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Microfinance et entrepreneuriat persistant a Lubumbashi


par Douglas MUTOMBO KABULO
Université de Lubumbashi - Licence en Économie, Gestion Financière 2023
  

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2.6. Microcrédit comme outil au service de l'entrepreneuriat

La raison d'être des IMF est de contribuer à l'amélioration du bien-être des ménages pauvres à travers un meilleur accès au capital. Dans la catégorie des ménages pauvres, deux sous- catégories sont identifiables : les ménages modérément pauvres et ceux qui se trouvent dans une pauvreté extrême. Cependant, la littérature présente un non-consensus entre les auteurs à propos de la cible principale des IMF. Au-delà de savoir si les IMF touchent effectivement les pauvres, l'interrogation porte également sur le « type » des pauvres à qui les services de microcrédit s'adressent. À ce sujet, trois courants de pensée peuvent être dégagés.

2.6.1.1. Microcrédit vue comme un outil inadapté aux plus pauvres - l'approche institutionnaliste (ou minimaliste)

Soutenue par les organismes internationaux tels que la Banque mondiale et les Nations unies. Ses protagonistes considèrent que l'unique manière d'atteindre la grande majorité des pauvres sans accès aux services financiers est d'augmenter le mouvement de la microfinance à travers son intégration dans le système financier formel. Ils arguent que le microcrédit est avant tout un crédit et en tant que tel, il doit être remboursé. En cas d'incapacité pour le bénéficiaire de le rembourser, le crédit devient un poids et peut avoir des effets pervers sur son budget. À ce titre, il ne peut donc pas être orienté vers une population très pauvre puisque celle-ci serait incapable de rembourser le principal et les intérêts y attacher. De ce fait, le cas des plus pauvres ne doit pas relever du secteur financier, mais plutôt de l'action des politiques publiques.

La demande des plus pauvres pour les services financiers est par ailleurs loin d'être importante. L'une des raisons tiendrait à leur auto-exclusion. Plusieurs bénéficiaires potentiels choisissent de s'exclure du marché, estimant qu'un crédit contribuerait plutôt à accroitre leur vulnérabilité. En outre, il est très souvent donné à entendre que prêter aux pauvres coûte cher. Les prêts de très faibles montants impliquent des coûts de transaction élevés en termes d'analyse, de suivi et d'administration. Si les IMF entreprenaient de reporter ces coûts dans le prix de leurs services, les plus pauvres ne pourraient pas en payer le prix. L'approche « institutionnaliste » souligne par ailleurs la limite des bailleurs de fonds en tant que

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pourvoyeurs de subsides. Elle craint la versatilité de ces bailleurs de fonds, car une IMF qui veut s'inscrire dans la durée, en demeurant structurellement dépendante des subventions, risque de ne pas connaitre un lendemain meilleur. Cette approche milite en faveur de la performance financière des IMF, qui doit être privilégiée par rapport à l'impact sur les clients (ENGOZOGO, 2011). Cette approche a enregistré un certain nombre de critiques. Elle a pour clientèle de prédilection les micro- entrepreneurs ayant des activités à haut rendement. Elle inscrit ainsi la microfinance dans une logique de marché, logique qui implique des taux d'intérêt assez élevés auxquels peuvent difficilement faire face certains ménages pauvres.

2.6.1.2. Microcrédit, un outil à la fois destiné aux pauvres et aux plus pauvres - l'approche welfariste (ou maximaliste)

Les welfaristes ont un point de vue en complète opposition avec le premier courant. Ils se basent sur la théorie de la responsabilité sociale vis-à-vis de la clientèle afin de répondre à ses attentes (ENGOZOGO, 2011; NZONGANG et al., 2012). Pour les welfaristes, au lieu de rechercher à atteindre un équilibre économique en excluant une partie de la population jugée non solvable, les IMF gagneraient à s'allier à des programmes de protection sociale et à s'appuyer davantage sur les bailleurs de fonds pour accroitre leur activité et être pérennes.

L'approche « welfariste » est donc basée sur une logique de don, ce qui exclut pour les IMF la recherche d'une autonomie financière. En revanche, la performance financière est perçue ici comme un frein à l'innovation et à la réduction de la pauvreté. Celle-ci n'est de toute façon pas nécessaire puisque les investisseurs sociaux qui financent les IMF ne sont pas mus par la recherche personnelle du profit financier, mais par la volonté d'oeuvrer pour le bien être public. Dès lors, la recherche de nouvelles sources de financement ne s'imposerait pas, car les investisseurs des IMF seraient avant tout motivés par une forme d'altruisme qui garantirait leur engagement à long terme dans le financement de ces institutions. Au contraire, la commercialisation de la microfinance découlant de la pression de nouveaux investisseurs induirait des effets pervers tels qu'une marginalisation des plus pauvres au profit des clients représentant un risque de non-paiement moindre.

Cependant, s'il est vrai que la recherche d'une bonne performance financière peut contribuer à une dérive de la cible principale, il n'en demeure pas moins vrai que les bailleurs de fonds peuvent arrêter de financer les IMF, leur privant ainsi de leur source de financement principal. L'approche welfariste a fait également l'objet de nombreuses critiques en raison de sa subjectivité, de son coût et des difficultés qu'elle entraîne (DE BRIEY, 2005). Ce faisant, le débat se situe non pas sur le choix entre ces deux courants, mais plutôt sur les priorités à accorder lorsque les compromis s'avèrent nécessaires. C'est ainsi qu'entre ces deux écoles, émerge un troisième courant. Celui-ci plaide en faveur d'une complémentarité entre ces deux approches.

1.5.7. Le micro crédit en ROC

Un vaste projet est actuellement en phase de mise en place, incluant un large volet micro crédit et aide la création d'emploi, un volet de scolarisation des enfants ainsi qu'un volet de formation informatique. Sans être considérée comme une panacée, la micro finance se présente, aujourd'hui, comme une alternative sérieuse aux diverses politiques de développement expérimentées jusqu'ici. L'objectif général de ce travail est de faire un état de lieu de la situation

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micro finance en RDC en appuyant l'analyse avec une étude de cas portant sur les producteurs des légumes du site maraîcher de N'djili/ CECOMAF à Kinshasa. Il y a lieu de signaler de prime abord que l'un des problèmes qui inhibent le développement du secteur micro financier en RD Congo, est le manque des statistiques fiables (offres, besoins, ...), rendant ainsi difficile les recherches dans ce domaine. Cependant, avec la croissance démographique que connaissent le pays, et les proportions de plus en plus importantes des personnes vivant dans une pauvreté absolue, l'augmentation de la demande en micro finance est évidente.

L'étude de cas menée sur les maraîchers de N'djili/CECOMAF à Kinshasa révèle en effet que, malgré la petitesse des crédits octroyés (en moyenne 100$ USD), 53% des maraîchers enquêtés déclarent ne pas toujours respecter l'échéance de remboursement. En ce qui concerne l'appréciation des bénéficiaires, il ressort globalement une opinion négative, en effet, 87% d'entre eux ne sont pas satisfaits de la manière dont le système de micro finance a fonctionné jusqu'ici sur leur site maraîcher. Les deux raisons les plus évoquées pour justifier leur position sont la petitesse du montant octroyé et l'échéance de remboursement qui est jugée trop courte. Malgré ses difficultés actuelles, la micro finance a un rôle important à jouer dans la lutte contre la pauvreté en RDC. Le pays dispose beaucoup d'atouts (la dynamique locale, la forte demande, ...) comme les a montré l'analyse du secteur de la micro finance en RDC.

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