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Paix et developpement dans le territoire de kalehe au sud-kivu : identification des acteurs, atouts et enjeux


par Norbert MUCHIGA ZIHINDULA
Université de Kinshasa - Diplome d'Etudes Supérieures en Sciences Politiques et Administratives 2020
  

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IV. HYPOTHESES

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- Pour instaurer la paix et envisager le développement dans le territoire de Kalehe, il faut des réformes de gouvernance locale et la réconciliation communautaire ; il faut mettre en valeur les richesses dont dispose le territoire de Kalehe au profit de la population locale. Nous pensons aux ressources naturelles, au poids démographique, à l'intelligence locale, etc.

- Les réformes de gouvernance locale (politique, économique, sociale, judiciaire et sécuritaire,) et la réconciliation communautaire seraient des stratégies appropriées pour ramener la paix et le développement durables dans le territoire de Kalehe grâce à une approche participative de divers acteurs.

- Pour ce faire, plusieurs atouts que dispose le territoire de Kalehe peuvent être mis à contribution. Nous pensons aux ressources naturelles, au poids démographique. Les types d'acteurs appelés à l'idéal de paix et du développement seraient aussi l'oeuvre de la population du Territoire de Kalehe (les différentes communautés ethniques : autochtones et immigrées.), les groupes armés, l'armée et la Police Nationale Congolaise, les notables, la société civile et les autorités politico-administratives.

V. METHODOLOGIE 1. Méthode dialectique

Pour démontrer, vérifier et expliquer les hypothèses émises dès le départ et atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés, nous avons fait recours la méthode dialectique.

La méthode dialectique, oeuvre de Karl Max et F. Engel, appartient au courant du matérialisme historique et prend très souvent à contre-pied les autres méthodes15. Cette méthode est associée à la logique de la totalité en niant l'isolement entre les ensembles et leurs parties tout en soulignant que la réalité sociale est faite de l'ensemble de contradictions entre les différents éléments16. «

15MARX, K., cité par BONGELI YEIKELO, Y., Méthodes des sciences sociales et juridiques, Cours G1 Droit, 2001 - 2002, p. 21.

16LAPASSADE, G., Groupes, organisations et institutions, Gautier Villars, Paris, 1970, p. 5.

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Elle considère que les faits sociaux et humains traversent une évolution dans le sens du changement social qui conduit au progrès. Ce qui sous-entend le fait que toute réalité sociale est traversée par des éléments contraires qui exigent leur dépassement. Cela permet de découvrir le lien d'origine et de développement des leurs contradictions ainsi que la manière dont les groupes ou les individus tentent de les surmonter »17.

Cette méthode tourne autour de quatre lois principales que l'on appelle habituellement postulats. Il s'agit de : la loi de la connexion universelle, la loi de la contradiction, la loi du changement dialectique et la loi du changement quantitatif en qualitatif ou la loi du progrès18. Dans cette logique, elle recommande une façon visant à recueillir les données et les situer dans l'ensemble tout en mettant l'accent sur les conflits, mieux les contradictions. Cet accent mis sur les conflits, sur les contradictions, permet de s'approcher de la réalité et de mieux la comprendre19.

La première loi de la dialectique, c'est celle de l'action réciproque20 que d'autres auteurs nomment la loi de la connexion universelle. Par action réciproque, on entend le fait que l'existence d'un élément est conçue comme le résultat de l'enchainement de plusieurs processus. Donc la compréhension d'un fait social exige de le situer dans son ensemble. Puisque les phénomènes sociaux sont interconnectés les uns aux autres ; ils ne peuvent être isolés, ils doivent être placés dans un tout, dans l'ensemble que constitue la société21. C'est le principe de la totalité.

Dans cet ordre d'idées, l'appréhension du sous-développement de la province du Sud-Kivu, en général, et du territoire de Kalehe mérite d'inclure le processus du développement de cette contrée dans un tout qu'on peut considérer à la fois comme la RDC et la partie orientale de la RDC. Les contextes politique, économique, social, géographique et démographique du pays influent sur l'émergence des facteurs principaux qui freinent le développement de ce territoire.

17MULUMA MUNANGA, A., Le guide de la recherche scientifique, théories et pratiques, SOGEDES, Kinshasa, 2017, p. 105.

18TSHISHIMBI KATUMUMONYI, Le paradigme dialectique dans la méthodologie de recherche en sciences sociales, l'Avenir africain, Kinshasa, 2016, p. 116 -135.

19MUKE ZIHISIRE, M., La recherche en sciences sociales et humaine, Guide pratique, méthodologie et cas concrets, L'Harmattan, Paris, 2011, p 71.

20TSHISHIMBI KATUMUMONYI, Op.cit., p. 121.

21MULUMA MUNANGA, Op.cit., p. 106.

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C'est dire autrement que ces contextes agissent directement ou indirectement sur la naissance des conflits et l'insécurité qui en découle.

A ce sujet, il faut voir que les richesses du sol et du sous-sol, la constitution de la population, les activités économiques ainsi que le mode de gestion du territoire de Kalehe sont en grande partie à la base des conflits et l'insécurité qui pèsent sur le processus de développement de celui-ci. A titre illustratif, nous pouvons signaler que ce sont les rivalités entre différents groupes qui composent la population de Kalehe qui ont donné lieu à la naissance du Mouvement Katuku dans ce coin.

La loi de la contradiction est la deuxième de la dialectique. « ... Dès que nous considérons les choses dans leur mouvement, dans leur changement, leur vie ou leur action réciproque l'une sur l'autre, là, nous tombons immédiatement dans la contradiction »22. Celle-ci suppose que chaque chose a son contraire car toute chose se transforme continuellement en son contraire dans l'une ou dans l'autre ...23. Cette loi nous permet de comprendre que les contradictions qui opposent les ethnies, notamment Banyarwanda et autochtones sont des facteurs importants qui déterminent la lente croissance et le sous-développement de la province du Sud-Kivu, en général, et le territoire de Kalehe, en particulier.

L'autre contradiction qu'il faut relever est que le sol et le sous-sol de la partie orientale du pays en général et ceux du territoire de Kalehe disposent de beaucoup de richesses alors que sa population demeure pauvre jusqu'à ce jour. Cette contradiction a hanté les esprits à telle enseigne que nombre de penseurs ont fini par chercher des explications de ce contraste jusqu'à initier aussi pas mal de projets de développement qui se sont presque tous soldés par un échec cuisant.

La troisième loi est celle du changement. Cette loi commence par constater qu'il n'y a rien de définitif, d'absolu ou de sacré ; elle montre la caducité de toute chose et en toute chose et rien n'existe pour elle que le processus ininterrompu du devenir et du transitoire24. Raison pour laquelle on affirme que « tout passe, que rien ne demeure »25. Cela signifie que rien ne demeure là où il

22ENGEL, F., Anti-Dühring, 3ème édition du progrès, Paris, 1956, p. 175.

23TSHISHIMBI KATUMUMONYI, Op.cit., 127.

24ENGEL, F., Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classic allemande, Ed. Sociales, Paris, 1996, pp. 7-8. 25KARL MAX, Contribution à la critique de l'économie politique, Ed. OEuvre, Paris, 1859, p. 24.

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est, rien ne demeure ce qu'il est, puisque qui dit dialectique entend mouvement ou changement''26. Partant de cette évidence, comprenons que le territoire de Kalehe n'a pas toujours existé sous ce statut actuel. C'est à la suite de différents découpages territoriaux et nombre de réformes administratives opérés sur l'ancienne province du Kivu que cet espace acquit le statut de territoire, une entité déconcentrée de l'Etat congolais.

La dernière loi est celle de la transformation de la quantité en qualité. Cette loi met en vedette le principe du changement par bonds successifs qui finissent par produire un changement qualitatif27. Grace à elle, nous sommes parvenus à nous rendre compte que ce sont les différentes petites réformes initiées pour pallier aux difficultés liées à la gestion du pays qui ont conduit à l'institution de Kalehe comme entité territoriale déconcentrée.

2. Techniques

La première technique à laquelle nous avons recouru pour collecter les données de notre travail est celle documentaire. Cette technique nous a permis de compulser certains documents ayant trait aux conflits, à la paix et au développement en RDC ainsi que sous d'autres cieux. Grace à elle, nous avons été incités à la lecture des documents officiels tel que la constitution de la République, certains arrêtés ministériels et textes légaux, notamment les accords de paix, les ouvrages, les articles, les travaux scientifiques et autres document, ayant trait à notre thème d'étude et de façon générale.

Par rapport à la technique d'observation ordinaire, il est important de noter de prime abord qu'il est intéressant de nous poser les questions ci-après : avons-nous observé quoi et/ou qui ? Où ? Quand ? Et comment ? Nous avons directement observé le déroulement des incursions rebelles, parfois appuyées par les pays voisins de la RDC, à l'Est du pays. Toute chose restant égale par ailleurs, ceci nous a permis d'avoir une vision globale sur la question de l'insécurité à l'Est du pays.

26TSHISHIMBI KATUMUMONYI, Op.cit., p. 116. 27TSHISHIMBI KATUMUMONYI, Op.cit., p. 140.

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Par cette technique, nous avons eu l'occasion d'observer comment la guerre est utilisée comme canal par lequel les multinationales et bien d'autres acteurs passent pour piller les ressources naturelles du pays.

Quant à la question de savoir le moment où notre observation se faisait, trois moments étaient bien indiqués : matin, jour et soir. Le matin : nous regardons la manière dont les populations, y compris les autorités civiles et militaires, de différentes localités du territoire vont dans leurs activités quotidiennes. Le jour nous assistons aux activités d'extraction et transport de ressources naturelles vers les frontières qui séparent la RDC du Rwanda. Le soir, nous rencontrons les familles ou les personnes qui sont ou ont risqué d'être victimes des exactions des entreprises de violences.

Par la technique d'entretien, nous sommes entrés en contact avec les acteurs et les professionnels de service de sécurité ainsi que des autorités administratives du territoire pour nous imprégner de leur façon de percevoir les événements. Nous nous sommes entretenus aussi avec les victimes des affres d'incursions et activités militaires auprès de qui nous avons récolté les différents points de vue. L'interview portait sur les causes de l'insécurité, des conflits ainsi que sur les différents processus de pacification de l'Est du pays, en général, et du territoire de Kalehe, en particulier. Bref : cette technique nous a facilité de recueillir des informations pertinentes sur les raisons d'être de l'insécurité et ses impacts sur le processus de pacification et de développement durables.

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