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Approche pour une valorisation culturelle du patrimoine audiovisuel au Bénin: les archives audiovisuelles des chaà®nes nationales publiques

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par Godefroy Macaire CHABI
Université Senghor d'Alexandrie en Egypte - DEA 2005
  

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IV- Outils majeurs de valorisation culturelle des archives audiovisuelles publiques au Bénin

Lorsque l'on évoque la question de la mise en valeur d'archives, plusieurs idées parviennent à l'esprit. Dans ce fourmillement de réflexions, l'aspect culturel semble le premier élément d'analyse. Les archives ont d'abord de par leur contenu une densité culturelle. Leur application économique et tutti quanti n'arrivent qu'en seconde zone. C'est fort de cela que l'analyse de leur valorisation culturelle doit être une préoccupation quasi-permanente. L'analyse des publics à atteindre et les vertus de la communication sont des éléments qui entrent en ligne de compte dans la démarche.

1- L'objectivisme et le subjectivisme du choix

Le choix de la valorisation culturelle des archives audiovisuelles reste et demeure ces dernières années dans la conscience des pays qui en ont compris la nécessité un programme patrimonial d'importance. Parler de la valorisation culturelle des archives, c'est penser à leur rôle dans la société, leur interaction sociale. Les archives, parce qu'elles sont destinées à la bonne information et la formation de la société doivent faire l'objet d'une communication et d'une diffusion. La valorisation culturelle des archives audiovisuelles évite leur fossilisation. Les archives ne sont pas destinées à être mises sous cape. Leur intérêt provient de leur degré de fréquentation. Et le facteur qui garantit le fort taux d'accessibilité reste indubitablement le facteur culturel. Toute politique centrée sur le culturel a de fortes chances d'atteindre ses objectifs de départ.

Mais il faudra reconnaître que la solution de la mise en valeur ne passe pas forcément par les programmes culturels. Les nouveaux enjeux en matière de gestion des archives font appel à des formes qui contournent des choix culturels. C'est par exemple, le choix de la valorisation commerciale pour lequel l'INA a opté ces dernières années, et qui à notre avis ne viendrait qu'en dernier ressort de toute action globale de valorisation.

2- La politique des publics face aux engagements culturels des archives audiovisuelles

Quels sont les publics auxquels s'adresse en priorité le calendrier des archives audiovisuelles ? En quels termes se pose la question de l'offre ? Pas de réponses univoques face à cet ensemble de questionnements. L'importance des chapitres de valorisation culturelle du patrimoine audiovisuel se mesure à l'aune d'un bon ciblage des publics dans des circonstances bien identifiées. En définitive, la politique des publics chemine avec les défis culturels qui se posent aux archives en général, aux documents audiovisuels en particulier.

L'offre aux publics est entendue comme l'ensemble des actions produites par les services culturels en direction des publics. Trois catégories de publics nous intéressent dans le cadre de cette étude. Elles nous permettrons de cerner la particularité des types d'activités adaptées à chaque cible.

2-1 L'offre tout - public

L'action est orientée ici vers un public non spécialisé. Son caractère composite et divers doit guider des actions plus généralistes. La diffusion ou la popularisation des archives ne seront efficientes que si elles empruntent le canal des visites portes ouvertes, les expositions (temporaires et hors les murs), les visites thématiques, les cycles de conférences, les colloques, les visites touristiques et les niches culturelles.

2-2 L'offre aux étudiants

En dehors des mobiles de recherche qui entrent dans un cadre strictement scientifique, les offres dans ce cas peuvent prendre la forme de visites conférences destinées à confronter les mentalités parfois rénovées des étudiants avec les vraies réalités des contenus archivistiques. Ces visites conférences peuvent être complétées par des programmes de colloques sur des thématiques bien spécifiques (périodes, personnalités, événements, etc).

2-3 L'offre aux jeunes et scolaires

C'est d'un point de vue strictement subjectif, la population sociale sur laquelle, il importe aujourd'hui de concentrer et de reporter le clair des actions. Les efforts de rattrapage que nous imposent la méconnaissance des archives audiovisuelles doivent aller en direction de cette couche juvénile en mal de repères. Les archives de radio et de télévision doivent pouvoir les situer sur des antériorités politiques, historiques, sociales et culturelles, dans le pur dessein de leur permettre de forger leur auto réflexion sur l'avenir.

L'offre culturelle nécessite à cet effet une densification correcte allant d'ateliers pédagogiques à des visites conférences en passant par les classes patrimoine ou culture, les itinéraires patrimoniaux sur les archives audiovisuelles, les visites d'exposition, les activités pédagogiques avec les musées comme par exemple la mise à disposition de dossiers pédagogiques, les visionnages et les auditions, l'édition de médias interactifs comme les CD-ROM sur les contenus des archives audiovisuelles, les vidéodisques, les jeux interactifs.

Figure 2 : La politique des publics dans la valorisation culturelle des archives

Tout public

Public étudiant

3- Archives audiovisuelles, valorisation culturelle et communication culturelle

La communication est l'un des éléments essentiels de la valorisation des archives et de leurs services éducatifs. Il existe incontestablement un lien fort entre archives et communication. Les archives sont faites pour être communiquées. Sans la communication, les archives se fossiliseront dans le réduit des locaux de conservation. Et lorsqu'on parle de communication dans le cadre des archives audiovisuelles, on est dans le cadre d'une communication culturelle de masse. Cette dernière passe par une pluralité de points et d'actions. Outre l'information par des moyens de communication externe, les agents culturels doivent pouvoir offrir au public des documents d'appel ou de présentation qui permettent de renseigner et de proposer les services adaptés à la demande

3-1 Les services de communication culturelle proposés

Les différentes structures impliquées de quelque manière que ce soit dans les archives doivent mener des actions de communication culturelle qui portent en minorité sur les services qu'elles doivent offrir traditionnellement au public à savoir : accueil, aide et orientation. En revanche, leurs actions doivent pointer les moyens avec lesquels ces services informent sur leurs activités.

La communication culturelle sur les archives suppose que les structures impliquées dans

la valorisation culturelle, comme le Centre Culturel des archives audiovisuelles en projet, informent sur les

activités qu'elles mènent et les manifestations qu'elles organisent par l'entremise des supports que sont la

radio, la télévision la presse écrite et l'Internet. Dans cet ordre d'idées, l'on retrouve les médias spécialisés

voire généralistes, les médias associatifs et les revues scientifiques.

L'Internet évoqué ci-dessus doit être intégré radicalement dans les pratiques de communication des

services concernés.

Dans le même sillage, la politique de communication culturelle est perçue comme le rôle

des services d'archives de programmer et mettre à disposition des festivals, expositions, institutions

culturelles, opérateurs culturels des corpus et extraits thématiques dans le cadre des grandes

manifestation culturelles. L'accompagnement de l'intégration de l'image dans les pratiques par une

politique active de communication de programmes entiers vers le secteur institutionnel.

3-2 Les produits de communication culturelle

Ce sont les documents papier, brochures ou dépliants de présentation, programme des activités, plan du service, aide à la visite, catalogues, dossiers de presse et autres communiqués qui servent d'éléments de visibilité des actions entreprises par les services d'archives. Les produits de communication sus indiqués ont le devoir d'aller aussi bien vers les médias que vers le grand public. Les documents de présentation sont les produits les plus utilisés en communication culturelle. A cela s'ajoutent d'autres documents comme les affiches, les marque-pages, les signets, les feuilles ponctuelles sur les événements, les plaquettes produites à l'occasion d'une manifestation, les lettres d'information, les guides pratiques pour l'utilisation des archives, les prospectus d'information pédagogique. Le dispositif de communication doit prévoir également des documents en écriture braille à mettre à la disposition des aveugles et autres malvoyants : textes en braille, maquette tactile.

3-3-L'animation d'émissions s'inspirant des archives audiovisuelles

Dans le cadre de ce projet, une autre manière de redonner vie aux archives en les mettant au service d'objectifs culturels serait de les intégrer dans des programmes de radio et de télévision. C'est une façon toute simple de les rendre vivantes. Ainsi donc, des émissions peuvent constamment puiser dans les fonds archivistiques à l'instar de l'émission « Archives d'Afrique »41 de Radio France Internationale. L'avantage est double dans ce cas. Il se situe dans le fait pour les archives de sortir du risque de fossilisation et d'être utile à l'ensemble de la communauté. Ensuite, c'est une façon induite d'encourager l'archivage des documents. Les efforts s'intensifieront ainsi autour du projet d'archivage pour être mis au service des émissions qui se nourrissent de ces archives.

Mieux, des fonds d'émissions culturelles seront constituées à travers des productions radiophoniques et télévisuelles sur le patrimoine culturel dans son ensemble. Des émissions entières porteront sur les danses, les rituels, les sites, les pratiques culturelles. Tout ceci va accroître le capital voire le potentiel documentaire béninois en matière culturelle.

3-4 L'initiation des entretiens du patrimoine, comme complément d'actions culturelles

La question de l'accroissement, l'enrichissement des collections est un chapitre clé de toute action de gestion d'un fonds. Il n'y a pas de collections définitives, pas plus qu'un fonds ne se limite à ses premières acquisitions. C'est un processus sans fin, qui se nourrit d'expériences complémentaires et utiles. C'est à cette seule condition qu'une institution culturelle peut varier les possibilités offertes au public et remplir au mieux sa fonction culturelle. Les archives en général, aussi bien que les musées et les bibliothèques s'inscrivent dans une logique transversale de ce point de vue. Un conservateur de musée doit sans cesse par don, achat, prêt, dépôt veiller à l'accroissement de ses collections. Cette préoccupation de chasse à l'oeuvre taraude également le conservateur d'archives audiovisuelles. Ceci lui permet de combler les trous observés et de racheter la société face à son histoire. Entendu ainsi, il est possible pour des sujets sur lesquels on dispose de très peu d'éléments, et dont les acteurs ou les protagonistes sont encore en vie d'entreprendre l'oeuvre de recueil de leurs témoignages. Hamadou Ampaté Ba avait déjà compris cela lorsqu'il écrit qu'en Afrique lorsqu'un vieillard meurt c'est une bibliothèque qui brûle. La proposition des « entretiens du patrimoine » permettra de vite éteindre le feu qui risque de consumer la bibliothèque que constituent ces mémoires encore vivantes. La démarche a pour but de sauver ce qui peut l'être pour éviter que ne s'éteigne sous nos yeux notre histoire. Au Bénin, où beaucoup de documents ont dû disparaître sous l'effet de plusieurs facteurs sus énumérés, il

41 Il s'agit d'une production de Radio France Internationale réalisée par le franco-camerounais Alain Foka. Elle s'appuie sur les documents d'archives pour livrer une grande page de l'histoire africaine à travers ses grands hommes.

urge alors de sauter sur les acteurs de certains faits prégnants encore en vie pour reconstituer des faits42. L'initiative doit être conduite aussi bien dans les médias publics que dans des lieux du patrimoine garant de la mémoire du peuple.

3-4-1 Dans les médias publics

Les médias publics dans le cadre de leur mission culturelle au service du développement

national doivent mobiliser les efforts et apporter leur écot à l'aboutissement correct des entreprises de

valorisation culturelle des archives. Pour provoquer le rendez vous entre les générations actuelles et

celles à venir, il faut présenter à ces dernières toute leur histoire.

La mémoire d'un peuple ne peut pas lui être présentée par morceaux. Or aujourd'hui,

face à l'évidence d'un mauvais traitement des archives et à l'indifférence affichée vis-à-vis de leur

conservation, le risque de perte de quantités de documents importants est présent. Mieux que cela, les

archives ignorent certaines figures qui ont marqué leur temps parce qu'on n'a pas eu le bon flair de les

immortaliser pour les générations. Les médias doivent corriger leurs tares, rattraper leurs retards. Car,

nombre de ces figures sont encore vivantes. Des campagnes d'enregistrements patrimoniaux doivent

alors être initiées dans le cadre d'un programme spécial initié par ces médias. Des figures politiques,

culturelles, littéraires doivent être interviewées sur des sujets précis dans le cadre de dossiers prégnants

pour lesquels les livres et autres imprimés restent parfois muets. Des témoignages de leurs congénères

encore vivants, d'historiens seront recueillis à l'appui pour produire in fine des supports complets qui

pourront être absorbés par les lieux de culture (bibliothèques, centres d'archives, musées etc).

3-4-2 Hors des médias

L'initiative des entretiens du patrimoine ne doit pas être laissée aux seuls médias. Les impératifs d'actualité et autres contraintes peuvent retarder leurs actions. C'est pour cela que les bibliothèques, musées, centres culturels ont aussi le devoir de commander ce type d'enregistrement qui enrichira leurs collections et programmes d'activités.

42 Ici apparaît le lien avec le programme de l'UNESCO sur la sauvegarde du patrimoine immatériel et des Trésors humains vivants.

4- La valorisation culturelle des archives, un nouvel axe de développement national

Les archives audiovisuelles ne doivent plus être considérées aujourd'hui comme il y a une vingtaine d'années. Le changement d'attitude de la société vis-à-vis d'elles est à fortement rechercher. Continuatrices positives de la conscience des groupes sociaux, les archives sont des canaux de formation intergénérationnelle. L'observation des archives, leur position sociale et le rôle pédagogiques qu'elles jouent sont autant de facteurs qui peuvent induire le développement.

L'enjeu économique des archives est indémontrable. Elles sont au confluent des activités d'éditeurs, de producteurs, d'opérateurs culturels pour ne citer que ceux-là. Par conséquent, les incidences financières sont énormes pour les services de communication d'archives.

La promotion culturelle des archives est un chapitre entier d'enseignement. La lecture des archives, leur interprétation suggère des idées nouvelles s'inspirant du passé. Le niveau d'observation des contenus permet d'analyser les échecs, d'en détecter les mobiles, de les éviter dans les expériences nouvelles et de tirer bénéfices des succès.

Il ne sert à rien de regarder platement dans les contenus des archives. Elles sont une mine de renseignements pouvant aider les responsables à divers niveaux dans les stratégies d'actions et dans la mise en oeuvre de politique. Ce sont des outils d'aide à la décision.

La valorisation culturelle des archives audiovisuelles, comme nous le démontrions plus haut peut être mis au service du tourisme culturel. Et dans ce cas, les bénéfices et les profits qui en découleront sont insoupçonnables, à l'aune des activités directes et indirectes qui y sont rattachées.

Dans un contexte de mondialisation où tout peut et doit contribuer au développement, les archives audiovisuelles sont un bout majeur à tenir. La culture étant un élément de poids dans l'exercice des capacités, la mise en valeur culturelle des archives doit permettre de ratisser large par l'invention de schémas diversifiés autour de la philosophie du développement. Le préambule du site Internet du Conseil International des Archives tout en reconnaissant d'ailleurs que les archives sont un élément clé de la société de l'information, ajoute « qu'en témoignant des activités menées et des décisions prises, elles assurent à la fois la continuité des organismes et la justification de leurs droits, ainsi que de ceux des individus et des États. Parce qu'elles garantissent l'accès des citoyens à l'information administrative et le droit des peuples à connaître leur histoire, les archives sont essentielles à l'exercice de la démocratie, à la responsabilisation des pouvoirs publics et à la bonne gouvernance »

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard