2. Travail :
L'entreprise passe d'un modèle mécaniste et
hiérarchisé à un modèle systémiste
"biologique" dans lequel l'intelligence de chacun, qui était souvent
sous-utilisée dans une structure hiérarchique, devrait être
pleinement mobilisée. Les robots viennent à l'appui se
mêlant voire se confondant à l'humain.
2.1. Sans frontières,
l'entreprise vivra en réseau avec ses sous-traitants, ses
salariés et ses clients :
Dans une interview Louise Guerre, déclare :
"Totalement ouverte sur l'extérieur et en interaction avec
son environnement... dans vingt-cinq ans, l'entreprise aura
définitivement renoncé à ses frontières. Tant dans
son organisation interne que vis-à-vis de ses fournisseurs, clients
et... concurrents. Elle fonctionnera en réseau, à partir de
pôles de compétences mouvants, sur un périmètre
sectoriel à géométrie variable. La prédiction
prendra alors une très grande importance, même si en
économie c'est un exercice toujours risqué. Pourtant, même
si ce scénario a de fortes chances d'être amendé par le
futur, la tendance de fond ne fait aucun doute. l'entreprise conçue
comme un tout homogène tourné sur lui-même vit ses
dernières heures.
Le virus qui aura raison de ce modèle est
déjà à l'oeuvre. Il se nomme flexibilité.
Tout est parti de la nécessité pour l'entreprise de
se réorganiser à partir des besoins personnalisés des
clients. Une véritable révolution culturelle. Hier les
salariés devaient se conformer à un système de production
interne fonctionnant selon ses propres lois, fait pour durer et s'imposant aux
clients. Demain, chaque client revendiquera d'être unique et dictera
jusqu'au prix. Il pénètrera toujours plus loin dans les rouages
de l'entreprise. Bientôt, la transparence (mythique) sera totale sur
l'origine des matières premières, les circuits
d'approvisionnement, les systèmes de fabrication et de contrôle
qualité (ex : actuellement se met en place la traçabilité)
. Résultat de cette traçabilité, le service commercial ne
sera plus, loin s'en faut, le seul point de contact avec l'extérieur.
Tous les services de l'entreprise seront "branchés'. Chaque
salarié en relation avec le client sera donc beaucoup plus autonome et
responsable. Il fera son propre planning, négociant en interne les
intérêts de son client. Corollaire, le manager est voué
à changer de rôle. Il ne sera plus celui qui programme et ordonne
le travail, mais un animateur qui impulse, coordonne et assiste. A
l'extrême, il fera pour l'essentiel du coaching, passant de l'homme de
pouvoir au leader. L'entreprise, pour relever ce défi qui lui est
imposé par son client va devoir accepter de décloisonner son
organisation. Exit la plupart des niveaux hiérarchiques
intermédiaires. Plus floue en apparence, elle sera en fait plus
réactive.
Ce contexte fera bien sûr la part belle à toutes les
formules de flexibilité interne et externe. Les contrats par projet ne
peuvent que se développer. Mais parallèlement, le client exigera
un suivi personnalisé, sur mesure et dans la durée. On peut
également s'attendre à voir se développer les groupements
et des réseaux d'employeurs. En particulier dans l'univers des PME,
profitant par exemple des possibilités offertes par le
télétravail, des groupements de salariés pourraient aussi
émerger. Quelles que soient les formules, l'entreprise aura à
faire face au même enjeu : gérer une plus grande diversité
des formes de contrat de travail. Plus question de faire rentrer tout le monde
dans le même moule. Il lui faudra donc apprendre à mobiliser sur
des missions ponctuelles des femmes et des hommes employés avec des
statuts et des horaires différents. D'où la
nécessité de bâtir un véritable "projet collectif".
Plus les frontières de l'entreprise deviennent floues plus celle-ci aura
besoin de fédérer ses troupes autour d'une vision
partagée. Cohésion d'autant plus nécessaire qu'il faudra
recruter des personnels plus exigeants qu'avant. Déjà, les jeunes
générations de cadres affichent de nouvelles attentes
vis-à-vis de leurs futurs employeurs. Beaucoup moins carriéristes
que ne l'étaient leurs aînés, ils cherchent avant tout
à se réaliser en donnant du sens à leur travail. Cette
tendance ne peut que s'amplifier. Au point que, demain, les plus
qualifiés pourront jouer avec une sorte de "marché de
l'entreprise", symétrique du marché du travail d'aujourd'hui.
Dans cet univers, les entreprises les plus recherchées seront celles qui
sauront faire cohabiter les projets individuels de chacun avec leur projet
collectif. A l'arrivée, on peut tout de même s'attendre à
voir coexister différentes familles de salariés. Certains verront
l'entreprise comme un moyen de développer leurs compétences. Ils
passeront sans scrupules de l'une à l'autre en fonction des
opportunités offertes. Les autres, plus fidèles,
négocieront leur engagement avec un statut de co-entrepreneur.
Toutefois le projet collectif n'est pas le seul moyen dont
disposeront les entreprises pour raffermir la motivation des personnes. Les
directions intégreront également la révolution
électronique dans leur stratégie d'entreprise quel que soit leur
secteur d'activité, et utiliseront intelligemment les réseaux
comme un outil fédérateur des compétences et des hommes.
Certes, un mouvement d'externalisation semble inexorable. Informatique,
télécoms, achats, logistique, ressources humaines... Certaines
entreprises ne devraient garder que l'essentiel : le marketing et la relation
avec les clients. On assisterait alors à l'émergence de
sous-traitants de services spécialisés un peu à la
manière des districts industriels italiens. C'est également pour
elle la meilleure manière de cultiver leur réactivité.
Faire face aux soubresauts d'activité, partager des coûts de
développement, tester des diversifications voire changer de cap... En
bref, l'entreprise perçue comme une entité patrimoniale
figée, délimitée par un outil de production, n'a plus de
sens. L'entreprise n'a d'autre choix que d'apprendre à inscrire son
projet dans le court terme, l'éphémère, le changement.
Elle devra ré interroger en permanence ses pratiques, sa
stratégie et jusqu'à son métier même. En
étant portée, c'est la conviction des membres du Centre des
jeunes dirigeants d'entreprise, par le souci d'offrir une aventure humaine."
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