III- Inamédia, un chantier en pleine
évolution
La numérisation apporte une révolution car elle
permet au client de consulter à distance et en ligne les archives avant
d'en lancer la commande. Ceci se traduit à travers Inamédia qui
héberge en ligne les archives de presse filmée et de
télévision de l'INA. On y retrouve les émissions
diffusées par les chaînes de télévisions publiques
françaises de 1949 à nos jours ainsi que le fonds de presse
filmée des Actualités Françaises qui va de 1940 à
1969. Cet instrument développé par l'INA présente des
avantages pluriels. Il permet d'effectuer des recherches de toutes sortes dans
la base de données documentaires. En même temps, c'est un espace
de visionnage des archives numérisées. Grâce à une
visionneuse, le client est en mesure de créer des extraits au cours du
visionnage et de verser dans un panier les archives retenues avant d'en
transmettre le contenu à l'équipe commerciale. Le client peut
également s'offrir la possibilité de demander aux documentalistes
d'effectuer une recherche documentaire initiale ou complémentaire de
celle qu'il a réalisée.
La recherche en effet s'effectue sur l'ensemble des notices
documentaires des fonds télévision et de presse filmée y
compris les fonds thématisés. A ce jour, il est possible de
visionner l'ensemble du fonds de télévision
numérisé de l'INA soit environ 150 000 heures. Le format de
visionnage est le Mpeg 1, à 1,2 mégabits/ secondes, au moyen d'un
lecteur Quick Time version 6,2 ou ultérieure. Le format de livraison par
contre est le Mpeg 2, à 8,5 mégabits/ secondes. On livre les
documents sur des supports professionnels tel le Béta
Numérique.
La cession des archives de la base de données
Inamédia obéit à un long processus d'analyse juridique, de
libération éventuelle des droits et une évaluation de la
qualité du matériel (matériel à restaurer ou pas)
avant toute livraison définitive. Tout document qui intéresse le
client n'est donc pas systématiquement livré. N'accède pas
à Inamédia qui veut. Ceci tient au fait que l'INA n'est pas
actuellement dimensionné pour répondre directement aux demandes
des particuliers, ni en mesure de leur faire visionner des archives en ligne.
Car pour la plupart, ces archives ne sont pas libres de droit. D'où tout
le système de filtrage afin quel seuls les professionnels puissent
utiliser le service.
IV Les aspects culturels de gestion des archives de
l'INA
L'élément culturel explique entre autres la
position et la démarche de l'INA face à la question des archives.
La culture étant par définition ce qui reste lorsque l'on a tout
perdu, les efforts de l'INA ont été longtemps
déterminés par cet aspect. La fonction culturelle des archives
commande les opérations de conservation et de sauvegarde.
Implanté au coeur de la Direction de archives, le
Service du développement éducatif et culturel (SDEC) coordonne la
politique de valorisation patrimoniale de l'INA. Ce service accompagne la
politique de restitution des archives conservées par l'INA vers tous ses
publics, notamment éducatifs et culturels.
Le SDEC a pour vocation centrale de diffuser le patrimoine et
la mémoire de la Radio et de la Télévision sous des formes
diversifiées en fonction des publics. Le grand public n'a pas
directement accès aux archives, mais il peut toutefois retrouver toutes
les richesses du patrimoine audiovisuel français au travers des
collections sonores et vidéo. Ce travail est conduit par le SDEC qui
invente les schémas de faisabilité et met en place des
stratégies de concrétisation.
1- Les archives dans le patrimoine culturel
français
S'il y a encore quelques années dans l'imaginaire
collectif des français, la définition du patrimoine culturel ne
prenait qu'en compte les musées, les sites archéologiques, les
monuments et autres places rattachées à l'histoire, la
mentalité a sérieusement connu une évolution sur la
définition du patrimoine culturel dans son ensemble. L'importance
à la fois artistique, esthétique, la valeur permanente des
documents audiovisuels réunis donne à ces derniers leur valeur
patrimoniale. Depuis sa création en 1975, l'INA joue un rôle
patrimonial certain. Comme l'indique le slogan principal qui barre ses
documents officiels, il construit l'avenir de la mémoire par la
collecte, la conservation, la sauvegarde et la communication des documents
audiovisuels français. En ramenant sur son territoire les images des
débuts de la télévision, du cinéma et de la radio
en France, il s'impose comme un élément de reflet identitaire
réel, car au travers de ses activités, c'est à une
rencontre de générations qu'on assiste. La démarche de
l'Ina est fortement marquée par un souci de prise en compte permanente
du passé, du présent et du futur. En mettant au coeur de ses
préoccupations les documents du passé, l'INA se met constamment
dans la dynamique de leur insertion dans une approche
intergénérationnelle. Même si la logique commerciale est
présente, les archives ne sauraient en effet se réduire à
un centre de ressources pour les producteurs et les diffuseurs ou à un
« capital » à exploiter à des fins
strictement commerciales. Elles sont avant tout un lieu de la mémoire
collective et plus encore un patrimoine historique et culturel.
L'INA à sa naissance est ainsi chargé de
préserver la mémoire audiovisuelle de la France. Pour les
français, les archives portent les traces du passé de la France
et donnent aux générations qui se succèdent des
repères dans le processus de leur auto prise en charge et du
développement. Dans les faits, les archives audiovisuelles
représentent la sève de laquelle les français tirent des
éléments de leur existence. Les enseignements issus de ces
documents dynamiques et actuels malgré leur vieillesse sont gage
d'avancée incontestable.
Par définition, les archives font partie
intégrante du patrimoine culturel mobilier. De ce point de vue, elles
sont progressivement traitées en France avec soin et
intérêt. Il est vrai qu'il reste encore dans cet environnement
déjà amélioré des renforcements d'actions à
mettre en oeuvre pour que les archives audiovisuelles soient
littéralement perçues par l'ensemble des français comme un
élément fort du patrimoine culturel. Cette tacite
méconnaissance de la conscience patrimoniale des archives s'observe plus
au niveau de la libération des moyens consacrés à la
réalisation des objectifs patrimoniaux que dans la vraie perception
idéelle de la fonction culturelle des archives.
2- La communication culturelle et pédagogique
des archives
Les archives n'ont de valeur que si elles servent aux besoins
du public. L'une des questions qui taraudent l'INA est de savoir comment on
peut conserver sans communiquer. La gestion méthodique et
professionnelle des archives en général, celles audiovisuelles en
particulier exige que l'on détermine cette fonction ultime qui constitue
au même moment le début d'un autre cycle de gestion. La
communication emprunte diverses voies à l'aune des consultations
scientifiques, des activités culturelles et pédagogiques sans
occulter les nécessités professionnelles incarnées par les
demandes des chaînes publiques de radio et de
télévision.
Autour de ses archives, l'INA crée un centre
d'intérêt culturel et éducatif. Si la fonctionnalité
scientifique est incarnée par l'inathèque de la
Bibliothèque Nationale de France qui offre aux chercheurs un cadre
convivial de travail et de découverte, le but pour l'INA est d'atteindre
le plus large public et de donner aux archives conservées leur valeur
culturelle. C'est ainsi que le service du Développement Educatif et
culturel est investi de la mission de diffuser le patrimoine et la
mémoire de la radio et de la télévision sous des formes
diversifiées en fonction des publics.
La politique culturelle de l'INA s'exerce en direction des
milieux de la création, de la culture et de l'éducation de commun
effort avec les professionnels de ces milieux. Cette politique se traduit par
quatre orientations :
Développer les offres de contenus et de services
ciblés
Favoriser l'intégration des documents audiovisuels dans
la pédagogie
Favoriser le patrimoine dans sa dimension historique et
esthétique et comme vecteur de connaissances
Favoriser la présence des archives dans la mise en
oeuvre des projets innovants en s'appuyant sur les technologies de
l'information et de la communication On note alors des programmations et mise
à disposition des corpus thématiques lors des grandes
manifestions culturelles ; l'accompagnement de
l'intégration de l'image dans les pratiques culturelles. L'INA affiche
alors sa présence dans les festivals, colloques, expositions,
musées, médiathèques. La signature de conventions avec des
institutions de renom comme la Comédie française ou l'Office
National du film canadien sont autant d'exemples qui témoignent de la
présence de l'INA aux côtés d'institutions culturelles pour
la valorisation de son patrimoine. Les chiffres annoncent que l'INA met chaque
année ses archives à la disposition de plus de 200 expositions
culturelles et événementielles en France et à
l'étranger. En 2000, il a participé à 200 manifestations
culturelles contre 280 en 2002. Parmi les partenaires de l'INA se
déclinent l'Auditorium du Louvre, le Forum des images, la
cinémathèque de la Danse, la Mairie de Paris et la
Société civile des auteurs multimédia (SCAM).
D'un autre point de vue, l'INA développe des programmes
en relation avec les acteurs de l'éducation, car les archives en raison
de leur contenu et des enseignements qu'elles diffusent sont des outils
pédagogiques. Des émissions de télévision, sont
mises à la disposition du secteur éducatif à titre de
support et d'illustration au service d'une discipline, ou comme objet
d'enseignement dans le cadre de l'éducation aux médias. Une
collection « Vidéothèque pour l'enseignement
» riche de 300 titres explore toutes les thématiques
traitées à la télévision comme l'histoire, la
jeunesse, la littérature, le théâtre, les sciences, la
société sous formes de documentaires, fictions, adaptations,
portraits, entretiens. Les documents proposés sur vidéo cassettes
sont mis à la disposition des établissements culturels et
scolaires que sont les bibliothèques, musées,
théâtres, lycées et collèges, centres de formation.
Dans cette mouvance, les collections « Voir et Lire
» et « Voir et savoir »
constituées à partir de programmes d'archives de l'INA
sont proposées dans les établissements scolaires et
universitaires ainsi que dans les médiathèques. Un exemple
remarquable de l'impact positif des actions de l'INA au côté de la
cause pédagogique, le site Ina - edu et le premier
DVD-Rom de la collection « Apprendre à la
télé » qui aident à n'en point douter les
élèves à mieux comprendre l'actualité à
travers l'analyse des images.
En outre, un catalogue vidéo Education et
Culture composé de 300 titres destiné aux Etablissements
d'enseignement et aux acteurs de la vie culturelle est mis en ligne sur le site
internet de l'INA et porte sur divers aspects de l'histoire, la vie artistique
et culturelle de la France. Les thématiques explorées sont en
effet : la science, les questions de société, la jeunesse, le
théâtre, la littérature, le théâtre, les
portraits etc.
Les occasions de découverte par le grand public du
patrimoine audiovisuel français mis à disposition par l'INA sont
nombreuses. Il arrive parfois que les archives les plus insolites investissent
des lieux de spectacle. En 2002, la première édition des
« 24 heures de la télé » a eu lieu au
Zénith de Paris et dans six (6) villes de province à l'occasion
des journées européennes du Patrimoine. Elle a rassemblé
11 000 spectateurs autour d'un programme de 6 heures d'archives
réalisé à partir de 265 extraits. Toutes les
générations sont séduites par la collection «
INA mémoire vive » qui remémore des oeuvres ou
interprétations musicales et le DVD « Au
théâtre ce soir ».
Les archives n'ont pas de sens si elles ne touchent pas le
public pour jouer auprès de lui leur fonction culturelle. Les archives
sont des éléments culturels qui surgissent de la culture des
peuples et c'est dans ce même peuple qu'elles peuvent retrouver leur
plein épanouissement. Cette interaction entre la société
et les archives constitue un élément de poids dans l'explication
de la valeur culturelle des archives audiovisuelles
Tableau 4 : Evolution du nombre annuel de
nouveautés : publications, produits sonores, vidéos et
interactifs à l'INA
Indicateurs
|
Réalisé en 2000
|
Réalisé en 2002
|
publications
|
12
|
23
|
Editions sonores
|
58
|
60
|
Editions vidéo
|
45
|
62
|
Editions vidéo Circuits éducatifs et
culturels
|
0
|
20
|
Editions CD-ROM et DVD-ROM
|
2
|
3
|
Source : INA Tableau 5 : Diffusion des archives
dans les réseaux culturels et éducatifs
Indicateurs
|
2000
|
2002
|
Nombre d'heures d'extraits de
télévision
|
0
|
08h36
|
Nombre de programmes de
télévision
|
200
|
564
|
Nombre de K7 vidéo
|
2000
|
3300
|
Source : INA
3- Un attachement aux questions de droit dans la
valorisation culturelle des archives
Les archives audiovisuelles parce qu'elles ont parfois un lien
avec la création ont un statut juridique réel. De ce fait, l'INA,
confronté à leur exploitation est très regardant sur les
questions de droits d'auteurs. Il existe un cadre normatif qui régit le
fonctionnement des archives de l'INA et implique les différents
interlocuteurs et partenaires de l'institution.
4- La thématisation et la mise en ligne des
fonds radio et télévision au service des actions
culturelles
La thématisation engagée depuis la mise en route
de la numérisation contribue à donner à l'INA plus
d'efficacité dans la gestion de l'ensemble de son fonds radio et
télé. C'est par définition le traitement par thèmes
du fonds ou précisément un regroupement par centres
d'intérêt, corpus ou rubriques du fonds. La documentation est
à l'avant-garde de la mise en oeuvre de cette innovation. Ainsi,
retrouve t-on par exemple les rubriques personnalités, économie,
société, divers etc. Dans le cadre de cette
thématisation, un travail de fond a été fait sur le
Président Charles de Gaulle dont les discours ont été
regroupés selon les circonstances et sphères d'intervention.
Désormais par un seul clic, il est possible de retrouver en même
temps une rafale de documents sur la personnalité ou le thème
recherché dans la base.
En définitive, la thématisation permet une
recherche rapide dans la base et constitue un vrai prétexte à
l'accélération de la politique de numérisation.
Grâce à son outil privilégié, Totem, elle constitue
aujourd'hui pour l'INA une voie efficace de gestion archivistique.
En juin 2004, 292 heures de radio contre 11 200 heures de
télévision sont thématisés. L'importance de la
thématisation et de la numérisation dans l'opération
finale de mise en ligne n'est plus à démontrer. De ce point de
vue, il importe que l'INA mette les bouchées doubles pour densifier ses
actions sur ce fonds.
La thématisation lancée en 2001 simplifie les
recherches documentaires dans la base et permet d'accéder aux archives
numérisées, structurées et valorisées par corpus
thématiques. Pour que la thématisation puissent montrer son
efficacité, il faudra notamment poursuivre le travail de traitement
documentaire
Le traitement documentaire, un
élément important de la thématisation et de la gestion
: Pendant longtemps, on a constitué des archives sans un
véritable travail documentaire. Dans la pratique, on s'est
contenté d'une gestion approximative des stocks, ce qui n'est pas sans
marquer négativement les documents qui s'ils ne sont pas encore
jetés ne doivent plus servir à grand'chose. Depuis quelques
années déjà, on commence par se faire une idée
positive de la documentation dans toute la chaîne d'archivage des
documents audiovisuels. Archivage et documentation vont de pair. Les
matériels audiovisuels, sonores et cinématographiques n'ont
d'importance à l'INA que dans la mesure où ils font l'objet d'un
traitement documentaire qui leur donne vie, sens et identité. Une
équipe de documentalistes qualifiés s'attèlent à
faire face quotidiennement aux enjeux de la description et de la constitution
de notices documentaires. Les documents et les matériels qui par le
passé ont fait l'objet d'une identification sommaire sont
actualisés de ce point de vue. Ce qui représente une forme de
sauvetage et remet en vie les éléments concernés. Les
documents récents et nouveaux font quant à eux l'objet d'une
attention soutenue car ils sont décrits selon les principes modernes de
gestion documentaires. Si le fond télévision de l'INA n'est pas
parfait en matière documentaire, celui de la radio ne se porte pas
moins mal. Il présente en effet beaucoup d'insuffisances. Les efforts
engagés depuis plusieurs années pour y faire face produisent des
résultats faibles. Le fonds radio parce qu'il est hautement
hétéroclite a posé un sérieux problème
documentaire. La base de données de la phonothèque est
constituée de plus de 775 000 notices identifiant émissions ou
sujets. Plusieurs documents et matériels demeurent sans notices
jusqu'à ce jour, ce qui ne facilite pas leur accessibilité. Dans
le meilleur des cas, on se résout à un traitement minimaliste.
3/5 seulement du fonds est analysé, indexé ou catalogué
soit dans la base de données informatiques INA-SON sous logiciel
documentaire BASIS, soit dans un fichier manuel. Il devient important dans le
cadre de la numérisation à terme du fonds de consacrer davantage
d'efforts à la fabrication de notices documentaires aux documents qui en
manquent. Les fichiers manuels ont besoin d'être versés dans la
base informatique.
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