5.
Les appuis d'une nouvelle religiosité :
Internet s'inscrit dans le prolongement de l'invention de
l'écriture et de celle de l'imprimerie. L'informatique et les
réseaux sont des outils puissants appréciés par tous
exceptés les technophobes les plus radicaux, et qui permettent aux
nouvelles croyances de se diffuser.
Le contexte de crise et de mutation des grandes valeurs de
l'humanisme et du monothéisme, les secousses et les ruptures en
profondeur que connaît le lien social constituent un arrière-plan
favorable à l'acceptabilité de ces nouvelles croyances. Et la
persuasion comme la propagande s'effectuent en direction de la jeunesse.
5.1 Des thématiques religieuses proches :
Le mouvement zen par exemple, a compté un très
grand nombre d'adeptes dans les milieux des ntic.
Les philosophes du cyberespace se convertissent à
certaines formes de mysticisme, afin de mettre en harmonie leur vision du futur
de la société mondiale de l'information avec un socle de valeurs
plus anciennes.
Un culte non déiste :
La nouvelle religiosité est sinon athée du moins
indifférente à l'idée de Dieu. Elle est hostile au sens
habituel qui suppose une certaine institutionnalisation et un centralisme
antagonistes avec l'idée de réseau éclaté. Mais
l'idée du Mal et du Diable lui-même y est bien présente.
L'ombre de Teilhard de Chardin :
Teilhard de Chardin défend avec vigueur une vision
cosmique du monde où la conscience cherche son chemin, à travers
la matière, puis à travers la vie, en attendant mieux. Et
s'inscrivant dans une tradition plus ancienne, incarnée dans des
doctrines assez hétérogènes, avec en commun l'opposition
d'un monde intelligible et d'un monde sensible, d'un monde des idées et
des formes et d'un monde matériel, qui dépasse largement les
frontières du gnosticisme.
Gnosticisme, manichéisme, dualisme :
Le gnosticisme, surtout actif dans les premiers temps de
l'ère chrétienne est une doctrine, ou une pluralité de
doctrines, du salut par la connaissance. L'Eglise chrétienne lui sera
hostile, au nom du fait que la perfection et le salut s'y obtiennent sans
véritable effort moral.
Ce qui en rapproche la nouvelle religiosité, serait
plutôt une communauté dans la manière de se sentir dans le
monde, de vouloir se débarrasser de son corps pour libérer
l'esprit, et de voir dans l'univers le conflit de deux forces : l'information
et l'entropie.
"Le gnostique éprouve fortement la différence entre
son moi et le reste de son être, entre l'âme et le corps. Il se
sent d'une essence différente". Il est proche sous certains aspects de
la tradition dualiste et des conceptions manichéennes, qui supposent que
l'âme est déchue dans le corps mais qu'elle peut être
délivrée par le salut et la connaissance.
On trouve là une communauté de sentiment subjectif
avec ceux qui ne se sentent à l'aise qu'une fois relâchées
les tensions du corps et activés les filaments de communication qui les
relient aux autres pour une aventure où le contenu de ce qui est
échangé compte moins que l'accès permanent au
cyberespace.
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