VII. Communication, Médias à base de
réseau(x) , Médecine et Recherche :
1. Médecine :
C'est un des domaines ou certaines des avancées sont les
plus rapides et les plus spectaculaires.
En chirurgie, des gestes deviennent plus sûrs, dans le cas
par exemple de certaines opérations du dos: sur 10 000, 2000
opérations doivent être recommencées ou reprises sans ces
technologies. Grâce à l'image 3D, à l'ordinateur et aux
capteurs, il est possible de pratiquer des opérations très
délicates, sur les vertèbres cervicales notamment, en diminuant
très fortement les risques. Les scolioses sont désormais
opérées avec une grande précision.
1.1. Techniques : les
différents types de télé médecine :
1.1.1 La télé
consultation et le télédiagnostic :
La transmission numérique d'informations (radio, scanner,
tests...) à un hôpital, qui se prononce sur les suites à
donner, accélère le diagnostic et évite les transferts
inutiles de patient.
1.1.2 La télé-
expertise :
Permet à un médecin d'interroger un confrère
plus spécialisé, en lui transmettant des résultats
d'analyse des données sur le patient. Cette forme d'échange est
très utilisée dans le traitement du cancer.
1.1.3 La télé-
surveillance :
Permet à un patient équipé d'appareils de
relevé de demeurer à domicile tout en restant suivi. On l'utilise
par exemple pour les grossesse à risque, les maladies cardiaques, le
diabète, les insuffisances respiratoires ou l'hypertension.
1.1.4 Les réseaux
"ville/hôpital" :
Permettent au médecin généraliste, avec
l'accord du patient, d'accéder aux données enregistrées
sur le patient à l'hôpital.
1.1.5 La télé-
formation :
Consiste, pour un professionnel de santé à
accéder à distance à des bases de données, des
services d'information et des cours.
1.1.6 La télé-
chirurgie :
Permet à un chirurgien d'effectuer une simulation de
chirurgie sur ordinateur, à l'aide de messages à trois
dimensions, puis d'opérer à distance en étant
assisté par des ordinateurs.
1.1.7 Des techniques et
après ? :
L'association de ces différentes techniques devrait faire
évoluer le rapport dans la relation médecin- malade. Aux
Etats-Unis où elles sont déjà très en vogue, il
semble bien que le patient "prenne le pouvoir" ? Quels sont ou peuvent
être les dérives malheureuses d'un tel système, hors les
problèmes de financement ? Le côté anonyme,
détaché de contact humain, de reconnaissance prolongée du
patient (historique personnalisé, antécédents familiaux)
dans un style de société dont c'est précisément un
des défauts les plus pertinents. Dans son livre "La Santé
Parfaite", Lucien Sfez nous dit : "Il s'agit de restaurer la
moralité en la rebranchant sur le corps. Le contrôle sur le corps
n'est pas une affaire de technique, mais politique et morale. Elle est
là l'utopie mobilisatrice de l'an 2000." Il est évident que
les développements de la bioéthique, la formation des
médecins et la sagesse de leur popularité devront contribuer
à l'intégration et à la maîtrise de techniques par
ailleurs très performantes et utiles mais dont la domination des risques
de dérives mérite une attention toute particulière et
réellement soutenue.
Lorsque, à l'échelle de la planète, des
patients cherchent à s'entraider, de nouvelles formes de
solidarité surgissent, susceptibles d'interpeller d'anciennes formes de
pouvoir. Ainsi, un cancéreux anglais, en comparant son traitement
à celui d'un compagnon d'infortune en Australie, en France ou aux
Etats-Unis, trouve non seulement du soutien, mais aussi une autonomie accrue
face à la structure médicale locale. Les notions d'expertise et
d'autorité subissent de ce fait des déplacements susceptibles de
faire pression sur les structures professionnelles. Le
télédiagnostic transfrontière, l'achat à
l'étranger de médicaments non homologués localement, que
le cas du Viagra a mis en évidence, soulèvent des questions
analogues en remettant en cause l'assise légale et territoriale des
structures professionnelles. Ces transformations des pouvoirs menacent beaucoup
d'acquis mais aussi de privilèges, et expliquent en partie certaines
réactions négatives à l'égard des
réseaux.
Colloques internationaux et congrès divers peuvent
utiliser les réseaux pour faciliter leur préparation et ainsi
accroître la portée de l'évènement. Signe des temps,
un colloque italien sur la santé mentale par exemple, est
présenté aussi en anglais, dans le but évident d'attirer
des participants internationaux. Loin de se substituer aux communications face
à face, les réseaux contribuent à intensifier les besoins
pour mieux prolonger des discussions amorcées par le courrier
électronique ou les forums.
Par l'articulation étroite et rapide qu'ils assurent entre
la publication et la communication, les réseaux permettent à
toutes sortes de groupes de rassembler, concentrer et organiser en quelque
sorte, de l'information essentielle dans divers sites puis de les faire vivre
et évoluer au fil de débats et discussions entretenus par des
informations et des forums. Poser la question grave et douloureuse du sida
donne la possibilité à des individus profondément
menacés dans leur être et leur existence- même de chercher
la meilleure information possible, de trouver les meilleures manières de
traiter tel cas particulier de cette terrible maladie, voire d'exercer un
regard critique sur le comportement de leurs médecins. Dans cette voie,
le réseau au dire de certains malades eux-mêmes (exemple de
l'automutilation ou cutting) , est devenu cet environnement merveilleux
où ils peuvent s'entraider, échanger leurs histoires
personnelles, trouver des conseils etc... sans condition de catégorie
sociale. Communautés des malades. Collaboratoires des chercheurs. Encore
une fois, concernant la médecine, on ne peut que souhaiter
déboucher sur une plus grande humanité des soins et des
traitements. Elle passe par la domination de techniques parfois surpuissantes,
simples outils.
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