1.3 La
communication via les nouveaux médias à base de réseaux,
entre idéologie technique et projet de société :
La communication reste bien au coeur du lien social qu'elle
participe elle-même à tisser. L'idéologie technique qui
réduit la communication à la technique construit une fausse
hiérarchie entre les médias dits anciens et les nouveaux. L'enjeu
de la communication n'est pas technique, mais dans la compréhension des
relations entre les individus, modèle culturel, et entre les individus
et la société, projet social. Libérer la communication du
joug de la technique nécessite de développer et de dominer la
connaissance. Médias généralistes et nouveaux
médias nous renvoient au modèle de la société
individualiste de masse. Si les premiers forment une offre de qualité,
le progrès aura dépassé la logique de marché qui ne
se préoccupe que de la demande et des nouvelles techniques.
La communication à distance, fortement promue par les
nouvelles techniques ne remplacera pas la communication humaine directe, ne
serait-ce que parce que l'être humain domine les technologies ou les
abandonne mais ne se laisse pas dominer par elles. Ce sont les machines qui se
branchent, pas les hommes. L'humain, lui, se différencie en fonction des
techniques qu'il découvre ou qu'il invente. Il se fabrique de nouveaux
métiers, de nouvelles pratiques, un nouveau statut...
L'humain est bien autre chose que le partenaire de l'interaction
technique et il existe un grand décalage entre la performance des
machines et la complexité de la communication humaine.
La nouvelle écriture du monde que représente
Internet et les réseaux donne des atouts essentiels : le patrimoine
intellectuel et culturel et tout ce qui permet de promouvoir l'intelligence
collective est donc à mettre en ligne, car la sagesse qu'est la
capacité de valider une information dans un océan de
données, devrait nous permettre de distinguer les uns des autres et de
jouer avec succès des cartes voire des nations originales.
Au-delà du gigantesque chantier de sa mise en route, la
question se pose de reconnaître de quoi sera faite la
société de demain; en quoi la société en
réseaux constitue bien une étape de notre devenir. Car c'est bien
d'un petit coup d'hominisation comme le dit l'académicien Michel Serres
dont il s'agit ici.
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