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Chapitre 3 : Le Tourisme Culturel dans la région du Sahel1. Le Patrimoine des villes du Sahel TunisienLa région du Sahel se compose de trois principaux départements : Sousse, Monastir et Mahdia. 1.1 Sousse Sousse est, après Tunis et Sfax, la troisième ville du pays. Elle est la capitale du Sahel, région de très ancienne civilisation villageoise ou s'étend la plus ancienne oliveraie du pays, celle de Sfax et des autres régions tunisiennes étant de création plus ou moins récente. Sis au bord de la mer ou légèrement en retrait, les villages - devenus souvent de petites villes - sont très nombreux. La grande densité des agglomérations est d'ailleurs l'une des caractéristiques du Sahel de Sousse. Sousse est une ville aux fonctions multiples : capitale régionale, grand port de pêche et de commerce, centre industriel très dynamique, ville universitaire... Ses ressources naturelles et le travail infatigable des hommes ont assuré sa prospérité. C'est une ville très ancienne. Fondée par les Phéniciens sous le nom de Adrim, et puis avec son nom romain Hadrumète, s'est vite hissée au troisième rang des villes puniques, après Carthage et Utique. À l'époque romaine, elle a été, pendant quelque temps, la capitale de la Byzacène, province romaine constituée par le Sahel et la Tunisie centrale. Au début de la conquête arabe, elle était le port de Kairouan. Aujourd'hui elle est un centre industriel très actif : textile, industries mécaniques et électriques, matériaux de constructions... Elle constitue l'un des pôles touristiques les plus importants du pays. Sousse a d'autres atouts : douceur du climat, une côte basse et sablonneuse où les belles plages sont abondantes, proximité de la Tunisie du Nord et de l'aéroport international de Monastir, une connexion routière et de chemins de fer, la richesse de la région en monuments du passé... Ces atouts ont permis à Sousse et à sa région d'ajouter à toutes leurs activités, une nouvelle branche qui a très vite pris un essor considérable : le secteur touristique. La zone est devenue l'un des pôles touristiques les plus importants du pays. On trouve y cent onze hôtels totalisant une quarantaine de milliers de lits. Un tiers environ de cette hôtellerie est constitué d'unités de luxe. C'est dans cette zone qu'on trouve Port el Kantaoui qui représente, dans l'hôtellerie tunisienne, une innovation de taille. Fondé sur un concept nouveau, il constitue la première station touristique intégrée de Tunisie. Réalisée selon un modèle architectural s'inspirant largement des manières de construire traditionnelles, la station comporte tout ce qu'il faut pour un séjour des plus agréables : golf, marina, toutes sortes de commerces, de nombreux cafés, des restaurants servant une des cuisines les plus raffinées, bureau des postes, poste de police, pharmacie... Toutes les formules d'hébergement sont proposées ; villas de style mauresque, bungalows, appart-hôtels... Dans la zone, on a accordé un intérêt particulier à l'animation. La soirée Baloum qui attire des touristes de diverses nationalités, fait connaître les habits traditionnels de la région, les spécialités, quelques musiques folkloriques du pays ainsi que des danses. Le Festival d'Aoussou donne lieu, chaque année, à un défilé des plus pittoresques. C'est une manifestation grandiose suivie par les touristes et les populations de la région. L'Aqua palace est un centre d'animation qui attire, avec ses piscines et ses équipements de jeux, une foule immense. Le Hannibal parc est un centre de loisirs très diversifiés. Dans les environs, à Hergla, un Karting fonctionne durant toute l'année. Un Jardin de plantes a été créé récemment : on y trouve des plantes et des oiseaux exotiques. Diverses autres manifestations ont été mises sur pied : Disconight, Boujaafar international show... Elles ont beaucoup de succès. Le Festival de l'olivier se tient à Kalaa Kébira. Les restaurants de toutes catégories sont très nombreux dans toute la zone. Les night-clubs ne le sont pas moins. a) La médina de Sousse La médina a des dimensions plutôt petites : une superficie de 32 hectares et un périmètre de 2 250 mètres. Elle est délimitée par un mince rempart crénelé. Mais la modestie de son aire contraste avec l'extrême diversité de ses monuments et l'animation de ses souks qui ont préservé tout leur charme d'antan. Les remparts étaient percés de huit portes dont il ne subsiste que deux : la Porte de Kairouan, au Sud, et Bab el Gharbi, à l'Ouest. b) La Kasbah Il y avait une ancienne forteresse. Il n'en reste que la Tour de Khalef, haute de trente mètres, édifiée au point le plus haut des remparts. Elle servait de "manar" ou tour à signaux, transformée en phare. De là, on a une vue magnifique sur la médina avec, au Nord-Est, le ribat et la Grande mosquée. Les bâtiments actuels de la Kasbah ont été construits, autour de la Tour de Khalef, entre le IXè et le XIIIè siècle. c) Le musée Créé en 1951, le musée occupe une partie de l'ancienne Kasba dominant la médina de Sousse, Ce musée est connu pour ses mosaïques romaines qui sont d'authentiques chefs d'oeuvre. La Kasbah, elle-même est le résultat de plusieurs campagnes de construction échelonnées du XIème au XVème siècle. La tour de Khalef qui date de 859 ap.J.-C., est le point le plus élevé de la ville. Le musée est constitué de plusieurs salles et galeries. Les objets exposés proviennent de l'antique Hadrumète et de ses environs (El Jem, Salacta, Lamta...) et couvrent des époques différentes. Ce sont surtout des stèles, ex-voto et poteries puniques, des mosaïques et des sculptures romaines et des carreaux de terres cuites d'époque byzantine. Dans le musée sont déposés aussi le mobilier funéraire et les inscriptions provenant des catacombes de Sousse. Parmi les plus prestigieuses pièces en mosaïques nous pouvons citer une "Tête de Méduse" de IIème siècle qui ornait le tepidarium de thermes romains. Cette mosaïque au décor rayonnant en écaille produit un effet d'optique qui souligne le magnétisme du regard de la Gorgone. Un "portrait de dieu Océan" du début de IIème siècle jadis au fond d'un bassin. "Satyres et Bacchantes" également du IIème siècle et qui représente des scènes galantes d'inspiration grecque. Un majestueux "triomphe de Bacchus " qui illustre la victoire du jeune dieu sur les forces du mal et "Zeus enlevant Ganymède" (IIème siècle). d) Le ribat Monastère fortifié qui faisait partie de tout un dispositif destiné à assurer la protection du littoral. Les moines-soldats y passaient leur temps entre prière et combat. Les ribats sont surtout des foyers religieux très actifs. Construit au XIIIè siècle et agrandi par la suite, le ribat de Sousse a été restauré récemment, dans les années 50 et 60. C'est une forteresse carrée avec tours semi-cylindriques et tour-vigie. L'entrée a la forme d'un porche de plan carré avec colonnes antiques, chapiteaux et corbeaux. Ici on peut trouver le prototype de la voûte sur croisée d'ogive. Le monument comporte en outre salles de gardes, salle de prières, cellules... Le sommet de la tour-vigie est un excellent point de vue sur l'ensemble de la ville et ses environs. e) La Grande mosquée Edifiée au début du IX ème siècle, remaniée et agrandie au cours des X ème et XVII ème siècle, elle jouxte le ribat, dont elle a hérité l'aspect fortifié avec un mur d'enceinte crénelé et flanqué de deux tours de guet faisant face au rivage d'où pouvaient surgir des assaillants venus d'outre-mer. On accède à cet édifice par une petite porte qui donne sur une vaste cour entourée de portiques à arcades qui date du XVII ème siècle. La salle de prière, aussi vaste que la cour, est surmontée de deux coupoles à coquilles ; sa toiture est soutenue par des piliers maçonnés et sa niche orientée vers la Mecque (mihrab) est richement décorée. f) Zaouïa Zakkak Ce mausolée est dominé par un minaret octogonal d'époque turque. g) Les souks Le souk er Rebaa, où l'on vend des étoffes, propose aussi des souvenirs touristiques. La promenade à travers ses ruelles étroites est très agréable. Il se prolonge par le souk el Caïd où l'on peut voir des ateliers de forgerons. Dans les souks, on trouve le café Kahouat el Koubba, dans un édifice du Xè ou XIè siècle, avec salle couverte d'une coupole et petites colonnes. Tout à côté des souks, la citerne de la Sofra, construction souterraine couverte de voûtes en berceau. D'origine romaine probablement, elle a été restaurée au XIè siècle. h) Les catacombes Véritable nécropole aménagée en sous-sol vers la fin du premier siècle par les chrétiens pour y inhumer leurs morts aux temps de la persécution, les catacombes de Sousse se présentent sous forme de galeries qui s'étendaient sur 5 kilomètres et qui ne contiendraient pas moins de 15.000 sépultures. Les tombes ont été aménagées dans les parois des galeries sur deux ou trois niveaux. A intervalles plus ou moins réguliers, on note la présence de niches qui accueillaient les lampes à huile qui éclairaient ce labyrinthe de leur faible lumière. Cimetière clandestin, les Catacombes ont également servi de lieu de culte et de refuge pour les premiers adeptes du christianisme et ont été utilisés jusqu'à la fin du IV ème siècle. C'était également un espace de création artistique sacrée, comme en témoignent quelques unes des oeuvres exposées au musée de Sousse : épitaphes, gravures sur marbre représentant des symboles sacrés (poissons, colombes, le Bon Pasteur etc.). i) Sidi Khalifa / Pheradi Majus Sidi Khélifa est un bourg rural implanté autour du mausolée du saint patron éponyme qui l'a fondé au XIX° siècle. Ce bourg a fait, au milieu des années 80, l'objet d'une expérience originale : une extension selon les techniques architecturales ancestrales et exclusivement avec les matériaux locaux. Le bourg jouxte un site antique : Pheradi Majus. Les vestiges mis au jour datent des IIème et IIIème siècles. Ce sont, en particulier, la porte triomphale - intacte - qui donne accès au forum bordé de locaux commerciaux, d'un nymphée où sourdait l'eau d'une source, d'un temple capitolin, de thermes etc. Au sommet de la colline boisée qui surplombe le site : les parois d'un temple dédié à Vénus et transformé en forteresse à l'époque byzantine. De là, la vue porte jusqu'à la mer et aux contreforts de la Dorsale. j) Musée d'Enfidha Enfidaville était un important centre agricole colonial du temps du protectorat français instauré en Tunisie dés 1881. D'où un style architectural atypique, hybride, mêlant des caractéristiques locales à celles importées de la province française. Parmi les édifices d'allure européenne qui bordent l'avenue principale, l'église, aujourd'hui désaffectée et reconvertie en musée. Enfidha a été implantée au coeur d'une riche région agricole prospère depuis l'Antiquité ; d'où un foisonnement d'installations rurales romaines et byzantines (fermes, villas, chapelles, basiliques etc.) qui ont livré de précieux témoignages sur ces périodes, plus particulièrement sur l'ère chrétienne et qui ont été conservés dans les jardins et l'enceinte de l'église, en particulier des dalles tombales en mosaïque datant des V ème et VI ème siècles. 1.2 Monastir Monastir, au Centre Est du Sahel, est une grande station balnéaire. Son essor touristique est dû aux innombrables atouts de la ville et de sa zone. C'est un centre universitaire important. Elle offre, à côté de sa richesse en sites et monuments, deux magnifiques terrains de golf. Son grand Palais des congrès accueille les conférences internationales. Grâce à une situation géographique privilégiée, à sa côte magnifique, à la qualité des immenses plages de sable blanc, à la pureté de l'eau de mer, à la richesse de son patrimoine, à la qualité de l'accueil chaleureux de sa population, Monastir est devenue une des plus belles stations balnéaires du pays. Elle est desservie par un aéroport international et reliée aux environs, notamment à la ville voisine de Sousse, par de nombreux moyens de communication : bus, voitures de louage, taxis et surtout le métro. La ville possède une belle marina où le plaisancier trouve toutes les commodités. Son hôtellerie se déploie sur le long rivage de Skanès et de la Dkhila. Les unités hôtelières sont luxueuses. La zone compte quarante-cinq hôtels totalisant une capacité d'hébergement de 20.000 lits. L'animation, sous ses diverses formes, s'y est beaucoup développée. Les terrasses de cafés et de restaurants sont nombreuses. C'est un grand plaisir de s'y attabler. On a le choix, pour vivre pleinement son séjour, entre les boîtes de nuit, les activités ludiques ou sportives, les excursions à motivation culturelle, le shopping. Dans la région, les petites agglomérations sont nombreuses et chacune peut offrir au visiteur de quoi susciter son intérêt ou satisfaire sa curiosité. a) Historique Monastir est l'ancienne Ruspina, elle a servi de point d'appui à la campagne africaine de César, dont le campement était à Henchir Tennir (actuellement un terrain de Golf). Elle était protégée par 3 enceintes dont quelques traces subsistent encore. Après la conquête arabe, on y a construit, comme à Sousse et ailleurs, un ribat, forteresse tenue par une sorte de moines soldats. Les Turcs en ont fait à nouveau une place forte. b) Le ribat Majestueux édifice, avec ses remparts
crénelés, le ribat, fondé tout à la fin du VIIIe
siècle, fut intégré, à partir du siècle
suivant, dans des fortifications plus puissantes. c) Le musée Le musée se trouve, entre autres, dans l'ancienne salle de prière. On peut y admirer des objets de diverses époques et de diverses origines : des tissus anciens d'une période allant du Ve au IXe siècles, des manuscrits enluminés, des manuscrits en écriture koufique ; des verreries des Xe et XIe siècles, des poteries en céramique à reflets métalliques d'Iraq, des poteries égyptiennes, des miniatures persanes, des objets en bronze, des monnaies d'or et d'argent, des reliures, des bijoux, des boiseries décorées. L'astrolabe arabe, construit à Cordoue au début du Xe siècle, est une pièce unique. On trouve aussi une riche collection de pierres et de stèles tombales. d) L'ATP de Monastir La région du Sahel tunisien, riche d'une nature généreuse et du labeur de ses enfants, a très tôt développé des activités artisanales qui complètent substantiellement les ressources prodiguées par la terre ou par la mer et qui, pour les articles de luxe, contribuent à thésauriser durablement le fruit du travail au quotidien. C'est ainsi que l'artisanat du tissage, en particulier celui de la soie, et celui des métaux précieux, ont-ils tenu, des siècles durant, le haut du pavé des activités artisanales, devant le travail de l'argile, celui du bois etc. Tout cela se reflète dans le musée des arts et traditions populaires de Monastir où, toutefois, le costume traditionnel, en particulier celui féminin, tient une place de choix. Dans la société traditionnelle, en effet, on tient le trousseau de la mariée (costumes, parures, effets domestiques tissés ou objets en cuivre...) comme un « capital-risque » pour les moments difficiles. Aussi, en quantité comme en qualité, les familles s'emploient-t-elles à doter leurs filles de trousseaux de valeur : les tenues en très grand nombre (par dizaines pour les pièces légères) et, pour les costumes d'apparat, une très grande richesse de la décoration, les broderies étant toujours en fil d'or et d'argent, sans compter les bijoux. C'est toute cette richesse qui est exposée au musée des arts et traditions populaires de Monastir e) La Grande mosquée C'est une mosquée du IXe siècle, reconstruite et agrandie deux siècles plus tard f) La zaouïa Sidi Douib Constituée d'une enceinte quadrangulaire renforcée de tours rondes, cette zaouïa est, en fait, un troisième ribat. g) La mosquée Bourguiba Sa construction est inspirée de l'architecture de la mosquée Hamouda Pacha de Tunis. Au travail extrêmement poussé et à la décoration très raffinée. 86 colonnes en marbre rose supportent les voûtes d'arêtes de la vaste salle de prière qui peut accueillir un millier de personnes. Des mosaïques d'or décorent le mihrab, orné de colonnettes en onyx. 19 portes en teck sculpté ont été réalisées par des artisans kairouanais. h) Les souks Les souks sont coquets et très bien entretenus. La promenade y est très agréable. On peut y trouver des articles de très bonne qualité : vêtements, objets en cuir, en cuivre, des poteries... i) La koubba de Sidi El Mezri La koubba, édifice carré surmonté d'une coupole, est précédée d'une cour dallée. Sur la façade, on remarque de très belles calligraphies en caractères koufiques. j) Le mausolée de la famille Bourguiba C'est un beau spécimen des techniques décoratives traditionnelles. Il est surmonté d'une coupole dorée, précédé d'une tour carrée entourée d'une galerie à colonnes de marbre. Orné de dessins géométriques en marbres polydrome, les murs sont en outre décorés d'une frise en stuc ciselé d'une grande finesse. Les portes sont en bronze. On remarque, englobé dans la construction, le mausolée de Sidi Bouzid. k) Les îles Kuriates A une vingtaine de kilomètres au large de Monastir, se trouvent les îles Kuriate. La plus grande de ces îles est habitée par quelques pêcheurs. Les fonds qui entourent ces îles sont propices à la pêche sous-marine. l) Lamta / LEPTI MINUS (Leptis Minor) Cité, dont le centre urbain correspond à l'actuelle Lamta et se trouve à 14 Km de Monastir, 32 Km de Sousse, 28 Km de Mahdia. Lamta est appelée Leptis Minor pour la distinguer de Leptis Magna (la grande) en Tripolitaine (Libye). Connue d'après certains passages de textes (Polybe et le Bellum africanum), son histoire punique est aussi attestée par des données archéologiques funéraires fournies par une vaste nécropole située au nord du site. Mieux connue, l'époque romaine est aujourd'hui attestée par différents vestiges dont le mobilier est exposé au musée de Lamta ainsi qu'au musée du Bardo, notamment une belle mosaïque figurant Apollon, les neufs muses et les quatre saisons ( IIIe siècle ap. J.-C.). Mais la principale pièce reste sans doute le sarcophage chrétien découvert en 1975 entre Sayada et Ksar-Helal et constituant une oeuvre d'art unique en Tunisie tant par sa beauté, que par son état complet. Lamta dispose aussi d'un beau ribat islamique fondé par les Aghlabides en 859 ap. J.-C. 1.3 Mahdia Station balnéaire des plus modernes, port de pêche fort actif, Mahdia occupe le Cap Afrique, une presqu'île reliée à la terre par un isthme étroit. Les plages, à Mahdia et aux environs, notamment au Sud, entre Ksour essaf et Chebba, sont parmi les plus belles de Tunisie. Les espaces verts sont très soignés. Les lieux pour les activités ludiques ou pour le repos sont nombreux. a) Historique Mahdia est fondée en 916 par le calife Abdullah El Mahdi, chef de la secte musulmane chiite des Fatimides, qui en fait sa capitale. Elle ne le reste pas longtemps ; en 948, le troisième calife fatimide préfère aller installer son gouvernement à Sabra, ville qui vient d'être créée près de Kairouan. Place forte appréciée pour la grande sécurité qu'elle garantit, Mahdia est convoitée par plusieurs conquérants. Pendant des siècles elle connaît une histoire très mouvementée. Elle est occupée par les Normands de Sicile, attaquée par les Génois, les Français, les Chevaliers de Malte, les Espagnols, les Turcs. L'administration turque contribue au repeuplement de la ville : Anatoliens, Albanais, Grecs, Levantins, Andalous... viennent se mélanger à la population locale. A partir de 1870, les Siciliens viennent pêcher la sardine et initient les habitants à la pêche au lamparo, pour laquelle Mahdia est aujourd'hui le centre le plus important. Les monuments qu'on peut visiter à Mahdia ne sont certes pas très nombreux mais ils sont tous dignes d'un grand intérêt. b) Skifa el Kahla Enorme porte de ville fortifiée, appelée aussi
Bab Zouila, la Skifa el Kahla est un véritable fortin. Construite au
Xè siècle, elle fut reconstruite en 1544, après le
départ des espagnols. Elle isolait la ville sur sa presqu'île. La
plus haute des terrasses offre une vue magnifique sur l'ensemble de la ville,
du port et de la côte. c) La grande Mosquée Construite par les Fatimides, elle a été reconstruite en 1965 exactement selon le plan ancien. Elle a été transformée, l'espace de deux ou trois ans, en église par les Espagnols, entre 1551 et 1554. Un porche, d'une belle ordonnance, harmonieusement proportionné, en constitue une entrée qui se distingue par sa sobriété. La mosquée possède deux autres entrées, moins monumentales. La salle de prière est conçue sur le modèle de la salle de prière de la Grande mosquée de Kairouan : une nef axiale large avec huit vaisseaux latéraux qui le sont moins et une nef transversale de la même largeur que la nef principale. Une coupole coiffe la travée qui précède le mihrab. d) Borj El Kebir Ce Borj, encore appelé Kasbah, est une forteresse qui a été érigée à la fin du XVI°siècle à l'emplacement d'un ancien palais fatimide et est considéré comme l'un des plus beaux spécimens de l'architecture militaire ottomane. Fondé sur un plan quadrangulaire et plus tard doté de bastions d'angles, l'édifice est ceint d'une puissante muraille à l'origine percée d'une seule entrée (après sa réaffectation à usage de prison, un autre accès y a été aménagé au XIX°siècle). Cette porte donne accès, par un passage voûté et coudé, à une cour sur laquelle donnent des salles, voûtées elles aussi. A l'angle sud-est de cette cour, un oratoire de construction antérieure qui a été sauvegardé et intégré dans l'édifice. Du chemin de ronde aménagé en terrasse, on a une très belle vue sur l'extrémité du promontoire de Cap Mahdia et, plus près du monument, sur le bassin d'un port antique que certains spécialistes font remonter à l'époque punique. e) Le Port Les chalutiers en grand nombre et des barques équipées pour la pêche au lamparo en font leur base. Il connaît une grande animation, en été, à l'époque de la pêche nocturne au poisson bleu : maquereau et surtout sardine. f) Musée de Mahdia Installé à l'entrée de la vieille ville dans d'anciens locaux de la mairie rénovés, ce musée se veut autant le reflet de l'histoire générale du pays à laquelle la ville a contribué par un bon chapitre, que celui, plus spécifique, de Mahdia elle-même. Au titre de la première partie, le musée nous restitue, au rez-de-chaussée, des objets remontant à l'antiquité libyco-punique et romano-africaine tandis qu'une partie de l'étage est consacrée au legs des époques byzantine et islamique. La civilisation grecque est représentée par deux colonnes en marbre en partie rongées par les mollusques et provenant d'une épave romaine chargée d'un butin de guerre ayant fait naufrage au large de Mahdia et dont l'essentiel du chargement, récupéré dans les années 40, se trouve exposé dans l'aile « Mahdia » du musée du Bardo. Au titre de la seconde partie, l'étage nous livre quantité d'objets d'artisanat (boiseries sculptées et peintes, mosaïques, stucs ouvragés, céramiques, faïence ...) en provenance de la ville et de ses environs et dont certains remontent jusqu'à la dynastie fatimide fondatrice de la ville au X°siècle. A ce même titre, deux salles ont été consacrées l'une au tissage, dont Mahdia était un centre important, l'autre aux somptueux costumes traditionnels de la région Mahdia - El Jem- Ksour Essef. g) Salacta / SULLECTHUM Mot latin SULLECTHUM ou l'endroit béni (préféré). Salacta est un lieu privilégié et avait une telle importance pour les Byzantins qui l'ont utilisé comme point stratégique pour leurs conquêtes .Les Français y ont implanté une base militaire lors de la 2e guerre mondiale alors que les Allemands y ont créé une base de défense. A l'époque romaine Salacta était un important port commercial. Salacta a vu défiler plusieurs civilisations dont les Phéniciens et les Romains. Vers l'année 583 Salacta est passée sous la domination Byzantine lors de l'arrivée de la flotte du commandant BELISAIRE. Après les conquêtes Islamiques, Salacta est devenue dépendante de la capitale des Oubéidines (Mahdia) et a constitué dès lors un lieu privilégié pour les riches pendant la saison estivale. Parmi les sites les plus importants dans cette agglomération on peut citer les Catacombes, le cimetière romain, le musée où la visite s'ouvre sur un panneau de mosaïque reproduisant un poème (traduit sur une pancarte) qui célèbre et les bienfaits des baignades et les plaisirs de la vie. Puis, au fond de la salle qui suit le hall, un autre panneau en mosaïque figurant un lion gauchement exécuté avec des proportions impressionnantes :trois mètres de haut. La plupart des objets exposés dans les vitrines des 4 salles qui constituent ce musée proviennent de la nécropole contiguë au musée et qui, au demeurant, a fourni des spécimens de sépultures en terre cuite ; d'autres proviennent des installations portuaires antiques ou encore des catacombes chrétiennes aménagées en sous-sol dans des champs environnants. 1.4 EL Jem A El Jem, le contraste entre le modeste village et l'immense Amphithéâtre qui l'écrase est saisissant. L'image qu'offre au visiteur cette association de deux univers est des plus inattendues. a) Historique Thysdrus, l'actuel El Jem, ancien établissement punique, ne devient une cité importante qu'à partir du Ier siècle après J.-C. Les constructions somptueuses s'y multiplient. Après une période de déclin, la cité retrouve sa prospérité à partir de la fin du IIIe siècle. Son déclin définitif commence avec la conquête arabe et la fondation de la ville de Kairouan. b) L'amphithéâtre Troisième du monde romain par la taille, après celui de Rome et celui de Capoue, l'amphithéâtre d'El Jem est le monument romain le plus impressionnant en terre d'Afrique. Arches, escaliers, arcs voûtant, salles souterraines forment un ensemble d'une grande complexité. L'amphithéâtre a une forme elliptique. Il mesure 149 m de long, 124 m de large et 36 m de haut. Il comporte trois étages. Trente mille spectateurs pouvaient y tenir. L'arène est longue de 65 m. En son sous-sol, 2 galeries voûtées qui communiquaient avec l'extérieur, se croisaient. La grande galerie était bordée de seize chambres voûtées, où devaient être enfermés les fauves. L'aspect grandiose de l'amphithéâtre ne doit cependant pas masquer le grand intérêt du musée et du vaste champ de fouilles. c) Le musée Le musée est installé dans une villa romaine reconstituée. On y trouve une grande diversité d'objets : des fragments d'inscriptions, des carreaux de terre cuite provenant de basiliques chrétiennes et portant des représentations en relief, des statues, des statuettes en terre cuite, des vases, des gobelets, des fioles à parfum et autres verreries. Mais les plus belles pièces sont, sans conteste, les mosaïques. Ce sont, en général, de très beaux pavements. Les uns représentent des natures mortes, les autres des figures allégoriques. Certains constituent des oeuvres majeures. Ce sont, par exemple, les lions dévorant un sanglier, le tigre assaillant deux onagres, les processions dionysiaques ou encore Dionysos chevauchant une tigresse. d) Le champ de fouilles C'est de ce champ de fouilles que proviennent les mosaïques du musée. Mais certaines ont été laissées sur place. Là, elles disent la somptuosité des demeures auxquelles elles appartiennent. La mosaïque de la Maison du paon est un vaste pavement, puisque la demeure elle-même couvre plus de 2.000 m2. À côté, la Sollertiana Domus a également gardé beaucoup de ses mosaïques. Ces mosaïques représentent des scènes mythologiques, comme Zeus enlevant Ganymède ou Léda et le cygne, ou des sujets réalistes, comme la chasse au faucon, ou encore des sujets galants représentant des satyres poursuivant des bacchantes. Les fouilles sont loin d'être achevées. Beaucoup de vestiges découverts n'ont pas encore livré toutes leurs richesses : d'autres amphithéâtres, moins grands que celui d'El Jem, un cirque long de 500 m et large de 20 m, des villas, des thermes, des citernes... |