2.
La promesse d'un monde meilleur :
Au début on parla de l'" Etat mondial " puis, rapidement,
de "village planétaire", de "révolution informatique" enfin, qui
devait changer la société toute entière au cours de
l'"ère numérique" aboutissant à un monde meilleur.
2.1 La promesse d'une nouvelle vie :
Tout ce que le public entend désormais à propos du
réseau et d'une façon générale des ntic, par
exemple dans le domaine de la téléphonie mobile, est
associé systématiquement à un ensemble de valeurs
positives, "plus de liberté, plus d'emploi, plus de richesse, plus de
démocratie, plus de savoir".
La publicité pour Internet et le téléphone
mobile reprend l'archétype de tous les messages sur le sujet en nous
présentant toujours les mêmes tableaux idylliques de personnages
esseulés, vaguement extatiques, habitant désormais sans souci
d'un monde transparent où règne cependant la promesse d'un
collectif.
L'appropriation par le politique :
La publicité n'est que la phase la plus visible
spectaculaire et quotidienne de cette promesse dont elle constitue l'habillage
imaginaire. Le monde politique s'est rapidement emparé du thème,
et la plupart des gens ont d'abord appris l'existence de la promesse
associée aux ntic par l'intermédiaire du thème de la
"société mondiale de l'information" tel qu'il était
diffusé par différentes instances politiques.
C'est Gérard Théry, en France, qui dans son rapport
sur "Les autoroutes de l'information" rendu au Premier ministre a introduit ce
dernier terme, très utilisé.
Au Japon, la presse ira jusqu'à parler de la construction
d'un "Etat télématique", d'"infotopie" ou d'"utopie
informationnelle".
Le thème de la société de l'information va
traverser les clivages politiques et s'adapter très facilement aux
changements de gouvernement, et les médias se font en principe largement
l'écho des prises de positions et des décisions
annoncées.
Extrait du Discours de Hourtin tenu par le Premier ministre
français : "L'essor des nouveaux réseaux d'information et de
communication offre des promesses sociales, culturelles et, en
définitive politiques. La transformation du rapport à l'espace et
au temps qu'induisent les réseaux d'information permet des espoirs
démocratiques multiples, qu'il s'agisse de l'accès au savoir et
à la culture, de l'aménagement du territoire ou de la
participation des citoyens à la vie locale".
Un thème d'inspiration américaine :
Il existe à l'échelle mondiale une grande
convergence de tous les projets qui relèvent, d'après le
chercheur Thierry Vedel, d'une "carte cognitive commune", dont l'information
est le pivot de la nouvelle promesse, et dont le thème outre la
dimension de religiosité qu'il contient fonctionne comme "un grand
récit", une "structure cohérente de sens".
Al Gore en est l'un des auteurs, car il a présenté
ce projet avec des accents quasi religieux propres à séduire le
public américain et qui sont au point de convergence de
l'héritage de la contre-culture, du nouvel establishment libéral
dans le domaine de l'informatique. C'est lui qui a fait émerger
l'idée d'une société réorganisée autour d'un
réseau d'information, en novembre 1991, dans le cadre d'une loi, la
"High-Performance Computing Act". Elle sera suivie en 1993 du gigantesque
projet NII National Information Infrastructure qui sera connu du grand public
via le discours très popularisé des médias prononcé
par le politicien devant l'Académie américaine des arts et des
sciences de la télévision. Les thèmes de ce discours
serviront de base et d'inspiration aux politiques de tous les pays qui, partout
dans le monde, inscriront désormais à leur ordre du jour la
nécessité de soumettre la société au nouveau culte
de l'information. Il faudra réformer le langage : désormais il
devra être informationnel, et les "modes de communication vont divertir
et informer, mais surtout ils vont éduquer, promouvoir la
démocratie et sauver des vies. Ils vont aussi créer de nouveaux
emplois".
|