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Approche pour une valorisation culturelle du patrimoine audiovisuel au Bénin: les archives audiovisuelles des chaà®nes nationales publiques

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par Godefroy Macaire CHABI
Université Senghor d'Alexandrie en Egypte - DEA 2005
  

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Problématique

Depuis 1953, le Bénin alors qu'il était Dahomey, donc sous l'emprise coloniale faisait sa première expérience en matière de radio. Les premiers sons arrivent à cette date grâce à la mise en place d'une chaîne de radio reliée à la métropole. De cette période à ce jour, il y a eu une certaine évolution non seulement dans le domaine de la radio mais aussi dans celui de la télévision, puisque vers la fin des années 70, une première chaîne de télévision a vu le jour, celle qui va être la télévision nationale du Bénin et s'ajouter à la Radio nationale. L'existence de ces médias publics permet déjà d'avoir aussi bien du son que de l'image jusqu'à l'apparition vers la fin des années 90 des médias libres qui renforcent l'environnement audiovisuel. Mais aujourd'hui avec un sérieux recul rien ou pas grand'chose ne donne l'espoir ou la garantie de l'existence de tous les documents témoins de l'histoire politique, sociale, culturelle, économique puis de celle de la radio et de la télévision au Bénin. Les archives des premières années d'indépendance n'existent pratiquement plus sur support magnétique dans les médias publics. Les sons et images de la toute récente conférence nationale des forces vives de la Nation de Février 1990 s'effritent et menacent de disparaître. Beaucoup de documents retraçant des événements nationaux à caractère culturel, politique, économique sont sortis de la mémoire des médias, puisqu'ils se sont raréfiés sous l'effet de plusieurs facteurs. Dans les nouveaux médias libres qui ont vu le jour juste après le processus de démonopolisation de l'espace audiovisuel, la tendance est demeurée la même à des nuances près.

Bref, au Bénin, la question de l'archivage des oeuvres de l'audiovisuel n'est pas une préoccupation nationale et ne fait pas l'objet d'une politique. La culture de l'archivage même reste à construire. Seules de timides initiatives sectorielles s'observent et se mesurent à l'aune des vidéothèques, bandothèques, discothèques au sein des différentes chaînes de radio et de télévision. Or l'article 14 de la Charte culturelle de la République du Bénin du 25 février 1991 dispose « l'Etat béninois s'engage à protéger la totalité de la production nationale scripto-audio-visuelle. Il en assure l'acquisition, la conservation et la circulation par tous les moyens. »

Les archives nationales du Bénin qui sont l'organe officiel d'archivage des archives aussi bien écrites qu'audiovisuelles du pays restent amorphes dans leurs démarches. L'archivage audiovisuel à ce niveau reste quasiment nul. Quelque 150 bandes magnétiques de la période révolutionnaire sont seulement

conservées par cette structure. Une malformation lorsque l'on sait que l'article 16 de la charte culturelle ci-dessus citée stipule « l'Etat béninois s'engage à faciliter au Centre des Archives nationales, par toutes les dispositions légales, l'accomplissement de sa mission, notamment la création de dépôt d'archives dans toutes les administrations et la collecte des archives publiques et privées et des organes de presse ».

Si il y a ce constat évident, cela est dû à l'inexistence d'une politique clairement définie autour de l'archivage audiovisuel. Les discours officiels farcis de proclamations de foi tranchent nettement avec la réalité. Or les défis de la société de l'information en relation avec les impératifs culturels n'autorisent guère l'indolence et l'indifférence affichée au Bénin vis-à-vis des archives. L'indifférence est d'autant plus grande qu'hormis le Conseil International des Archives (CIA) auquel il appartient, le Bénin n'est affiliée à aucune autre structure ou Fédération internationale d'archives audiovisuelles et sonores bien que cela ne suppose dans bien des cas aucune contrainte financière insurmontable. Or, l'adhésion aux Associations ou Fédération Internationales d'archives audiovisuelles et sonores5 donne l'occasion d'un renouvellement des connaissances et d'actualisation des perceptions des Etats et structures affiliés sur les méthodes nouvelles de conservation et de sauvegarde.

La Radiodiffusion et la Télévision nationales publiques du Bénin sont les seuls à posséder le stock le plus ancien de document audiovisuel. Ces documents sont uniques et fragiles.

La mémoire nationale ne se construira pas tant que ces archives poursuivront leur itinéraire dans l'abîme irréversible, et que le tout dernier document enregistré n'a de durée de vie que le temps de sa diffusion. Il faut non seulement sauvegarder ce qui se meurt, mais il devient aussi important de conserver et de préserver ce qui est nouveau afin qu'il ne subisse pas le sort de l'effritement. Les perspectives sont souriantes dans un contexte mondial caractérisé par des choix technologiques les uns aussi pertinents que les autres, les uns aussi financièrement abordables que les autres.

Nombreux sont les défis qui se rattachent à ce jour aux archives audiovisuelles. Aux impératifs économiques se joignent les nécessités de productions dans les médias. Mais il y a aussi la densité culturelle des documents d'archives audiovisuelles. Le programme de leur gestion doit prendre en compte un chapitre de mise en valeur, d'accès au public voire de communication. Cela paraît relever davantage d'un impératif que d'un simple choix. Or au Bénin, étant donné que l'archivage audiovisuel a toujours été

5 Il s'agit principalement de la FIAT, la Fédération Internationale des Archives de télévision, la FIAF, la Fédération Internationale des Archives de Film, l'IASA, l'Association Internationale des Archives Audiovisuelles et Sonores, l'AMIA, l'Association des archivistes des images en mouvement. Toutes ces fédérations et associations jouent un rôle important d'information voire de formation sur les enjeux actuels des archives et réunissent les organismes et professionnels du monde

une préoccupation marginale, rien n'est entrepris dans le cadre de la valorisation culturelle des archives. Les lieux de culture ne profitent pas encore des vertus culturelles des archives audiovisuelles. Or les archives sont destinées à l'information et à la formation du public et doivent, par conséquent, être communiquées. De ce point de vue il y a, au regard du constat, beaucoup d'efforts à consentir pour la promotion culturelle des archives. Et cela passe par des approches intégrées.

Pourquoi est-il si nécessaire voire indispensable de valoriser culturellement les archives de radio et de télévision au Bénin ? Par quoi passe une politique de promotion culturelle de ces archives ? Quels sont les différents éléments qui interviennent dans un tel mouvement ? Comment peut on profiter de la révolution technologique en cours dans le monde, en clair, la numérisation dans cette dynamique de valorisation culturelle des archives de radio et de télévision ? Quelles peuvent être les solutions pertinentes qui permettront de replacer les archives au coeur de la réflexion générale sur le patrimoine ? De quelle façon, nécessités de valorisation culturelle et impératifs de développement se réconcilient-ils ? Autant de questions qui serviront de toile de fond à cette étude en deux parties et auxquelles nous répondront à travers plusieurs points dans ce développement.

Dans une première partie, nous ferons un état des lieux de la situation des archives audiovisuelles au Bénin à travers l'ensemble des structures qui les détiennent notamment les chaînes nationales publiques de radio et de télévision. Une analyse de leur état de conservation et de valorisation culturelle sera menée et permettra d'appréhender les défis à relever.

Dans une seconde et dernière partie, nous émettrons des propositions claires susceptibles de contribuer à inverser la tendance au regard de notre expérience acquise en stage professionnel à l'INA. Nous y développerons notre projet de création au Bénin d'un Centre Culturel des Archives Audiovisuelles.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci