II- Le plan patrimoine de l'INA, un vaste programme aux
objectifs implicitement culturels
1- Les mobiles du plan
Pour l'INA, c'est l'avenir des archives qui se joue. Le constat
révèle la fragilité de certains supports parfois uniques.
Mieux avec l'évolution technologique, se pose le problème de
l'obsolescence des machines de lecture. Avec quelque deux millions et demi de
supports, l'INA détient l'une des plus importantes collections du monde,
avec celles de la BBC24 et de la RAI25. Ces supports,
notamment les bandes magnétiques sont atteintes par ce que les
spécialistes appellent « le syndrome du vinaigre »
évoqué plus haut. Résultat, plus de 20% du fonds film est
dans un état critique. En 1999, 300 000 heures de radio et 200 000
heures de télévision étaient en état de
dégradation. En 2002, ces chiffres ont été revus à
la hausse et portés à 500 000 heures de radio et 335 000 heures
de télévision.
2- Le plan de sauvegarde et de
numérisation
Il a été initié en 1999 avec pour objectif
de sauver au plus vite 300 000 heures de radio et 200 000 heures de
télévision provenant des fonds nationaux et de fonds
régionaux. L'opération vise à recopier les programmes sur
des supports numériques pour assurer la conservation pérenne du
fonds et améliorer son exploitation.
3- La sauvegarde, numérisation et
communication
L'état inquiétant de certains documents a
orienté la réflexion vers la mise en oeuvre du plan de sauvegarde
et de numérisation auquel s'ajoute une chaîne interne de
sauvegarde liée spécifiquement à la communication des
archives. Il s'agit de la SNC (sauvegarde-numérisation-communication).
C'est une autre
24 Chaîne britannique de radio et de
télévision 25 Radio et Télévision
italienne
filière de sauvegarde et de numérisation. La
particularité repose ici dans le fait qu'elle ne se met en route
qu'à la suite de commandes en urgence et ne concerne que la
communication des extraits d'images et de sons pour les diffuseurs. La SNC ne
se situe pas dans la logique d'une systématisation de la sauvegarde.
C'est un mode opératoire qui est rythmé selon les besoins. Elle
permet de sauvegarder les fonds avant communication sans
détérioration du support. Elle a été mise en place
en 2001 et propose un visionnage et une livraison sous trois jours des archives
commandées. Auparavant, il fallait trois semaines. Comme il ne s'agit
ici que d'extraits, un travail de repérage et de description est fait
par les documentalistes grâce à des outils informatiques
développés en interne.
4- Les résultats
Plusieurs critères techniques et de contenu ont
présidé au choix des supports qui font l'objet de sauvegarde
comme l'état de dégradation, la difficulté d'exploitation,
la valeur patrimoniale, de rareté, artistique, professionnelle et
commerciale. Selon les chiffres publiés disponibles en 2004, le PSN a
permis à l'INA de numériser près de 150 000 heures de
programmes télévision dont 97 000 étaient menacées
de disparition. Par ailleurs, l'INA a également dépassé en
2005 les 80 000 heures pour ce qui est de la numérisation radio. Ces
programmes sont aujourd'hui accessibles en ligne. Le rythme de sauvegarde
numérique est de 19.450 heures par an pour les programmes de
télévision et de 8 800 heures par an pour la radio. A ce rythme
et à financement stable, il faudra 60 ans pour sauvegarder les 500 000
heures de radio et la même durée temporelle pour les 335 000
heures de télévision encore menacées. Or pour sauvegarder
l'intégralité des fonds menacés, toutes les
opérations devraient être réalisées d'ici 2015. En
poursuivant au rythme actuel, l'INA serait en mesure de garantir la sauvegarde
de 60% des fonds menacés.
Tableau 3 : Bilan de sauvegarde en
numérique à l'INA
Indicateurs stratégiques
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
Nombre d'heures TV sauvegardées
(cumul)
|
12 070
|
33 970
|
64 770
|
95 670
|
126 870
|
150 000
|
Nombre d'heures Radio sauvegardées
(cumul)
|
6100
|
14 900
|
23 700
|
32 500
|
41 300
|
80 000
|
Source : Contrat d'objectifs et de moyens entre
l'Etat français et l'INA et Site Internet INA
5- Poursuivre et accélérer les processus
de sauvegarde et de numérisation
L'INA, en raison de l'avantage qu'induit l'opération de
numérisation, doit pouvoir continuer dans la même cordée
avec le déploiement d'efforts supplémentaires pour
accélérer le processus. Le volume du fonds menacé est
très important. Il y a donc à la base un enjeu de sauvetage. Le
volume sauvegardé jusque là a obéi à des
critères qui ne sont pas forcément les plus objectifs.
D'où l'impérieuse nécessité de mobiliser les
énergies et les moyens correspondants en vue de sauver le reste du
fonds. Car des fonds restants, l'on ne sait lesquels peut revêtir une
importance pour la postérité.
L'opération de numérisation qui accompagne selon
le schéma de l'INA la sauvegarde est à promouvoir
sérieusement dans les années à venir de façon
à banaliser la mise en ligne des images et des sons. Pour cela, les
ressources mobilisées par les activités économiques
découlant de la communication des archives doivent être fortement
appuyées par une augmentation des redevances. Car, l'INA à
travers ses activités est au coeur d'une problématique qui exige
un choix rigoureux irréversible.
|