DEUXIEME PARTIE : LES PERSPECTIVES SYSTEMIQUES POUR UNE
VALORISATION CULTURELLE DU PATRIMOINE AUDIOVISUEL AU BENIN
La question des archives audiovisuelles au Bénin et de
leur mise en valeur doit nécessiter dans les prochaines années
des actions de taille pour produire des résultats convaincants. C'est
pour cette raison qu'il faut initier des approches multidisciplinaires faisant
appel à des compétences et des domaines divers.
La gestion des archives audiovisuelles, parce qu'elle implique
aussi bien la conservation, la sauvegarde que la valorisation, doit, dans sa
mise en oeuvre, être la traduction de plusieurs efforts. Il est
impératif dans l'environnement international actuel des archives de
s'inspirer dans cette voie de l'expérience des autres et de leurs
succès tout en tirant le meilleur parti.
CHAPITRE I LE PATRIMOINE AUDIOVISUEL : CONSERVATION,
SAUVEGARDE ET VALORISATION CULTURELLE DANS UN CONTEXTE ORGANISE
A l'inverse de la situation inconfortable constatée au
Bénin sur le plan de la gestion physique des archives audiovisuelles et
de leur valorisation culturelle, l'état des lieux à la date
d'aujourd'hui en France révèle un sérieux manifeste face
à la question. Les archives de radio et de télévision sont
traitées avec beaucoup d'égards et font l'objet d'une mise en
valeur culturelle permanente à travers des programmes
spécialement élaborés. Au regard du constat, ce ne serait
que réalisme d'affirmer que le secteur des archives audiovisuelles
constitue une industrie qui doit se développer et prendre constamment de
l'ampleur. L'INA, l'Institut National de l'Audiovisuel met en oeuvre cette
politique publique de prise en charge et de valorisation des archives
audiovisuelles en France. Son expérience en cette matière laisse
transparaître une gestion professionnelle à laquelle il importe
pour un pays en voie de développement comme le Bénin de se
référer. C'est fort de cela que notre stage en entreprise s'y est
déroulé.
I- L'Institut national de l'Audiovisuel, un pôle
important de gestion et de valorisation culturelle des archives de radio et de
télévision
Au coeur du paysage audiovisuel français, l'INA s'occupe
depuis 1975 de la gestion des fonds d'archives de radio et de
télévision. Son rôle en fait un organe public de sauvegarde
de la mémoire audiovisuelle française. Le dynamisme de son
travail, sa volonté constante de ne pas voir périr une grande
frange du patrimoine culturel national se manifeste au travers de la collecte,
la sauvegarde, la numérisation, la restauration et la communication des
documents d'archives soit plus de 60 ans de programmes radio et 50 ans de
télévision.
L'Institut national de l'audiovisuel est un Etablissement
Public à caractère Industriel et commercial (EPIC), mis en place
le 06 janvier 1975 au terme de la réforme de l'audiovisuel menée
en 1974. L'INA est né de l'éclatement de l'ORTF (Office de radio
et télévision de France). Il doit assumer dès sa naissance
les missions transversales jusque là dévolues à l'ORTF.
C'est la structure française de gestion des archives audiovisuelles
publiques. L'INA a des délégations régionales qui au titre
des obligations légales collectent, conservent, gèrent et
exploitent les programmes (Actualités et émissions de production)
provenant des radios et des télévisions publiques
régionales : Radio France et France 3. En sauvegardant la mémoire
des régions de France, ces délégations remplissent
localement les missions de l'INA et relaient dans leur zone d'influence les
opérations menées par l'INA au niveau national. Ces
délégations régionales sont présentes à
Rennes, Lille, Lyon, Strasbourg, Marseille, Toulouse.
1- Une structure aux missions patrimoniales
Les missions de l'INA sont segmentées en trois
principaux axes :
· La conservation du patrimoine audiovisuel
national
Assurer la collecte des programmes audiovisuels
Préserver, sauvegarder et restaurer les fonds
Offrir des services documentaires renouvelés et
efficaces
Renforcer l'accessibilité aux images et aux sons dans
l'environnement Internet.
· L'exploitation et la mise à
disposition de ce patrimoine
Développer l'exploitation commerciale des fonds,
Valoriser les archives à des fins scientifiques,
éducatives et culturelles.
· L'accompagnement des évolutions du
secteur audiovisuel à travers ses activités de recherche, de
production et de formation
Renforcer la convergence des activités de recherche et
expérimentation vers la mission patrimoniale,
Accroître le caractère innovant de la production
de création et de recherche,
Orienter la formation professionnelle vers les technologies
numériques. : Depuis 1992, l'INA se voit confier en plus de cette
mission originelle celle du dépôt légal de la
radiotélévision française. Ainsi donc, l'Inathèque
de France collecte, au titre du dépôt légal, l'ensemble des
archives des programmes français de radio et de télévision
postérieures à 1995 à des fins de recherche. Le
dépôt légal vient tout simplement en rajouter d'une
certaine manière à la fonction patrimoniale de l'INA. En
clair, avec plus de 2 millions d'heures de radio et de
télévision, près de 3 millions de documents
répartis sur près de 110 kilomètres de rayonnages, l'INA
représente une source exceptionnelle d'archives où tous les
programmes de télévision et de radio sont présents. Deux
types de gestions se complémentent à l'INA : la gestion au titre
de l'archivage professionnelle (par les chaînes publiques de radio et de
télévision), puis la gestion au titre du dépôt
légal (étendue à l'ensemble des chaînes hertzienne,
du câble et du satellite). L'INA procède chaque année
à la collecte d'environ 220 000 heures d'archives dont plus des ¾
au titre du dépôt légal. Dans le cadre de l'automatisation
de la chaîne de production, il a mis en place une politique de captation
numérique des images et des sons.
Tableau 2 : Fonds d'archivage professionnel et
dépôt légal en 2003
Indicateurs stratégiques
|
Archivage professionnel
|
Archivage Dépôt légal
|
Heures de TV
|
535 000
|
430 000
|
Heures de Radio
|
575 000
|
500 000
|
Total
|
1 100 000
|
930 000
|
Source : INA
2-La Direction des archives de l'INA
Située à Bry-sur-Marne en région Est
parisienne, la Direction des archives de l'INA est l'axe majeur de
démonstration de la mission patrimoniale de l'Institut national de
l'audiovisuel. Sa démarche donne à l'INA toute sa raison
d'être. Structurée en six délégations
régionales chargées de la collecte, la préservation, la
mise en valeur et la communication des programmes d'archives, la Direction des
archives possède également trois théques nationales
(vidéothèque, phonothèque, photothèque). Elle
gère en outre le centre des Essarts dans les Yvelines (banlieue
parisienne) qui, lui, concentre l'essentiel des matériels radio et
télévision issus des antennes nationales et s'occupe de la
préparation et du transfert des films pour la sauvegarde. Au sein de la
même Direction, on retrouve un service technique chargé du
stockage, de la numérisation et de la mise en ligne des documents. Un
service du développement éducatif et culturel trouve
également sa place dans l'organigramme de cette direction. Ce service
met en oeuvre la politique de valorisation des archives à des fins
culturelles et éducatives. La direction des ressources humaines et de la
formation joue pour sa part une partition de choix dans cet environnement
général.
Implantée dans cet environnement, la Direction des
archives, à travers ses différents secteurs d'activités
peut alors se fixer comme objectifs: -la sauvegarde et la numérisation
des fonds afin de garantir leur pérennité et d'accroître
l'accessibilité aux contenus -l'amélioration de la maîtrise
des fonds grâce à un programme d'inventaires documentaires et
physiques, et la mise en oeuvre de procédures de
contrôle de la qualité des données qui
référencent les documents et les matériels d'archives.
Dans cette analyse, nous nous intéresserons plus loin au Service du
développement éducatif et culturel (SDEC)
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