5.2 La continuité avec la contre-culture des
années soixante :
La "contre-culture" est un vaste courant qui englobe
l'héritage de la "beat generation", le mouvement de contestation de la
jeunesse, qui conduira notamment aux grandes révoltes étudiantes,
le mouvement hippie, et toutes les nombreuses ramifications qui sont
nées de cette nébuleuse, comme les mouvements alternatifs.
Ce mouvement disparaît en tant que tel dans les
années soixante-dix, mais ses valeurs ont essaimé et influencent
les manières d'être - au - monde de nombreux adultes. San
Francisco et la Côte Ouest des Etats-Unis ont constitué les lieux
privilégiés de cette "révolution des moeurs" qui a pour
célébrités Allen Ginsberg, Jack Kerouac (Sur la route) ,
Alan Watts, Ken Kesey, Timoty Leary, Gary Snyder, Neal Cassady, et le
très populaire Bob Dylan, sans compter de nombreux groupes de musique et
un certain nombre de revues.
On y conteste le système établi, et une "culture
parallèle" s'instaure accompagnée de modes de vie alternatifs.
L'utopie d'un monde meilleur peut se construire ici et maintenant, tout de
suite.
La société doit être conçue comme une
communauté pacifique, l'amour et l'altruisme occupent une place
importante. De nombreux réseaux de vie produisant des musiques, des
livres, des loisirs, une éducation, une alimentation et des
médicaments spécifiques, formant un vaste univers "underground"
qui concerne alors de centaines de milliers de personnes.
Internet est l'underground actuel qui permet de mobiliser des
centaines de milliers de jeunes à la recherche d'une
société plus fraternelle, plus communicante et plus pacifique.
L'héritage du New Age :
Là où, dans les années cinquante, on
"faisait la route" pour donner un autre sens à sa vie, dans une
perspective spirituelle, on surfe maintenant sur les "autoroutes de la
communication".
Le mouvement du New Age, parallèlement à la
contre-culture, est un mélange hétérogène
d'animisme et de théories pseudo- scientifiques sur les "auras" et les
"énergies", le "biomagnétisme", de "technologies intellectuelles"
souvent à base de champignons hallucinogènes ou de drogues
chimiques qui altèrent la conscience. L'électronique a
très tôt eu une place importante dans ces pratiques magiques.
Robert Pirsig, un des auteurs cultes des années soixante,
écrit : "la divinité se trouve autant à son aise dans les
circuits imprimés d'un ordinateur ou les engrenages d'un boîtier
de vitesses qu'au sommet d'une montagne ou entre les pétales d'une
fleur".
La contre-culture, tout en étant hostile au grand
capitalisme et à la société de consommation en même
temps que marquée par une tradition libertaire, n'a jamais
été en rupture complète avec le libéralisme; le
culte d'Internet a ainsi intégré facilement ses valeurs.
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