c) Théories de la croissance
Tous les pays du monde aspirent à la croissance
économique. L'importance de cette dernière au
développement a envoyé les économistes en quête de
ses déterminants, lesquels ils ont cherché à mieux
comprendre à travers les théories diverses dont nous allons
discuter ci-dessous de quelques-unes les plus exploitées.
1. Modèle de Solow
Le modèle de Solow (1956) constitue un modèle de
référence dans l'analyse de la croissanceéconomique. Il
est d'inspiration néoclassique, Solow fonde le modèle sur une
fonction de production à deux facteurs (la capital K et le travail L).
Où Y désigne la production, K : facteur
capital, L : facteur travail et A : facteur technologique
exogène.
a) Hypothèses du modèle
· H1 : la concurrence est pure et parfaite :
les agents sont pricetackers
· H2 : les pays ne produisent et ne consomment qu'un
seul bien, et utilisent deux facteurs de production (K et L). ce qui suppose
qu'il n y a pas de commerce international, car les membres des
différents pays n'ont pas d'intérêt à
échanger les biens identiques. L'économie étant
fermée, la production est égale à la quantité
consommée et investie. Y= C+I
· H3 : il y a équilibre sur le marché
des capitaux : I=S. Les décisions d'épargne et
d'investissement coïncident. Le problème de coordination des agents
privés est d'emblée résolu et le plein emploi des facteurs
de production obtenu.
· H4 : le taux d'épargne est
exogène : S = sY. Le taux d'épargne est constant au cours du
temps. En économie fermée, l'investissement est par
définition la fraction du non consommée de la production
(c'est-à-dire l'épargne).
· H5 : l'investissement permet d'accroitre au fil du
temps le stock du capital. I implique K=. A long terme, le capital s'use et
donc son stock se déprécie au taux
(amortissement). Ainsi, l'accroissement net du capital est :
. Et comme il y a équilibre sur le marché des capitaux, on
obtient (en économie fermée) la relation :
· H6 : la population croit à un taux
exogène constant
· H7 : le progrès technique est neutre au
sens de Harrod. C'est-à-dire qu'il augmente l'efficacité du
travail: F (K, AL). Cela implique que le travail et le progrès technique
jouent un rôle similaire. Et comme l'augmentation du progrès
technique implique l'augmentation implicite de nombre de travailleurs.
b) Enseignements du modèle
Avec toutes les hypothèses qui respectent le courant
néoclassique, Solow aboutit à 3 conclusions dans son
modèle qui sont :
v Il prédit la convergence des économies dans
une situation de concurrence pure et parfaite, vers le niveau de long terme. En
d'autres termes, les pays pauvres auront un taux de croissance plus
élevé que les pays riches. Ils ont en effet accumulé moins
de capital, et connaissent de ce fait des rendements décroissants plus
faibles, c'est-à-dire que toute augmentation de capital y engendre une
augmentation de la production plus forte que dans les pays riches.
v Augmenter la quantité du capital (c'est-à-dire
investir) augmente la croissance économique : avec un capital plus
important, la main d'oeuvre augmente sa productivité. Ainsi, lorsque le
capital est petit, l'écart entre l'investissement et le
déclassement est positif et donc le capital augmente (parce qu'il est
plus rentable d'investir). Par contre, lorsque le capital est grand
(c'est-à-dire supérieur à son niveau d'équilibre de
long terme), l'investissement inférieur au déclassement et le
capital décroît. Il y a donc convergence des économies vers
le niveau du capital de long terme, qui permet le rattrapage des
économies développées par les économies en
développement. Et cela parce qu'une économie qui dispose d'un
capital par tête va converger vers l'état régulier k*, en
accumulant du capital.
v L'économie finira par atteindre un état
stationnaire de plus en plus on accumule le capital. C'est-à-dire un
point où l'augmentation des facteurs de production n'engendre plus
l'augmentation de la production. Cela en vertu de la loi des rendements
marginaux décroissants.
Le modèle de Solow souffre toutefois de plusieurs
limites : Il suppose que l'épargne est favorable à la croissance.
Or, à court terme, comme le soulignent les keynésiens, une hausse
de l'épargne (donc une baisse des dépenses) est susceptible de
faire basculer l'économie dans la récession et d'entraîner
une hausse du chômage. Selon la logique keynésienne, c'est au
contraire la perspective d'une forte demande qui incite les entreprises
à investir. Le modèle de Solow met en évidence
l'importance du progrès technique pour la croissance à long
terme, mais il ne parvient pas à expliquer celui-ci. Le progrès
technique est « exogène » dans son modèle,
c'est-à-dire indépendant du comportement des agents.
Paradoxalement, selon Solow, la croissance dépend de quelque chose dont
il ne connaît pas l'origine. Le progrès technique apparaît
comme une « manne » dans son modèle : il « tombe du ciel
». Il faut donc que de nouvelles théories parviennent à
expliquer d'où provient le progrès technique (chose que feront
les théories de la croissance endogène dans les années
quatre-vingt).
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