5.7.2 La
société interactive :
La communication informatisée n'est pas susceptible de
généralisation dans un avenir proche. Même si son
utilisation se développe à une vitesse phénoménale,
elle exclura longtemps la grande majorité de l'humanité,
contrairement à la télévision et aux autres mass
médias. La communication informatisée reste le média du
segment le plus instruit et le plus aisé de la population des pays les
plus riches et les plus instruits, qui vit le plus souvent dans les
régions urbaines les plus étendues et les plus cosmopolites.
L'hypothèse de Manuel Castells est que la communication
par ordinateur va se développer dans un avenir proche partout et
même en direction des pays pauvres.
Passant des utilisateurs aux utilisations, la communication
informatisée s'effectue dans des proportions écrasantes au
travail ou dans des situations en rapport avec le travail.
Si les gens travaillant chez eux sur ordinateur apprécient
jusqu'à la personnalité et la fonction de ceux avec qui ils sont
en relation et communiquent, il est possible de décrire des codes de
comportement rattachés à ces pratiques nouvelles. Outre
l'interaction sociale occasionnelle et diverses utilisations
spécifiques, la communication par ordinateur est à l'origine de
la constitution de communautés virtuelles, par exemple prenant pour
cadre un réseau électronique autodéfini de communication
interactive organisé autour d'un intérêt ou d'un objectif
commun mais qui peut être éphémère. Le mode de
communication électronique est le mode favori pour le cosmopolitisme et
l'internationalisation. Il se peut que la communication informatisée
soit un puissant moyen de renforcer la cohésion sociale de
l'élite cosmopolite, en offrant un support matériel au contenu
d'une culture globale à même de sécréter ainsi toute
sorte de messages branchés. En apparence s'opère une grande
fusion qui aboutit à considérer le multimédia comme un
environnement symbolique. Dans la seconde moitié des années 1990,
un nouveau système de communication électronique est né de
la fusion de la communication informatisée et des mass médias. Ce
sont les entreprises et non les Etats qui modèlent le nouveau
système multimédia. Les prévisions d'une demande
illimitée de divertissement paraissent exagérées et
largement dictées par l'idéologie de la "société
des loisirs". Et bien que la réduction de la consommation de
médias semble s'expliquer par le surmenage plus que par le manque
d'intérêt, les firmes du multimédia misent sur une autre
interprétation : le contenu des programmes ne serait pas assez
attrayant. Le nouveau système en raison de la diversité virtuelle
des contenus, le message est le message : c'est la capacité de
différencier un produit qui offre le plus grand avantage en
matière de concurrence. Au demeurant, il n'est pas sûr que les
gens aspirent à plus de produits et services, domine plutôt
l'envie de distractions supplémentaires, alimentant une structure
socioculturelle propre.
|