2. Facteurs de la dégradation des routes de
desserte agricole dans la Chefferie des Bafuliiru
Dans cette partie de notre réflexion, nous analysons
les facteurs explicatifs de délabrement des routes dans la Chefferie des
Bafuliiru. L'absence des cantonniers, l'insécurité, le confit de
pouvoir, l'incompétence et le manque de volonté des
autorités locales sont les facteurs explicatifs qui ont
été retenus dans ce travail.
2.1. Absence des cantonniers
Dans la Chefferie des Bafuliiru, les routes de desserte
agricole ne sont pas régulièrement entretenues étant
donné que les cantonniers qui devaient faire ce travail d'une
manière permanente par le remblayage des nids de poules et la
canalisation des eaux de ruissellement pour prévenir les érosions
n'existent pas.
Au tableau 1, il a été démontré
clairement que seuls les axes Kawizi-Muhungu, Bwegera-Lemera, Kidote-Mulenge,
Katobo-Runingu, Runingu-Marungu, Sange-Rukobero, Sange-Kahungwe et Sange-Kigoma
sont périodiquement entretenues soit par la population locale, soit par
les comités locaux d'entretien.
Selon Monsieur Mahire Medekero,8 responsable des
jeunes volontaires de la localité de Bulindwe, les jeunes volontaires se
sont mobilisés pour boucher certains trous à leur frais afin de
permettre le passage des véhicules. La population de ces
localités continue d'appeler les autorités territoriales à
réhabiliter cette route de desserte agricole d'une importance capitale
qui relie Katobo à Runingu, en passant par plusieurs localités et
qui permet le désenclavement de ces villages des hauts et moyens
plateaux d'Uvira.
2.2. Insécurité
La collectivité Chefferie des Bafuliiru comme toutes
autres entités du Territoire d'Uvira, souffre de la recrudescence de
l'insécurité. Des cas des vols, viols, dépouillement des
passagers dans certains axes routiers, braquages, cambriolages,
enlèvements et tueries sont perpétrées dans cette
région par des hommes armés. Dans cette collectivité, les
combats entre les groupes armés locaux (Maï-Maï, FDLR, FNL) et
les FARDC sont réguliers.
Les affrontements entre les miliciens Maï-Maï, FDLR,
FNL, les forces étrangères,... qui se pourchassent dans les
collines de Lemera depuis le début de la guerre de l'Alliance des Forces
Démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) en 1996,
REVUE DE L'IRSA NUMERO 25, JUIN 2019 177
continuent de provoquer les déplacements des paysans.
Les localités de Mulenge, Rushama, Kibungu, Kidote, Mushegereza, Katala,
Butole, Narunanga, Bushuju, Mahungubwe, Kibungu, Nyawera, Rubanga, Langala,
Kahange, Bulaga, Kibunga, Nyamutiri, Bubamba, Kahanda, Kigoma, Lungutu,
Rukobera, Kahungwe, Mubere, Rugeje, Kibenga se sont vus vider d'une grande
partie de ses habitants, voire de tous ses habitants àKigenge, Rudaga et
Kasima selon les informations qui nous ont été livrées par
Monsieur ButiyeRukika Ephrem.9
Cette situation est l'une des causes de la dégradation
des routes, étant donné qu'il est difficile d'assurer leur
entretien dans les villages vidés de leurs habitants. Même
là où il serait possible de le faire, les enlèvements, les
kidnappings, les tueries perpétrées par les forces
négatives sèment la terreur chez les cantonniers, les
comités locaux d'entretien routier, les bienfaiteurs et les agents des
services techniques de l'Etat.
|