B/ Tendances à l'oeuvre dans
la communication sur les médias à base de réseaux :
Il serait bien difficile, à l'évidence, de retracer
de façon suffisamment exhaustive tous les champs tous les domaines tous
les usages où est mise en oeuvre la communication sur les médias
à base de réseaux. Seuls quelques-uns, quelques pratiques, se
retrouvent donc ci-après permettant d'illustrer de façon pratique
le développement et la mise en oeuvre de la communication via les
réseaux.
I. Culte des Réseaux :
L'expression culte peut s'entendre de deux manières. Au
sens propre, le culte est associé à une démarche
religieuse où il est à la fois l'hommage rendu à une
divinité et l'ensemble des pratiques qui concrétisent cet
hommage. Dans un sens métaphorique, le culte est la
vénération, ou plus simplement le fort attachement que l'on peut
porter à quelque chose ou à quelqu'un.
L'engouement pour Internet par exemple se déploie dans un
climat qui apparaît véritablement comme celui d'une nouvelle
religiosité. Celle-ci est de plus en plus nette au fur et à
mesure que l'on se rapproche des milieux qui s'en font les plus ardents
prosélytes.
L'idée qu'il y a derrière les discours les plus
radicaux tenus sur Internet, un phénomène d'ordre religieux, au
sens propre, avait déjà été entrevue par plusieurs
auteurs. Pierre Musso s'en approche, lorsqu'il tisse une
généalogie d'Internet qui le fait remonter à la
"philosophie des réseaux de Saint-Simon", le
célèbre ingénieur français du
XIXème siècle, fondateur d'une "religion universelle de la
communication", d'un "nouveau christianisme".
Internet n'est pas né en un jour et il n'est, au bout du
compte, que le vecteur d'un culte plus large, celui de l'information, né
au sein des "visions" de la cybernétique des années quarante. Et
cette religiosité, qui n'est pas une religion, n'est après tout
qu'en permanence en formation, à l'état de nébuleuse
hétérogène, diffuse.
Internet est la véritable église de ceux qui
vénèrent l'information. Les réseaux, les ordinateurs,
toutes les machines à communiquer deviennent autant de lieux
privilégiés, quasi exclusifs, où se pratique ce nouveau
culte, qui implique un nouveau rapport au lien social. La nouvelle
religiosité suppose possible une ivresse de la communication. Elle s'est
dotée d'une vitrine publique avec le thème, très populaire
dans certains milieux, de la "société mondiale de
l'information".
1. Pour ou contre Internet et la
communication par le biais des réseaux, une fausse alternative :
1.1 Les partisans du tout- en- Réseau :
Ce sont les prosélytes parfois sans le savoir d'un nouveau
culte, les militants d'une société mondiale de l'information, les
prophètes du " tout- en- Réseau ", qu'ils tentent d'appliquer
à tous les aspects de notre vie privée, publique et
professionnelle. Ils n'ont qu'une vision de l'avenir, celle d'un monde dont les
ntic seraient le nouveau centre envahissant puisqu'il serait partout,
n'hésitant pas à parler d'un "nouveau monde", virtuel, celui des
réseaux aussi nommé "cyberespace" en souvenir de son origine
cybernétique, et qui se substitue progressivement à
l'archaïque "monde réel".
Parmi ces "fondamentalistes" : Pierre Lévy, aux accents
mystiques et dont l'influence est importante, dont "World philosophie"
constitue une bonne synthèse de certaines croyances du milieu ; Philippe
Quéau, directeur de la division informatique et information à
l'Unesco, convaincu qu'une "nouvelle révolution métaphysique" est
en marche où le réel devient intégralement langage donc
information, et où l'on va réussir à obtenir grâce
au cyberespace, une "identité parfaite de la carte et du territoire".
Beaucoup d'informaticiens soutiennent ce point de vue, convaincus
que les techniques sont par nature porteuses de progrès. Nicholas
Negroponte dans "l'homme numérique", défend même
l'idée que l'informatique est un mode de vie. Désormais c'est le
"Tout- Réseau" qui tend à devenir un mode de vie.
Cette catégorie accueille les gourous de la "nouvelle
économie" qui voient dans le développement tous azimuts des
réseaux l'occasion de multiplier les profits ou même de
bâtir des fortunes rapides.
Les hommes politiques également, par exemple Al Gore aux
Etats-Unis, souvent entourés d'ardents conseillers en la matière,
car ils voient là l'occasion de remplir un programme politique en jouant
sur une vague jugée populaire.
Et tous ceux pour qui le réseau peut être un
formidable accélérateur de carrière.
Tous, prophètes, optimistes techniques ou tout simplement
professionnels mus par l'intérêt, s'entendent et s'appuient
mutuellement les uns sur les autres pour faire advenir une nouvelle
"révolution", sans vraiment s'interroger sur les conséquences
sociales et humaines qu'elle implique.
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