1.2 Les technophobes :
Ils sont hostiles à toute technique, et opposent par
philosophie une sorte de résistance passive au développement des
NTIC, à la vague technique et surtout aux valeurs dominantes qui
l'accompagnent.
Dès que le thème de la société
technicienne de communication a été imaginé, notamment par
Norbert Wiener, des philosophes tel le français Jacques Ellul qui est
très connu dans le monde du protestantisme et bien au-delà, ont
engagé une critique radicale de la technique, notamment dans son ouvrage
"La technique ou l'enjeu du siècle", publié pour la
première fois en 1947, et dont le succès a été
immédiat notamment aux Etats-Unis. Jacques Ellul a depuis fait
école et influencé de nombreux penseurs de la technique.
Le village global qui se met en place à travers les
circuits de l'information et de l'économie déstabiliserait les
cadres pratiques de l'identité humaine.
D'autres essayistes mettent en garde contre les risques de
"Tchernobyls informatiques".
Un autre courant technophobe existe, renvoyant souvent à
l'inégalité des situations personnelles et professionnelles dans
une société où l'éducation aux techniques est
encore moins généralisée que l'éducation tout
court. A l'illettrisme s'ajouterait désormais l'illectronisme.
1.3 Les partisans d'un usage raisonné :
Ceux-ci, s'appuyant sur des valeurs humanistes, souhaitent un
usage raisonné et raisonnable des techniques, persuadés qu'il
doit sous certaines conditions être facteur de progrès.
Norbert Wiener lui-même a eu vers la fin de sa vie un
sursaut humaniste. Certains des plus grands noms du monde de l'informatique,
ont tenu à témoigner en faveur d'un usage raisonné et
humaniste des ntic contre l'emballement et l'excès auxquels elles
donnent lieu.
Un certain nombre d'éminents spécialistes
considèrent que les outils ne sont que des outils, et que tout
empiétement sur d'autres domaines comme par exemple la prétention
à en faire un levier de "révolution sociale" va à
l'encontre des idéaux humanistes qui placent l'homme et non la technique
au centre du monde.
La critique de "l'idéologie de la communication",
engagée par Lucien Sfez et l'analyse de l'"utopie de la communication"
portaient déjà en germe chacune à sa manière les
prolégomènes d'une réflexion sur un usage raisonné
des techniques dans un contexte pourtant largement techniciste.
Le courant "antimondialisation libérale" surgi en Europe
et ailleurs à la fin des années quatre-vingt-dix contient
potentiellement une critique raisonnée du réseau et d'Internet,
ce dernier étant considéré comme un outil
entièrement instrumentalisé par le libéralisme.
Les partisans d'une régulation y compris juridique jouent
également un grand rôle dans la défense d'un usage
contrôlé des ntic.
De nombreux enseignants tentent une réflexion
pédagogique sur un usage raisonné au service de la
pédagogie et de la nécessaire relation maître -
élève.
Les difficultés de cette troisième voie sont telles
que malgré les renforts de certains intellectuels peu suspects
d'hostilités aux techniques, toute position critique ou appel au
débat sont immédiatement réduits, par les médias
notamment, à un "pour ou contre" terriblement simplificateur. Car le
culte de l'Internet est si répandu que l'on ne doit pas imaginer que
l'on puisse s'en servir comme d'un outil, et la discussion est souvent
réduite dans l'unique espace laissé "technophile ou technophobe
?".
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