Chapitre 7 : LA MESURE
DE VALEUR DU RISQUE DE TAUX D'INTERET DE LA BOAD
Ce chapitre comporte sept (7) paragraphes : le premier
justifie l'utilité de la mesure de valeur du risque de taux
d'intérêt. Le second dresse le cadre d'application de cette
méthode au cas de la BOAD. Les paragraphes 3 et 4 appliquent la
méthode en déterminant les durations, la VAN du bilan et la
sensibilité des fonds propres. Le paragraphe 5 présente la
synthèse des résultats de l'application de cette méthode.
Au paragraphe 6 nous nous interrogeons sur ce que l'on pourrait faire de tels
résultats tandis que le dernier paragraphe fixe les limites de notre
étude.
7.1/- Utilité De La Mesure
De Valeur Du Risque De Taux D'intérêt
L'une des critiques que l'on peut faire à la gestion du
risque de taux d'intérêt à la BOAD est qu'elle ne mesure un
tel risque qu'à travers son impact sur le PNB. Une telle mesure, quoique
utile, reste inappropriée pour mesurer l'incidence des taux
d'intérêt sur la valeur patrimoniale de la Banque et l'exposition
des fonds propres à ce risque.
Comme nous l'avons déjà indiqué plus
haut, la VAN renseigne le risk manager sur la valeur de revente de
certains éléments inscrits au bilan et permet d'avoir donc une
idée de la sensibilité de cette VAN aux taux
d'intérêt. Par ailleurs, l'exposition des fonds propres au risque
de taux d'intérêt est d'une importance capitale à causes
des normes prudentielles internationales auxquelles sont soumises toutes les
banques. Enfin, l'ouverture croissante du marché financier et
monétaire de l'UEMOA aux produits dérivés, l'utilisation
de tels produits par certains opérateurs économiques de la zone
intervenant sur les marchés internationaux98(*) et la volonté
affichée de la BOAD d'y recourir rendent opportun l'adoption d'un tel
instrument de mesure du risque de taux d'intérêt.
Il s'agit donc pour nous de proposer une autre mesure du
risque de taux qui soit complémentaire à celles
déjà utilisées par la BOAD, et qui sont des mesures de
volume et de marge, afin de prendre en compte toutes les facettes de la
matérialisation du risque de taux pour affiner les prises de
décisions commerciales et stratégiques. En effet, l'essentiel de
l'activité de la BOAD étant à taux fixe, sa valeur
patrimoniale est constamment exposée à la fluctuation des taux ce
qui n'est pas le cas pour une activité à taux variable où
les actifs ont toujours une valeur voisine du pair lorsque les taux
varient99(*). Cela
signifie que le risque de taux qui affecte, certes, la marge, est nul sur la
valeur patrimoniale lorsque les actifs sont évalués à taux
variable
Dès lors la Banque ne sera plus tributaire d'un seul
instrument de mesure qui lui fait courir le risque d'initier des
actions de couverture qui pourraient avoir un effet non escompté sur les
fonds propres ou la valeur de revente de certains éléments du
bilan. Cette complémentarité trouve également sa
justification dans le fait que la VAN, sous certaines conditions,
représente la valeur actuelle de la chronique des marges
d'intérêt futures100(*).
* 98 C'est le cas des
Industries Chimiques du Sénégal (ICS)
* 99 Michel Dubernet, op.
Cité, p.87
* 100 Joël Bessis, op.
cité, p.220. Bessis distingue 4 conditions : i)- Calculer la VAN
jusqu'à l'échéance la plus lointaine des lignes du
bilan ; ii)- Utiliser des taux de marché ; iii)- Calculer et
projeter les marges à cette échéance terminale, et les
réévaluer avec les taux de marché utilisés pour
actualiser les flux futurs ; iv)- Retrancher la valeur comptable
actualisée des fonds propres comptables positionnés à
cette échéance terminale, comme s'ils étaient
remboursés à cette date.
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