléatoire, l'essentiel n'est pas de prévoir les effets de
l'usage accentué et généralisé des réseaux,
mais de socialiser l'information. Sur ces thèmes il ne s'agit pas
d'apporter des conclusions générales mais de proposer un canevas
d'interrogations. La société informatisée, celle du tout-
en- réseau, deviendrait une société de conflits culturels,
car une société à haute productivité est une
société conflictuelle. L'accroissement des services est
important, et surtout la multiplication des activités où
l'information est la matière première. Elle s'accompagne d'un
changement dans la structure des organisations et d'un basculement des
attitudes à l'égard du travail. Il existe désormais
beaucoup plus de petites voire de très petites unités que de
grands groupes.
La scène sociale traditionnelle tendra à se
désarticuler au fur et à mesure du passage de la
société industrielle, organique, à la
société d'information polymorphe. Les rapports de production ne
demeureront pas la matrice unique de la vie sociale. Les rivalités
n'opposent plus deux classes structurées par leur insertion dans les
processus industriels mais des groupes mobiles et innombrables,
conditionnés par la diversité de leur appartenance et de leurs
objets. La source et l'enjeu de ces conflits s'élargiront à la
société entière. Dans les rapports entre
télématique et conflits culturels, le langage et le savoir sont
en jeu dans les conflits qui se développent. La domination s'exerce par
l'intermédiaire du savoir qui aboutit au pouvoir auquel il est
étroitement lié.
L'informatisation en tant que produit fini risque d'être
à l'origine de l'une de ces discontinuités autour desquelles
pivotent le savoir. La frontière des disciplines sera plus fluide, plus
mobile, nécessitant une plus grande tolérance mais aussi plus de
fermeté afin de corriger au plus vite et au mieux les dérives ...
Et le savoir y perdra le réconfort d'une transition et d'une sociologie.
Bouleverser une culture individuelle ici, proposerait moins de stockage des
savoirs remplacé par plus dans l'habileté à chercher et
à utiliser. Les concepts l'emportent sur les faits, les
itérations sur les récitations. Assumer cette transformation
serait une révolution copernicienne pour la pédagogie. Comment
parvenir à ce degré; ensuite quels types de découvertes
sont-ils possibles ?
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