3 La communication des savoirs
:
La communication des savoirs ne se réduit donc pas
à une simple transmission. L'enseignant doit aussi prendre en compte les
relations affectives, les représentations, les décalages
linguistiques et socioculturels qui peuvent brouiller le message
pédagogique.
La relation pédagogique est une relation de communication
médiatisée par des savoirs et des contenus culturels.
Méthodes et contenus sont interdépendants. Il s'agit pour
l'enseignant de "se faire apprenant de son propre savoir"*.
Ce sont les représentations des élèves qui
sont en jeu. Le souci doit être permanent d'articuler ce qu'on apprend
aux élèves qui apprennent.
De nos jours existe dans les classes un écart sociologique
de plus en plus grand entre monde des enseignants et monde des
élèves. Il est non seulement lié aux différences de
couches sociales mais encore aux différences culturelles, et pas
seulement dans la communication verbale. Les ntic peuvent réellement
aggraver le phénomène et engendrer une sorte de hiatus socio-
culturel. Il est en effet difficile d'élaborer puis de partager une
culture commune, sociale, par les réseaux, celle qui peut exister plus
facilement au travers d'activités communes à l'échelle des
établissements scolaires par exemple (pièces de
théâtre, match de foot...).
D'après Ph. Meirieu, c'est grâce à une
certaine opacité et non pas par la transparence, qu'il devient
nécessaire de communiquer. "Le malentendu, la difficulté,
l'opacité, qui inquiètent terriblement les enseignants (...) sont
en fait une chance qui permet de parler, qui fonde la communication".
On sait depuis l'Ecole de Palo alto, actuellement très
reconnue, que toute conduite est une communication.
L'utilisation des ntic dans l'éducation fait naître
bien des idées plus ou moins utopiques qui sont autant d'espoirs que ce
mette en place un monde plus juste, plus égalitaire, d'abord pour les
enfants. Il s'agit par exemple de permettre, par la formation à
distance, aux enfants ruraux d'avoir les mêmes chances éducatives
ou culturelles que les citadins et à ces derniers comme aux premiers de
profiter du développement de la télé- formation.
Problème : le télé-enseignement peut
également favoriser la diminution du nombre de postes d'enseignants, le
rôle de l'enseignant- formateur se transforme, perd de son prestige.
D'autres soucis surgissent concernant la formation des
enseignants, leur intéressement à ce qui doit absolument
dépasser le stade de l'expérience. Il faut gérer
l'équipement qui doit être suffisamment complet, il faut
gérer les incidents et les problèmes techniques. Il faut
mobiliser les différents acteurs, collectivités locales, conseils
généraux, départements, associations de parents etc...
A ce jour, les interlocuteurs ne savent pas toujours se servir
d'un ordinateur et en ce moment "on a déjà tellement à
faire avec (... l'euro...)".
Cependant, l'intérêt des médias plus
traditionnels manifesté par la présence d'articles dans la presse
régionale et nationale, accompagnées d'émissions
télévisées est stimulant, bien que ces informations de
valorisation ne soient faites qu'à destination du grand public.
La mise en place "au fond" nécessite une
réorganisation en profondeur afin de mettre ce qui est encore souvent
une expérience au centre de la discipline d'enseignement et de lui
donner des chances organisationnelles et pédagogiques de fonctionner. Il
ne faut plus qu'elle vienne par exemple se surajouter à la marche
habituelle des établissements.
Actuellement la "résistance au changement" reste
importante. Les acteurs alignent leur communication sur leur niveau
supérieur de hiérarchie, depuis la base et jusqu'au niveau
élevé de la pyramide dans un jeu d'évitement des
affrontements au sein de l'institution comme au sein du système social
français.
Un nouvel espace de savoir est en création, le savoir
devient un continuum multidimensionnel de représentations dynamiques et
interactives, toute approche analytique doit être complétée
par une approche systémique. Et l'éducation aux médias
devraient être renforcée. Parce que sinon n'importe qui peut
diffuser n'importe quoi tandis que la télévision elle-même
ne nous met pas à l'abri d'images falsifiées.
|