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Communication via les médias à  base de réseaux

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par Marie-Josèphe Couturas
Université Paris 1 Sorbonne - DEA Sciences Politiques 2000
  

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3. L'incarnation d'une vision :

Le thème de la société de l'information semble constant depuis les années cinquante, faisant l'objet d'une redécouverte cyclique. Presque dès les débuts, de nombreux textes de science-fiction mettent en scène une telle société et décrivent avec précision, comme le fait par exemple Isaac Asimov, Internet, le multimédia, les communications virtuelles.

La tension entre les éléments charismatiques et les réalités de l'organisation à grande échelle configurera les réalités politiques de la science dans une société postindustrielle. La notion de noosphère, inventée par le jésuite Teilhard de Chardin, est reprise par McLuhan dans "La galaxie Gutenberg" car elle correspond pour l'intellect à ce que la biosphère est pour la vie et que l'auteur interprète comme "le cerveau technologique de l'univers".

Aujourd'hui le discours est simplement sorti des cercles des spécialistes qui lui ont donné naissance et il touche un vaste public. Le culte de l'information s'est incarné et s'est vulgarisé via le culte de l'Internet.

3.1 Un discours ancien :

C'est au sein de la "cybernétique" inventée par le mathématicien Norbert Wiener dans les années quarante que le premier "culte de l'information" est né. Il défend en effet une "vision du monde" plus ample faisant de l'information le noyau dur d'une représentation globale du réel, provoquant progressivement le dégagement d'un véritable paradigme, et qui s'impose aujourd'hui. L'expansion du paradigme s'est faite progressivement depuis un demi-siècle à des domaines de plus en plus nombreux comme l'automatique, l'informatique et l'intelligence artificielle, le biologie et la génétique, les sciences humaines et sociales, la philosophie et la psychanalyse, les sciences de la communication et le monde des médias, le champ des idées politiques, se cristallisant actuellement autour d'Internet.

Armand Mattelart a bien mis en évidence les liens entre l'idéologie contemporaine de la communication et le thème plus ancien de l'"utopie planétaire".

Pierre Musso de son côté, a décrit avec précision l'influence plus ancienne de la pensée saint-simonienne des réseaux sur le discours d'accompagnement d'Internet.

L'information selon Wiener :

Le monde, et donc tous les êtres qui en relèvent, quels qu'ils soient, est composé de deux grands éléments : d'un côté les formes, les idées, les messages, les "informations", de l'autre le désordre, le hasard, l'entropie. c'est-à-dire d'un côté l'esprit, de l'autre la matière.

L'information est le "nom pour désigner le contenu de ce qui est échangé avec le monde extérieur à mesure que nous nous y adaptons et que nous lui appliquons les résultats de notre adaptation". L'entropie est sa négation, et sa présence concrète dans l'Univers est assimilable à l'imperfection, au hasard, à la désorganisation, à la mort. Seule l'information permet de lutter contre elle et elles représentent les deux faces de la réalité. Tout est information, message, mouvement, sauf lorsqu'il y a délitement entropique. Pensée qui inaugure une "ontologie radicale du message" et s'établit dans une véritable mystique de la communication.

Cette nouvelle vision du monde parait comme une approche "antimétaphysique", en ce qu'elle postule qu'il n'y a rien derrière le réel ramené à l'échange permanent et visible des informations qui le constituent. Le nouveau paradigme est une pensée de la relation qui enferme le réel dans le relationnel et le relationnel dans l'informationnel.

Une nouvelle vision de l'homme et de la société :

Wiener va explorer deux axes majeurs de réflexion, qui constitueront les branches centrales de la nouvelle vision informationnelle du monde : d'une part, une réflexion sur la nature de l'humain qui le conduira à prendre des positions théoriques anti-humanistes ; d'autre part, une réflexion de nature quasi sociologique sur la société idéale qui devrait se reconstruire autour de l'information.

Voici donc le projet d'un homme nouveau, essentiellement constitué d'information. "Il n'existe pas de différence fondamentale absolue de démarcation entre les genres de transmission utilisable pour envoyer un télégramme d'un pays à un autre et les genres de transmission possibles théoriquement pour un organisme vivant tel que l'être humain".

"Le fait que nous ne pouvons pas télégraphier d'un endroit à un autre le modèle d'un homme est dû probablement à des obstacles techniques, (...) il ne résulte pas d'une impossibilité quelconque de l'idée elle-même".

Le modèle de société qu'il dessine à partir du point central qu'est l'information et sa circulation, est une société sans Etat, fondée à la fois sur des petites communautés de vie et sur un système de communication mondial, et dans laquelle la notion d'égalité s'étend bien au-delà du règne des humains en incluant les machines intelligentes.

Pierre Lévy, cinquante ans plus tard explique : "En s'interconnectant (..) l'humanité se constitue peu à peu en noosphère, en monde des idées, en réceptacle actif des formes. Ce faisant, elle découvre que le monde réel est un monde des idées, un univers des formes".

Norbert Wiener est à l'origine d'une vision qui fait voir le monde autrement si on accepte de la partager. La forme et l'information ne faisant qu'un, elle institue donc l'information comme valeur clé dont la reconnaissance donne la direction du progrès. Cette valorisation confine à la sacralité. C'est dans la direction de cette vision que certains s'attribueront la mission de faciliter la communication partout où cela est possible, ce qui signifie construire des dispositifs techniques dont la finalité principale sera de permettre la communication.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery