Chapitre 4 : LA GESTION
DES RISQUES DE TAUX D'INTERET ET DE CHANGE
De même qu'un agronome ou un météorologue
ne mesure pas la quantité de pluie qui tombe pour le simple plaisir de
faire des relevés pluviométriques, de même le risk
manager ne se limitera pas à la seule mesure du risque que son
établissement encourt. La gestion de ce risque, par la mise en oeuvre
d'actions de couverture, doit plutôt guider son action de sorte à
protéger son établissement des évolutions adverses des
taux d'intérêt et de change.
Après avoir précisé les modalités
de couverture du risque de taux d'intérêt, nous aborderons la
gestion du risque de change.
4.1/- La Gestion Du Risque De Taux
D'intérêt
Nous présentons d'abord le principe de la gestion du
risque de taux d'intérêt avant d'en indiquer les modalités
de couverture contre ce risque.
4.1.1/- Le principe87(*)
Compte tenu de l'incidence du risque de taux sur la marge de
transformation, il est indispensable pour gérer ce risque, de figer
à un niveau optimal pour la rendre insensible aux variations adverses
des taux d'intérêt. Pour ce faire, deux (2) conditions sine qua
none doivent être satisfaites :
- le gap ou l'assiette du risque doit être nulle
à tout instant c'est-à-dire qu'il doit y avoir un parfait
adossement entre ressources et emplois à taux fixe.
- l'assiette du risque par référence de taux
variable doit être nulle. Cela implique qu'à tout instant, on ait
un montant égal d'emplois et de ressources.
4.1.2/-Les techniques de
couverture
La couverture du risque de taux d'intérêt peut se
faire soit selon la nature de taux du gap à savoir taux fixe ou taux
variable, soit par macrocouverture ou microcouverture.
4.1.2.1/- La couverture du
risque sur taux fixe/taux variable
? la couverture du risque sur taux fixe
L'absence d'adossement parfait entre emplois et ressources
peut se traduire par :
- une sur-consolidation, c'est-à-dire
un excédent des ressources sur les emplois. Dès lors, il faut
faire des prêts à taux fixe pour compenser
l'évolution adverse des taux.
- une sous-consolidation, c'est-à-dire
un excédent des emplois sur les ressources. On fait dans ce cas des
emprunts à taux fixe pour pallier la variation inverse
des taux. Il peut se faire que le risque ne se manifeste qu'à terme. Il
faudrait alors recourir à des stratégies de couverture à
terme pour lever les fonds nécessaires. On peut le faire par
opérations de garantie de taux à terme telles
que les FRA et les Swaps.
? La couverture du risque sur taux variable
La technique revient
encore à prêter en cas de sur-consolidation, emprunter en
cas de sous-consolidation ou faire un swap. Toutefois, il faut prendre
soin de faire ces opérations sur taux variable dans la
référence de taux variable concernée.
4.1.2.2/- La
macrocouverture/microcouverture88(*)
La macrocouverture qui est une pratique
très généralisée dans la quasi-totalité des
banques françaises, consiste à couvrir l'exposition nette au
risque de taux générée par l'ensemble des activités
d'intermédiation. Son avantage est que les actifs et passifs dont les
expositions au risque de taux se compensent naturellement dans le cadre de
mêmes bandes d'échéances permettent de ramener le besoin de
couverture aux expositions nettes résiduelles. Toutefois
l'inconvénient de cette méthode est qu'elle peut donner lieu,
volontairement ou non, à des prises de position spéculatives
déconnectées de l'objectif initial de réduction de
l'exposition au risque de taux global.
La microcouverture, quant à elle,
consiste à mener des opérations pour couvrir des risques
unitaires bien identifiés. Contrairement à la macrocouverture, il
s'agit ici d'une gestion unitaire, opération par opération, et
non globale sur les positions nettes déterminées par bandes
d'échéances.
* 87 Michel Dubernet, op.
cité, p. 91
* 88 Banque de France, Revue de
la Stabilité Financière, N°6, Juin 2005, p.92 et 93.
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