Paix et developpement dans le territoire de kalehe au sud-kivu : identification des acteurs, atouts et enjeuxpar Norbert MUCHIGA ZIHINDULA Université de Kinshasa - Diplome d'Etudes Supérieures en Sciences Politiques et Administratives 2020 |
Année académique 2020- 2022 UNIVERSITE DE KINSHASA FACULTE DES SCIENCES SOCIALES, DEPARTEMENT DES SCIENCES POLITIQUES ET ADMINISTRATIVES PAIX ET DEVELOPPEMENT DANS LE TERRITOIRE DE KALEHE AU SUD-KIVU Identification des Acteurs, Atouts et Enjeux Par Norbert MUCHIGA ZIHINDULA Licencié en Sciences Politiques et Administratives Mémoire présenté et défendu en vue de l'obtention du Diplôme d'Etudes Supérieures en Sciences Politiques et Administratives Promoteur : Jean-Gérard BAENDE EKUNGOLA Professeur Ordinaire Co-promoteurs : - Bienvenu MUCHUKIWA NGUSU Professeur - Patience KAMANDA LONDO Professeur i EPIGRAPHE « La paix a un prix à payer. Elle coûte cher. Il faut absolument la préserver par tous les voies et moyens... ». DAG HAMMARSKJÖLD ii IN MEMORIAM Nos parents MUCHIGA Alexandre et M'CHIRABUKO ZANABE Francisca ; Nos frères et soeurs MUCHIGA BUHORHO Stéphanie, MUCHIGA BONABIRHU, MUCHIGA Martin, Françoise CHIBALONZA et SIKUZANI Jacqueline d'heureuses mémoires. Si bien que les blessures de vos différents et mystérieux départs soient encore fraiches et douloureuses, nous tachons du jour au lendemain de faire preuve du courage que vous nous avez transmis ; ce courage qui ne fléchit pas devant la peur, mais qui la combat pour la vaincre. Auprès du Père où vous êtes, intercédez pour nous. Norbert MUCHIGA ZIHINDULA Norbert MUCHIGA ZIHINDULA iii DEDICACE A notre frère aîné, le Sénateur Professeur Modeste BAHATI LUKWEBO qui s'était montré très généreux à notre endroit en nous offrant, non seulement les moyens matériels nécessaires mais aussi l'appui moral à notre démarche scientifique. A la digne mère de nos enfants, Madame Célestine Faïda MFUNE pour son inlassable sollicitude pendant la période difficile de quête des données sur le terrain ; A nos enfants, dont MUCHIGA AMANI Muyu (et sa descendance : Alvy, Ruthiana, Grady, Esther), MUCHIGA BAHATI Mamie (et sa descendance Kelaya Mbwakiem, Marco, Blessing, Winnie), MUCHIGA AKILIMALI Prince (et sa descendance : Daniel, Destinée, Délive et ZIHINDULA Norbert), MUCHIGA Francine (et sa descendance Erick BARAKA), MUCHIGA Rodrigue (et sa descendance Faïda), MUCHIGA FEZA Rachel (et sa descendance Ashuza), MUCHIGA CHINAMULA Rufin (et sa descendance Maël et MUKENGWA Milan), MUCHIGA BITAKUYA Moïse, MUCHIGA ZIHINDULA Raoul, MUCHIGA Raïssa et MUCHIGA KIPONDA Roddy pour le témoignage de leur vive affection ; A nos frères et soeurs ainsi que leur nombreuse progéniture pour leurs encouragements multiformes, entre autres : MUCHIGA BUHORHO Stéphanie (et sa descendance : MUTULA Hortense, Mwinja, Francine, Eugène, Guylaine, MUCHIGA BONABIRHU (et sa descendance NKINZO Papy, Dada, Junior, Gloire), MUCHIGA À NAMAZUBA (et sa descendance Lydia, Christian, Dany, Joël et Josué), MUCHIGA Martin (et sa descendance Aimée, Tandrice, Obed, Benjamin, Grady, Mickelange, Namazuba), MUCHIGA NAMINANI (et sa descendance Fallone, Agnès, Solange et Norbert), MASIRIKA Mulumeoderhwa et sa descendance (Alexandre, Enoch, Euphrasie et Françoise), Françoise CHIBALONZA (et sa descendance Alain, Vikson, Bijoux, Bénie) et SIKUZANI Jacqueline (et sa descendance Serge, Gisèle, Charline, Tony, Alain, Fiston, Bijoux, Blaise, Sylvie, Carine), ... iv REMERCIEMENTS Le présent travail marque le mi-parcours de nos études au sein de la Faculté de Sciences Sociales, Administratives et Politiques de l'Université de Kinshasa. Plusieurs personnes, d'une manière ou d'une autre, de près ou de loin, ont concouru à notre formation intellectuelle ainsi qu'à la réalisation du présent travail par leur appui qui varie du tout au tout. Il s'agit notamment d'un appui spirituel qui n'a pas faibli à travers leurs prières, d'un réarmement moral ou encore d'une participation matérielle qui méritent d'être cités, accompagnés de nos chaleureux remerciements. Bannissant l'esprit d'ingratitude notoire, nous tenons, de prime abord, à remercier l'Eternel Dieu, Créateur du ciel et de la terre, pour le souffle de vie, sans lequel la réalisation de cet ouvrage ne parviendrait pas à son comble. Nous pensons ici plus particulièrement aux autorités académiques et scientifiques ainsi qu'au corps professoral de l'Université de Kinshasa avec une note particulière soulignant l'apport très apprécié de la Faculté de Sciences Sociales, Administratives et Politiques, pour la formation de qualité que nous avons reçue tout au long de notre parcourt. Nous remercions, d'une manière exceptionnelle, le professeur Jean-Gérard BAENDE EKUNGOLA qui a généreusement accepté la direction de ce mémoire, nous introduisant ainsi dans la cour de grands par le truchement d'une rédaction de qualité qui mérite nos applaudissements à bien d'égards. Nous pensons également aux distingués professeurs Bienvenu MUCHUKIWA NGUSU et Patience KAMANDA LONDA, Codirecteurs de ce travail, pour leur suivi très éclairé et leurs précieux conseils de connaisseurs avertis en Sciences Politiques et Administratives mais aussi et surtout pour nous avoir amené à rendre ce travail plus attrayant au double plan de la forme et du fond. Nous serions incomplet dans notre longue citation si nous terminions celle-ci sans devoir présenter nos vifs et sincères remerciements à Sa Majesté notre Grand Mwami Shosho Kamirogosa III Ntale Franck ainsi qu'à toute la lignée royale de la Chefferie de BUHAVU dont nous faisons partie intégrante. A tous les ressortissants du territoire de Kalehe qui résident à l'intérieur comme à v l'extérieur du pays nous disons également grand merci pour leur apport très apprécié à l'accomplissement de ce travail. Nous tournons, enfin, notre regard en direction de nos camarades de la Faculté des Sciences Politiques et Administratives, plus précisément LUABEYA MBALA, DIENDA MAKENGO Jean-Marc, le CP Emmanuel NIMI NGOMA, le professeur MAKESE qui ont été beaucoup dans notre formation académique et pratique en nous intégrant dans les différents groupes de travail avec générosité et un esprit d'équipe digne de notre Université, je dis également grand merci. Aux uns et aux autres, recevez l'expression sincère de toute notre gratitude. Norbert MUCHIGA ZIHINDULA vi PRINCIPAUX SIGLES ET ACRONYMES - ADF-MTM : Allied Democratic Front (Front Démocratique Allié)- Madina at Tauheed wau Mujahedeen - ADP : Alliance Démocratique des Peuples - AFDL : Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo-Zaïre - ANC : Armée Nationale Congolaise - APR : Armée Patriotique Rwandaise - CIJ : Cour Internationale de Justice - CIRGL : Conférence Internationale de la Région des Grands Lacs - CNDP : Congrès National pour la Défense du Peuple - CNRD : Conseil National de la Résistance pour la Démocratie - CNS : Conférence Nationale Souveraine - COMESA : Common Market for Eastern and Southern Africa (Marché Commun de l?Afrique orientale et Australe) - EIC : Etat Indépendant du Congo - FAC : Forces Armées Congolaises - FAR : Forces Armées Rwandaises - FARDC : Forces Armées de la République Démocratique du Congo - FAZ : Forces Armées Zaïroises - FDD : Forces pour la Défense de la Démocratie au Burundi - FDLR : Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda - FPU : Fédération pour la Paix Universelle vii - FOREBU : Forces Républicaines du Burundi - FPR : Front Patriotique Rwandais - FRODEBU : Front pour la Démocratie au Burundi - M23 : Mouvement du 23 mars 2009 - MLC : Mouvement de Libération du Congo - MONUC : Mission de l'Organisation des Nations-Unies au Congo - MONUSCO : Mission de l'Organisation des Nations-Unies pour la Stabilisation de la République Démocratique du Congo - OIM : Organisation Internationale pour les Migrations - ONG : Organisation Non Gouvernementale - ONU : Organisation des Nations-Unies - RCD-Goma : Rassemblement Congolais pour la Démocratie/Goma - RCD-N : Rassemblement Congolais pour la Démocratie National - RDC : République Démocratique du Congo - SOMINKI : Société Minière du Kivu 1 RESUME La présente etude se propose d'analyser la question de la paix et du développement dans le territoire de kalehe dans la province du Sud-Kivu. Nous y identifions des acteurs, des atouts et des enjeux Elle élucide la dynamique de conflits qui explosent dans ce territoire et propose des pistes des solutions pouvant aider à sa pacification pour envisager son développement. Cette étude pivote autour de la question centrale qui est celle de savoir les mécanismes qu'il faut mettre sur pieds pour instaurer la paix et envisager le développement du territoire de Kalehe. Il en va de cette question la réponse selon laquelle pour instaurer la paix et envisager le développement dans le territoire de Kalehe, il faut des réformes de gouvernance locale et la réconciliation communautaire ; il faut mettre en valeur les richesses dont dispose le territoire de Kalehe au profit de la population locale. Nous pensons aux ressources naturelles, au poids démographique, à l'intelligence locale, etc... Pour la compréhension de l'étude, nous avons fait recours à la démarche dialectique, qui est aussi celle de l'action réciproque ou la loi de la connexion universelle. Par celle-ci, nous avons compris que le sous-développement de la province du Sud-Kivu, en général, et du territoire de Kalehe, en particulier, mérite d'être inclus dans un tout qu'on peut considérer comme la République Démocratique du Congo. Les contextes sécuritaire, politique, social, géographique et démographique du pays influent sur l'émergence des facteurs principaux qui freinent le développement de ce territoire, par conséquent de toute la République. Nous avons mené cette étude en quatre chapitres. Le chapitre premier s'est focalisé sur l'encrage théorique et la compréhension des concepts de conflits, paix et développement. Pour le deuxième chapitre a procédé à la présentation de la province du Sud-kivu en général, et du territoire de Kalehe en particulier. Au troisième chapitre, nous présentons les différents atouts et obstacles au développement du territoire de Kalehe. Cette partie de la République est traversée par des richesses qui sont sollicitées partout dans le monde entier. 2 Pour pallier à ces difficultés, le quatrième chapitre donne une série des stratégies appropriées parmi lesquelles les réformes de la gouvernance locale (politique, économique, sociale, judiciaire et sécuritaire). En définitive, nous estimons que nous n'avons pas abordé la totalité du problème relatif au conflit armé, à la paix et au développement en R.D.C, étant donné que les données sont nombreuses et que nous n'avons pas pu les coucher toutes dans ce travail. Toutefois, nous demandons à d'autres chercheurs qui pourront aborder le même problème ayant trait à notre thème, une façon de continuer la recherche pour une évolution de la science et éclairer davantage les acteurs. 3 SUMMARY This study is focused on analyzing the question of » Peace and Development in the territory of Kalehe in South Kivu». We identify the actors, the assets and the challenges. It elucidates the dynamics of conflicts which explode in this territory and proposes issues of solutions which can contribute to peace leading to its development. This study pivots around the central question related to mechanism for peace restoration and think about the development of the territory of Kalehe. This question calls to an answer to peace restoration and the development of the territory of Kalehe, reforms of the local government and community reconciliation are needed, territory richness must be put in value and profitable to the local population. We think about natural resources, demographic weight, local intelligence, etc. For the understanding of this study, we required to the dialectic issue, which is also that of reciprocal action, or the connection universal law. By this, we understood the underdevelopment of south Kivu province, in general, and that of the Kalehe territory in particular, which must be included in whole which must be considered as the Democratic Republic of the Congo. The security, political, social, geographic and demographic contexts of the country influence the emergence of the main factors that hinder the development of this territory and, consequently, of the entire Republic. We have realized this study in four chapters. The first chapter focuses on the theoretical understanding of the concepts related to this study. Concepts such as conflict, peace and development are developed. For the second chapter, we presented the province of South Kivu, in general, and the Territory of Kalehe, in particular. For this chapter, it is a question of situating ourselves geographically, given that scientific work must be limited in time and space. 4 In the third chapter, we present the various advantages and obstacles to the development of the Territory of Kalehe. This part of the Republic is blessed with enormous wealth, needed in the entire world. To overcome these difficulties, the fourth chapter gives a series of appropriate strategies, including local governance reforms (political, economic, social, judicial and security, etc.) Definitely, we estimate that we didn?t attend the entire problem related to armed conflicts, peace and development, considering that there are many, we cannot claim to have covered all what was needed in this work. We invite other researcher to concentrate on this basic problem related to our theme, one way to continue the research for the evolution of Science and clear out more deeply actors. A propos de l'intérêt de cette étude, notons qu'il se révèle à trois dimensions, à savoir l'intérêt personnel, scientifique et pratique. 5 INTRODUCTIONKalehe, est l'un des huit (8) territoires qui constituent la province du Sud-Kivu. Il est à la croisée des défis de paix et enjeux de développement. La paix et le développement s'avèrent être un remède aux différentes exactions dont est victime la population de cette zone géographique de la République Démocratique du Congo. Telle est la substance de notre étude intitulée « Paix et développement dans le Territoire de Kalehe dans la province du Sud-Kivu : Identification des acteurs, atouts et enjeux ». I. Choix, objectifs et intérêts de l'étude Le choix de notre étude est justifié par plusieurs faits. D'abord, parce que nous sommes originaires du territoire de Kalehe, situé dans la Province du Sud Kivu. Ensuite, parce que, d'une part, nous avons été plusieurs fois témoin et victime des exactions dont la population est l'objet à répétition de la part de nombreux acteurs et, d'autre part, nous n'avons pas ménagé le moindre effort pour apporter notre petite pierre à l'édification du développement de ce territoire. Aussi, est-il besoin de souligner le désengagement général des acteurs politiques, des faiseurs d'opinions et même des responsables des confessions religieuses face à l'ampleur de crises, manquant au devoir de mobiliser les populations dans le cadre d'une lutte commune pour le changement au sein des organisations de défense de droits civiques et politiques. Ainsi, nous sommes-nous résolus à mener des recherches afin de trouver des voies et moyens pour parvenir au changement souhaité. L'apport du territoire de Kalehe (l'un des greniers de la province du Sud-Kivu, avec ses importantes ressources minières) au développement de notre pays, la République Démocratique du Congo, a aussi pour fondement le développement des entités de base. Et pour ce faire, les gouvernants devront assurer les conditions minima, c'est-à-dire mettre en relief la part du territoire de Kalehe à ce grand rendez-vous de l'émergence de la République Démocratique du Congo. Plusieurs auteurs et spécialistes de la question liée à la guerre, à la paix et au développement dans le Grand Kivu, et en particulier dans le territoire de Kalehe, 6
Au plan pratique et, du reste, politique, notre étude apporte un nouveau registre de solutions aux diverses crises que connaissent les populations du territoire de Kalehe au Sud-Kivu. Depuis un temps, en raison de notre position de ressortissant d'une entité territoriale où règnent des conflits de tous genres, nous nous sommes déterminé à devenir un acteur pour le règlement pacifique des conflits en vue de l'instauration de la paix ; élément catalyseur de tout développement. C'est dans ce cadre que d'autres acteurs intéressés au rétablissement de la paix dans notre pays, en général, dans la province du SudÀKivu et dans le territoire de Kalehe, singulièrement, nous avaient décerné, il y a 5 ans, le titre d'Ambassadeur pour la paix par le biais de la Fédération pour la Paix Universelle (en sigle FPU). L'objectif d'une telle étude est double : l'instauration de la paix et un regain de confiance au sein des populations, l'une et l'autre étant des ferments de l'idéal du développement. II. Etat de la question 7 y ont examiné les causes de l'instabilité, chacun selon son regard. Des pistes de solutions ont été mises en évidence, autant que des théories sur la pacification. Considérant que le thème de la guerre et de la paix a déjà fait l'objet de plusieurs réflexions antérieures, nous avons jugé nécessaire d'effectuer une revue de la littérature préalable afin de nous inspirer du contenu des travaux réalisés par nos prédécesseurs ; l'objectif à atteindre étant, bien entendu, de construire l'originalité de notre étude. Comme l'indique le préambule de l'UNESCO, « c'est dans l'esprit des hommes que naissent les guerres, c'est dans leur esprit qu'il faut ériger les barrières de la paix »1. Mathieu P. et Willame J.C.2 démontrent que l'instabilité dans la région de Grands Lacs africains est fondée sur des questions identitaires et des ressources naturelles comme la terre qui devient un bien rare. Comme effet, les conflits et guerres mettent en scène de nouveaux acteurs sociaux que sont des bandes des jeunes armés et des seigneurs de guerre. L'auteur démontre les faiblesses des institutions de la République Démocratique du Congo à contrôler son propre territoire. Cela a eu pour résultat l'une des plus longues et des plus violentes guerres du monde. Aussi, Bosco Muchukiwa Aurakiza, dans son ouvrage intitulé : identités territoriales et conflit dans la Province du Sud-Kivu, R.D. Congo, affirme que la résurgence des conflits dans les différents territoires de la Province du Sud-Kivu a comme source les problèmes identitaires entre les différentes communautés. Quelques pistes susceptibles d'orienter des actions pour la paix sociale sont exposées ; elles passent par l'exigence éthique préalable d'une reconnaissance réciproque des organisations territoriales, de l'histoire des peuples et d'une prise en considération des normes de droit3. 1 UNESCO, Constitution de l'Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture, 16 Novembre 1945, p. 1. 2 MATHIEU, P. et WILLAME, J.C., Conflits et guerres au Kivu et dans la région des Grands Lacs, L'harmattan, Paris, 1999. 3 MUCHUKIWA RUKAKIZA B., Identités territoriales et conflits dans la province du Sud-Kivu, RDC, document en ligne sur In https:// www.globethics.net/document. Consulté le 12 février 2021 à 14h40' 8 Mukoka Nsenda et Kankwenda Mbaya, dans leur ouvrage intitulé : la République Démocratique du Congo face au complot de balkanisation4, présentent la République Démocratique du Congo comme « un Etat en faillite ». En même temps, ils retracent l'histoire de la migration des peuples rwandais, ougandais et burundais sur le sol congolais depuis 1937 jusqu'à la décennie 1990- 2000, en complicité avec de grandes puissances américaines et européennes. L'auteur constate que le Kivu est victime d'un complot international. Il donne un aperçu sur la guerre de la RDC comme un mouvement politique ayant ses acteurs, actes et ses relations avec les alliés qui sont les agresseurs contre la RDC, qui veulent occuper définitivement le Congo. Il aboutit à la conclusion selon laquelle pendant la période de cette occupation, les Congolais souffraient d'injustice internationale. Kankwenda Mbaya, dans son oeuvre personnelle, aborde ce qu'il qualifie d'économie politique de la prédation au Congo-Kinshasa. Il développe l'idée selon laquelle le régime de la colonisation belge, comme toute colonisation, était aussi un régime de prédation des ressources du pays, au bénéfice d'un groupe restreint, le monarque belge avec autour de lui sa famille et ses amis à qui il avait octroyé des concessions immenses pour la prédation. Ce qui fait que le système de prédation léopoldien, souvent présenté par certains africains comme une particularité africaine, s'est opéré pourtant sous le mode d'une violence macabre. Quant à Biyoya Makutu5, il aborde le concept et enjeu de la gouvernance en RDC. Il reconnait les déficits de la gouvernance comme source de plusieurs maux qui rongent la RDC, à savoir l'instabilité politique, le marasme économique, la sous-administration et la persistance des conflits. Dans sa conclusion, l'auteur recommande la bonne gouvernance dans tous les domaines pour amener le pays au stade des pays émergents sans guerre. 4 MBAYA KANKWENDA, J. et MUKOKA NSENDA, F., La République Démocratique du Congo face au complot de balkanisation, Ed. ICREDES, Kinshasa, 2013. 5 BIYOYA MAKUTU KAHANDJA, P., De la gouvernance : concept et enjeu, in problématique de la gouvernance en RDC, consulté le 22 Janvier 2022 sur www.lepotentielonline. Com/indexphp. 9 Mathieu Kalele Ka-Bila, dans son ouvrage intitulé : Richesses naturelles, pauvreté et défis pour le développement humain durable6, constate que la guerre qui sévit en RDC est une guerre fondamentalement économique, une guerre d'agression, une guerre de reconquête coloniale. Les multinationales et les Etats occidentaux qui l'ont concoctée, qui en sont à la base, ne combattent pas directement sur le terrain. Ils se cachent derrière des pays voisins comme le Burundi, l'Ouganda et surtout le Rwanda, qui se cachent à leur tour derrière des « collabos congolais » non autrement identifiés. Bosco Muchukiwa Rukakiza, dans un autre ouvrage intitulé : la recherche, action participative sur les conflits : spécificités méthodologique, théorique et épistémologique7, souligne que cette méthode (R.A.P.), appliquée aux dimensions locales des conflits, est développée par les ONG internationales et nationales. Celles-ci organisent les formations, les recherches et les services à la communauté en dehors des universités et institutions des recherches. Aussi, l'auteur réaffirme-t-il que développer le partenariat serait bénéfique aux unes et aux autres. La RAP sur les conflits est à la fois une pratique émergente et une innovation introduite récemment à l'Est de la R.D. Congo et dans la région des Grands Lacs Africains. L'Action pour la Paix et la Concorde, en sigle ACP, dans son rapport de la « Table ronde » sur la paix et la sécurité en territoire de Kalehe démontre combien la relation entre la population et les Forces Armées Congolaises était déjà compromise et qu'après les assises tenues il y a eu renouvellement de confiance entre les deux parties en présence8. Peace Direct, dans son rapport diffusé sur la paix intitulé : perspective et enseignements des artisans de la paix dans l'Est de la RDC9, parvient à plusieurs conclusions quant au rôle des artisans de la paix locaux dans la prévention des atrocités. Il montre que les acteurs locaux ne sont pas des bénéficiaires passifs de la 6 KALELE KA-BILA, M., Richesses naturelles, pauvreté et défis pour le développement humain durable, Kinshasa, 2009. 7 MUCHUKIWA, B. et ali., L'Etat africain et les mécanismes culturels de transformation des conflits, , document en ligne sur In https:// www.globethics.net/document. Consulté le 12 février 2021 à 14h40' 8 Action pour la paix et la concorde, rapport de la table-ronde sur la paix et la sécurité en territoire de Kalehe, Bukavu, juillet 2009, p. 45. 9 PEACE DIRECT, « Perspective et enseignements des artisans de la paix dans l'Est de la RDC », dans le rapport sur une consultation en ligne de trois jours avec 158 militants, décideurs, universitaire et journalistes, en Novembre 2020. 10 ABEMBA, J., Essaie d'une théorie de la reconnaissance du génocide congolais, DEA, SPA, FSSAP, UNIKIN, 2022, p. 108. 10 protection. Au contraire, ils jouent un rôle actif dans la prévention, la réponse et la guérison. Au-delà de cela, les artisans locaux de la paix de l'Est de la RDC ont certains atouts qui font d'eux des acteurs essentiels, à savoir : des atouts de prévention des atrocités pour s'attaquer aux causes de la violence. Ces rapports présentent des recommandations au gouvernement, aux acteurs de la sécurité ainsi qu'aux acteurs internationaux. Contrairement à nos prédécesseurs qui ont eu à aborder la question de paix et de développement, en relevant chacun à sa manière les différents défis et enjeux de gouvernance en plus de ceux sécuritaires et humanitaires, nous allons dans le cadre de cette étude, proposer quelques réformes de gouvernance et quelques mécanismes de réconciliation communautaire pour la paix et le développement durable dans le territoire de Kalehe. III. PROBLEMATIQUEA l'accession de la RDC à l'indépendance, le territoire de Kalehe qui fait l'objet de la présente étude était un havre de paix, créateur de richesses pour toutes ses populations burundais, nande, hutu, importées pour travailler dans les plantations de café, de thé. Ceux-ci vivaient en harmonie avec les Havu locaux. De nos jours, ce territoire est devenu méconnaissable, au motif que son sol est devenu le théâtre des affrontements armés, occasionnant des pillages des ressources naturelles, des pertes en vies humaines, des blessés, des déplacements massifs des populations, etc. Certes, avant même que l'EIC soit constitué, l'Est de la RDC, en général, a toujours été le bastion de l'insécurité causée par les incursions armées. Les historiens des guerres de l'Est de la République Démocratique du Congo ont raison de prendre l'ancienne Province Orientale, l'ancien Kivu et le Nord-Katanga comme étant le principal foyer de ces guerres10. C'est à partir de ces provinces préalablement conquises et occupées par les armées d'agression que ces guerres se sont répandues dans le reste du territoire congolais, c'est-à-dire le centre qui 11 coïncide avec le Grand Kasaï et l'Ouest qui couvre l'ancienne province de l'Equateur, la province du Kongo Central et la province du Kwango11. A ce sujet, il y a lieu de rappeler que c'est à partir de l'Est du pays que les arabo swahilis pénétraient le territoire qui constitue aujourd'hui la RDC pour capturer des esclaves et les acheminer en Occident. Sous l'EIC, des groupes armés, cependant, venant de l'extérieur, se livrant à des razzias, à des pillages, échappaient à l'autorité de Léopold II et lui faisaient une dangereuse concurrence en prélevant pour eux ce qui constituait encore les ressources essentielles de l'Etat congolais de l'époque : le caoutchouc, l'ivoire, etc. , et la main-d'oeuvre forcée des autochtones12. Après l'accession du pays à l'indépendance, la situation est restée presqu'identique, bien que caractérisée par des moments d'accalmie. En effet, après l'accession du pays à sa souveraineté nationale et internationale, les provinces de l'Est, tout comme leurs territoires, n'ont pas été et ne sont pas épargnés de l'insécurité et affrontements armés. Déjà, 11 jours seulement après le 30 juin 1960, une des provinces importantes de la partie Est du pays, précisément le Katanga, déclare la sécession. Elle fut proclamée par Tshombe et le collège des Ministres du Katanga. Le 11 juillet 1960, Moïse Tshombe commença par proclamer l'Etat d'exception sur l'ensemble du territoire de la province du Katanga13... Il présenta le Katanga comme un Etat complètement indépendant, en union économique avec la Belgique qui y garantissait le rétablissement de l'ordre et de la sécurité publique. Cette indépendance est totale. Elle fut consolidée sur le terrain par les forces d'intervention militaire belges14. Plus tard en 1963, ce sera la province orientale qui sera soustraite du reste du Congo par les Lumumbistes ayant comme chef de fil Antoine Gizenga. Mais s'agissant du Nord et du Sud-Kivu, en général, et de Kalehe en particulier, c'est surtout à la suite de l'entrée de l'AFDL, en 1997, et du RCD, en 1998, que ce territoire a connu et continue à connaitre des scénarios de conflits 11 ABEMBA, J., Op.cit., p. 108. 12 LIBOIS, J.G. et VERHAEGEN, B., « Le Congo du domaine de Léopold II à l'indépendance », CRISP, « Courrier hebdomadaire du CRISP », n°1077, 1985, pp. 1-34. 13LIBOIS, J.G., Sécession katangaise, CRISP-ENEP, Bruxelles-Léopoldville, pp. 718-719. 14DUMONT, O., Histoire de la Belgique, Club France Loisirs, Paris, 1977, p. 526. Au regard des questions soulevées au niveau de la problématique, il nous importe d'aligner les différentes réponses présupposées de la manière suivante : 12 violents et d'insécurité sans précédent. Ici, les conflits de territoire et des terres opposent des groupes ethniques bien connus. C'est les cas, par exemple, des : Batembo et Bahavu ; Banyarwanda (Batutsi et Bahutu) contre les Bahavu et Batembo. Au coeur de ces événements se trouvent, d'une part, des conflits fonciers et identitaires entre communautés, et, d'autre part, des problèmes d'exploitation des ressources minières, et d'inégalité de partage des revenus issus de ladite exploitation. A ces maux s'ajoutent aussi l'impact des dynamiques régionales sur la cohabitation communautaire et la quasi-absence de l'autorité de l'Etat. Cette situation ne permet pas à la population et au territoire lui-même de vivre un moment de paix à cause de nombreuses conséquences que les affrontements entrainent sur les plans : économique, politique, géographique et humain. Ces conséquences freinent sérieusement l'émergence et le processus de développement de cette entité territoriale déconcentrée de la RDC. De ce qui précède, cette étude cherche à comprendre la dynamique de conflits qui s'explosent dans ce territoire afin de proposer des pistes de solutions pouvant aider à sa pacification pour envisager son développement. Pour ce faire, la question centrale de notre recherche consiste à savoir : Quels sont les mécanismes qu'il faut mettre sur pied pour instaurer la paix et envisager le développement du territoire de Kalehe ? De cette question principale, nous nous posons deux questions subsidiaires. Il s'agit des questions ci-après : - Quels facteurs qui sont à la base de l'insécurité permanente dans le Sud-Kivu, en général, et le territoire de Kalehe, en particulier ? - Quels sont les atouts dont dispose le territoire de Kalehe susceptibles d'assurer son développement ? |
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